Les ânes décimés par un trafic organisé de leur peau vers la Chine.
Les ânes sont, en Afrique et particulièrement au Burkina Faso, les premiers partenaires de travail des familles paysannes. Seul animal de trait ou de transport accessible aux plus pauvres, il est devenu indispensable dans toutes les activités quotidiennes à la campagne.
Le rôle socio-économique de l’âne n’est plus à démontrer et, grâce à ses nombreux potentiels il contribue à la sécurité alimentaire des populations rurales (traction agricole) et aux économies locales (transports multiples).
Sa disparition engendrerait des conséquences dramatiques pour l’agriculture familiale et pourtant on note d’ores et déjà une diminution du cheptel asin alors qu'il était en croissance depuis des décennies.
La cause : un trafic des peaux vers la Chine !
Abattages clandestins, vols dans les villages, corruption, inflation, tous les ingrédients sont réunis pour déstabiliser et appauvrir les populations rurales qui vivent au quotidien avec leurs ânes.
Grâce, entre autres, à la confédération paysanne Burkinabé, qui a su alerter les autorités, un décret est paru en juillet 2016 qui règlemente les abattages et l’exportation des peaux de ces animaux.
Mais le trafic et le massacre continue !
Le gouvernement du Burkina doit mettre en place tous les moyens pour que cette nouvelle réglementation soit enfin respectée.
Les acteurs locaux engagés dans la défense des ânes constatent que les abattages clandestins ne faiblissent pas et ils demandent l’application sur le terrain des mesures décrétées en juillet 2016.
Nous, signataires, ONG, individus, organisations paysannes, associations, syndicats demandons aux autorités Burkinabé de mettre en œuvre tous les moyens possibles pour faire appliquer concrètement ses décisions et pour stopper définitivement ce trafic.
Extraits de presse parus en 2015 et début 2016 :
Saisies, le 6 août 2016, par la gendarmerie de Dakola, 3090 peaux d’âne ainsi que 600 peaux de dromadaire ont été incinérées, dans la ville de Pô dans la soirée du mercredi 28 septembre 2016. En effet, au vu de la disparition de l’espèce asine, le gouvernement burkinabè a adopté, le 7 septembre 2016, le décret n° 2016-857/PRESS/PM/MRAH/MCIA/MINEFID/MATDSI portant réglementation de l’abattage et de l’exportation des asins, des camelins, des équins et de leurs produits, au Burkina Faso. Néanmoins, des exportateurs véreux outrepassent cette mesure gouvernementale et procèdent à un trafic illicite de ces espèces désormais protégées. D’une valeur de plus de 100 millions de FCFA, ces 3690 peaux saisies, à en croire Zéphyrin Zoma, directeur provincial des Ressources animales et halieutiques du Nahouri, étaient la propriété d’un Chinois avec la complicité de certains Burkinabè qui avaient pour intention de l’exporter malgré cette interdiction. [Le Quotidien]
Les Chinois veulent la peau des ânes du Burkina Faso
La viande d’âne est très prisée en Chine
En cause, la très forte demande venue de Chine. Si la viande est très prisée dans certaines provinces de Chine comme le Hunan ou le Henan – car elle est censée avoir des vertus aphrodisiaques –, la peau utilisée par la médecine traditionnelle chinoise est également très recherchée. À tel point que l’élevage chinois des ânes ne suffit plus à satisfaire la forte demande. Depuis quelques années, des réseaux commerciaux se sont mis en place dans plusieurs pays d’Afrique comme le Sénégal, le Mali et le Burkina Faso.
Au Burkina Faso, les exportations, vers la Chine essentiellement, sont passées de 1 000 peaux au premier trimestre 2015 à plus de 18 000 au quatrième trimestre, selon Adama Maïga. Selon lui, l’exportation s’est intensifiée en 2016 avec 64 951 peaux d’ânes exportées seulement en six mois, ce qui a conduit à une « surexploitation de l’espèce ».
« À ce rythme, l’âne pourrait disparaître dans cinq ans » [La Croix]
Une peau d’âne à prix d’or
La ruée chinoise pour la peau d’âne a fait grimper les prix. Alors que l’année dernière, la peau d’âne se monnayait à 3 000 F CFA (environ 4,6 €), aujourd’hui, avec la ruée chinoise, elle atteint 40.000 F CFA (environ 61 €). L’âne lui-même ne s’achetait pas à ce prix-là avant l’arrivée des Chinois. Si cette situation persiste, elle peut engendrer deux conséquences : la disparition de l’espèce asine ou son inaccessibilité pour les petits paysans.
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