Mesdames, Messieurs,
Mardi 28 octobre 2014, vous avez condamné une mère de famille, Jacqueline Sauvage, 65 ans, à 10 ans de prison pour avoir tué son mari qui la battait et violait ses filles. Son fils, également victime des sévices de ce père alcoolique et violent, s'était en plus suicidé la veille des faits. Cette femme qui a tué de 3 coups de fusil son mari en 2012, après 47 ans d'un enfer conjugal fait de coups et d'abus sexuels sur ses propres filles, a donc été le 28 octobre 2014 condamnée par vos soins à dix années de réclusion "supplémentaires": son cauchemar continue.
L'avocate générale avait même requis entre 12 et 14 ans de prison mais sans retenir la préméditation contre Jacqueline Sauvage.
Cette décision est bien sévère. «Notre père est décédé et pour moi, c'est un soulagement», a déclaré l'une des filles de Mme Sauvage, violée à l'âge de 16 ans et victime de graves violences alors qu'elle était devenue adulte. «Il était sans pitié, c'était plus fort que lui», a ajouté sa sœur aînée. «Il m'a détruite intérieurement, je n'arrive pas à tourner la page», a ajouté la troisième. Lors de l'audience, toutes trois ont violemment témoigné à charge contre ce père dénaturé : elles ont été battues et violées, comme l'était leur mère, par cet entrepreneur d’une société de transport, "gros consommateur d’alcool".
10 ans de prison avec de tels témoignages ?
Au cœur de l'audience, la présidente de votre Cour s'est longuement interrogée sur la passivité de l'épouse face à ce mari tyran et alcoolique, et sur la non-dénonciation des coups et des incestes. «On avait peur de lui, il nous terrifiait», a répondu l'une de ses filles. Evidemment elle a eu raison de s’interroger sur ce sujet, mais il ne faut pas perdre de vue que tout le monde n'est pas pareil, et il ne faut pas non plus confondre « passivité » et « paralysie » dans le cadre de violences conjugales. Vous n'êtes pas sans savoir à quoi l’Homme peut réduire les autres, en les manipulant, en leur faisant peur, on peut transformer des individus.
Mais condamner cette femme à 10 ans d’enfermement pour la punir de sa paralysie paraît inconcevable.
Cette femme s'est déjà bien punie elle-même sans s'en rendre compte avec le viol de ses filles et le suicide de son garçon, ne rallongeons pas son supplice de dix années. On pourrait aussi s'interroger sur tous ceux qui ont dû fermer les yeux car je serais bien étonnée que personne n'ait vu ou soupçonné quoi que ce soit : personne dans la famille? Personne dans l'enseignement? Même pas l'infirmière des établissements scolaires fréquentés par les enfants? Personne parmi les voisins? Cela fait beaucoup...beaucoup trop.
Si vous condamnez cette maman, alors condamnez aussi tous ces gens qui n'ont pas levé le petit doigt pour faire quelque chose contre ce tortionnaire. Vous vous érigez à votre tour contre cette femme qui a osé mettre fin à cet horrible cauchemar dont elle ne savait pas se sortir, pour lequel elle ne voyait pas d'issue. Que vous réagissiez contre le fait qu'elle ait voulu faire justice à sa façon sans réfléchir, soit, mais pas avec 10 ans de réclusion !
C'est faire la part belle à tous les violeurs et pères incestueux.
Ce jugement est incompréhensible, au nom des trois filles de Mme Sauvage qui ont besoin de se reconstruire et d'une réhabilitation, nous vous demandons d’avoir un jugement humain en appel. Avec tout notre respect pour la Justice française et toute la foi que nous avons en elle.
---------------------------------------- Plus d'infos : http://france3-regions.francetvinfo.fr/centre/2014/10/28/assises-du-loiret-jacqueline-sauvage-condamnee-10-ans-de-prison-579894.html http://www.elle.fr/Societe/News/Incomprehension-apres-la-condamnation-de-Jacqueline-Sauvage-victime-de-violences-conjugales-2855946 Crédit Photo : Capture écran I>Télé
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