Un taureau qui meurt
Regardez-le, le toréador,
dans son habit de lumière,
prêt à satisfaire
une foule en délire,
ivre de sang, de souffrance … et de mort !
Regardez-le, le toréador
qui se veut le plus fort
et, pour une heure de gloire humaine,
ne craint pas de semer la haine ,
la souffrance
et la mort.
La bête est là
et ne comprend pas
qu'on l'enferme dans cet enclos
de haine,
de souffrance
et de mort.
Car le taureau ne rêve que d'espaces,
de courses folles parmi les hautes herbes,
de combats loyaux avec ceux de sa rac
… à arme égale..
Mais
pour satisfaire la foule en délire,
e merveilleux toréador
va planter, au milieu des rires
les banderilles de mort
dans ce corps endurci.
Car
les taureaux ne souffrent pas Monsieur,
rassurez-vous, les taureaux ne souffrent pas !
Ils meurent sans souffrir, voyez-vous !
Comme c'est drôle ! … et comme c'est beau
de voir cette bête éperdue
pleurer sur ses rêves perdus
d'espaces … de hautes herbes
et de combats loyaux avec ceux de sa race
… à arme égale.
Au nom de la tradition ! mais qu'en savent-ils au juste ?
puisqu'ils l'ont enfermée, rejetée
clouée au pilori, transformée !
Au nom de la tradition, disais-je,
il faut que le matador
qui se prend pour un matamore,
satisfasse son envie de haine,
de souffrance
… et de mort.
Et, si vous ne respectez pas les lois de tout le monde,
justement pour respecter le monde,
vous serez un hors-la-loi, un banni,
un reclus, un brigand, un va-nu-pieds,
car tu n'as pas le droit, vois-tu,
de ne pas vivre comme tout le monde !
Et, pour être un monsieur, une madame,
il faut paraître, vois-tu,
il faut paraître
et non être.
Au nom de la tradition
continuons donc tous en chœur
à acclamer le merveilleux toréador
semeur de sang, de souffrance … et de mort
et, … pourquoi pas ? remettons aussi à l'honneur
les combats de gladiateurs.
Alors
sous les « ollé » et les bravos de la foule en délire,
sous les huées et les clameurs, les chansons et les rires,
dans poussière enflammée par un soleil de feu,
la bête s'effondre, les flancs percés par les lances de fer
qui font jaillir de ses naseaux fumants
la source sombre et noire d'un océan de sang,
tandis que …
dans ses yeux noyés et éperdus,
valse la nostalgie infinie de ses rêves perdus
et que tourbillonnent au froid de son cœur
les plaintes lancinantes … d'un taureau … qui meurt!
Anélise, Briançon, Juin 1996, "Animaux, je vous aime", recueil publié à compte d’auteur en 2004. Ce poème figurera aussi dans "Combat", l’un des douze recueils, inédits à ce jour, de "Messages", ainsi que dans une future nouvelle édition de "Animaux, je vous aime".. Poème protégé par les lois en vigueur. Reproduction et enregistrement interdits sauf autorisation de l’auteur
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