Il faut sauver l'ours Cannellito

Puisque vous ne m'aimez pas; laissez moi partir. Donnez-moi des papiers pour la Catalogne.

C'est la conclusion que je tire après retour sur mon histoire.

Vous m'appelez Cannellito et je suis né dans une "tute" en Béarn. J'étais le seul bébé de cette portée et ma maman me veillait attentivement.
Il paraît que c'était un 1er octobre 2004 sur votre calendrier; j'étais encore un ourson et je gambadais beaucoup déjà. Ce matin là, maman était inquiète, se dressait, grognait, soudain elle me planta là pour chasser ces intrus.

S'il n'y avait que le bipède elle m'aurait entraîné plus loin car nous les ours sommes discrets par nature. Mais, trop tard, il était accompagné d'un animal à 4 pattes, un vrai danger pour moi, un chien.

Que s'est-il passé? Je ne sais pas trop. J'ai entendu un bruit sec puis j'ai retrouvé ma maman étendue sans vie.

J'ai beaucoup pleuré. Je suis encore étonné d'avoir survécu cet hiver là. D'autres bipèdes, on les appelle des hommes, m'auraient laissé régulièrement de la nourriture.

Par la suite, riche des enseignements de ma mère, j'ai continué à arpenter la montagne me nourrissant de racines, de baies, de miel et de diverses petites bêtes.

Parfois, l'été, je côtoie des troupeaux de quadrupèdes blancs un peu démunis de physique ... et de cerveau, des moutons.

Je l'avoue j'en ai surpris quelques uns, histoire de changer mon ordinaire, mais le plus souvent surgit un homme ou un mouton "spécial" avec des crocs comme les miens et qui fait un bruit infernal.

Alors je passe mon chemin car je vous l'ai dit, nous les ours, n'aimons rien de plus que le silence, la tranquillité et même la solitude. Pas toujours, il est vrai!

Aujourd'hui, je suis un ours adulte et au printemps, à mon réveil, je cherche une copine pour batifoler dans les prairies fraîches et fleuries. Mais d'année en année je désespère, je ne trouve d'amis que des milliers d'arbres pour me gratter le dos. Il paraît que plus loin à l'est ( Pyrénées centrales) il y a de jeunes et belles ourses mais je n'ai pas trouvé le chemin.

Mon père, Néré, connaissait le chemin, mais il est vieux, pas aimable et pas causant, un vrai "ours mal léché".

Il paraît que des hommes bons voudraient transporter ici quelques compagnes. Il y aurait de la place!
Mais d'autres hommes plus puissants disent que tout va bien comme ça, l'un d'eux est tellement grand qu'il veut devenir Président de la République.

Mais pour moi ce n'est plus une vie ici, je vieillis et je m'aigris puisque vous ne m'aimez pas ...