Une nouvelle enquête vidéo vient de dévoiler l’envers sordide d’une pratique souvent ignorée : l’élevage de gibier destiné à la chasse.
Pierre Rigaux, écologue-naturaliste engagé et fondateur de l’association Nos Viventia, a révélé des images chocs filmées en caméra cachée dans plusieurs exploitations de Loire-Atlantique et du Lot-et-Garonne. Ce documentaire expose une industrie où des millions d’animaux, notamment des faisans et des perdrix, sont élevés dans des conditions inacceptables, uniquement pour être abattus lors de parties de chasse.
Les images montrent des volières alignées sur des centaines de mètres, éclairées artificiellement pour accélérer le rythme biologique des animaux. On y découvre des faisans confinés dans des cages minuscules, entassés les uns sur les autres, avec des becs mutilés pour éviter qu’ils ne s’agressent entre eux à cause du stress de la captivité. Plus encore, la cloison nasale de ces oiseaux est percée pour y installer des dispositifs empêchant les mutilations, tant la promiscuité est insoutenable.
Cette enquête, menée sur plusieurs mois, révèle l’ampleur d’une filière industrielle méconnue : la cynégéculture, qui consiste à élever des animaux pour la chasse. Selon Pierre Rigaux, ces animaux, n’ayant jamais vécu dans la nature, ne sont pas capables d’y survivre une fois relâchés. Ce qui démontre l’absurdité de la prétendue justification écologique avancée par les chasseurs : ces animaux ne sont pas lâchés pour repeupler les populations sauvages, mais pour être tués dans un cadre organisé, sans autre objectif que le divertissement.
Avec 30 millions de volailles produites chaque année par environ 500 entreprises en France, principalement dans l’ouest du pays, cette industrie prospère sur la souffrance animale. Les défenseurs de la chasse tentent de justifier ces pratiques en affirmant que tout est réalisé dans le respect des règles et du bien-être animal, mais les images capturées racontent une tout autre histoire.
Il ne s’agit pas ici de régulation des espèces sauvages, mais bien d’une exploitation commerciale à grande échelle, où les animaux sont traités comme des marchandises. Pourquoi parler de régulation alors qu’il est nécessaire d’élever ces animaux pour la chasse ?
La maltraitance est présente à chaque étape, depuis l’élevage intensif jusqu’au lâcher dans la nature, où ils deviennent des cibles faciles pour les chasseurs. Cette industrie, bien que légale, est moralement indéfendable.
Face à cette enquête accablante, une question se pose : comment justifier l’élevage et la maltraitance de millions d’animaux uniquement pour qu’ils soient tués pour le loisir ? Il est temps de remettre en question cette pratique et de mettre fin à une hypocrisie qui perdure sous couvert de tradition.