Chers Parrains, chers signataires.
Je ne sais comment vous apprendre le drame.
Vous allez avoir beaucoup de peine et j’en ai encore plus, du coup.
Nos filleuls, les animaux de la ferme de Wambrechies, ont été emmenés à l’abattoir hier après-midi.
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Les 32 animaux étaient chez ce négociant de la région dont je vous avais parlé (puisqu'ils en ont laissé 4 sur place).
Il m’avait spontanément confirmé, lorsque je l’avais contacté, que les animaux étaient « bien mieux chez lui qu’où ils étaient » et savait qu'ils étaient là-bas toujours nourris au pain (des gens de Wambrechies me l’avaient confirmé).
Pour vous dire leur état : il estimait les vaches à 600€…
La semaine dernière, j’avais informé les administrations pour leur demander leur soutien dans le sens du rachat du troupeau, Bardot pouvant prendre en charge mais pas racheter les animaux eux-mêmes.
Si nous payions, personne ne pourrait s’estimer lésé, au contraire : nous étions prêts à donner bien plus à ces éleveurs qu’ils n’en obtiendront jamais de l’assassinat qui vient d’avoir lieu.
Vendredi dernier, j'ai confirmé à la Préfecture et à la DDPP que nous étions Parrains des vaches et allions collecter des fonds. Ne sachant combien d'animaux ils faudrait racheter, nous avions prévu une fourchette haute.
Une amie de la cause animale qui a un caractère bien trempé et l'habitude du téléphone, est entrée contact avec le marchand pour qu’il puisse devenir notre intermédiaire dans la transaction.
Les choses étaient bien engagées, nous avions affaire à un homme ouvert et qui comprend notre idéologie et notre logique : on ne tue pas des animaux, de surcroît maltraités, alors qu’on a une solution pour les sauver.
Certes, nous savions que les choses seraient difficiles, mais comme l’association Arcade qui soutient ces gens avait dit dans la presse que « ces animaux étaient comme leurs enfants »,
même si je n’en croyais rien, je n’imaginais pas que par vengeance, ils iraient jusqu’à préférer les faire tuer avec la bénédiction de l’administration (très diligente, cette fois) plutôt que de les confier à une fondation où ils auraient été heureux.
Cet après-midi, j’ai reçu de un courriel de Mme Pecquery m’apprenant que :
« L'ensemble des bovins chargés ce mercredi 24 février a été chargé à destination d'un abattoir. À ce jour, ces bovin sont tous abattus. »
Sur le coup, je n’y ai pas cru.
Sophie non plus : elle avait parlé au marchand hier midi !
Mais nous en en avons eu la confirmation.
Hier après-midi, la DDPP a débarqué en catimini chez lui, sans même l’avoir prévenu. En sachant que beaucoup d’animaux n’étaient pas encore identifiés.
Ils ont brandi des laissez-passer et les ont tous emmenés très vite (oui, on nous dit que des animaux non identifiés ne peuvent pas être confiés à une association par dérogation, quitte à faire passer la juriste de Bardot pour une menteuse, mais par contre, on les emmène à l’abattoir avec des laissez-passer).
Le marchand est très choqué : « Ce n’est pas la procédure normale ! Je n’ai jamais vu ça ! Ça fait plus de 10 ans cette histoire et là, ils n’attendent même pas la fin de la procédure d’identification ! ».
Il était désolé : « Quel gâchis. »
Oui, un terrible gâchis, en plus d’un crève-cœur.
Nous avions réunis tous les éléments favorables au sauvetage de ces pauvres anges : une association pour les accueillir, des parrains, une belle mobilisation, un marchand bienveillant. Nous avons réuni à ce jour, grâce à la cagnotte et les chèques, près de 22.000€…
Avec des gens normaux, tout aurait pu bien se passer.
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Désormais, nous n’avons plus qu’à panser nos blessures.
Sophie, pour me consoler, me dit que ces animaux sont libérés, ils ont tant souffert.
Oui mais… je n’encaisse pas. Je crois que je n’encaisserai jamais.
Quel monde. Quels méchants. Ils nous ont désenchanté le monde encore un peu plus.
Ici, dans le Nord, on n’a pas de chance.
Mes pauvres anges. Pardon, pardon de n’avoir pas réussi à vous sauver.
Je vous connais par cœur, je vous ai photographiés dans la pâture, je vous ai étudiés, défendus, nourris comme on pouvait, vous faites partie de ma vie et de celle de tous les bénévoles de l’association.
Marjorie m’a redit dimanche : « ces vaches, je les ai côtoyées, elles font partie de ma vie ». Danièle, notre présidente qui est coincée au lit avec une sciatique tellement elle prend sur elle, a pleuré régulièrement au téléphone avec moi en parlant de vous, de votre sort difficile. Comment je vais lui dire !
Je me souviens d’un Wambrecitain qui passait et nous voyait donner le pain, je lui en avais tendu un morceau et il m’avait confié que le taureau gris avait sa préférence, celui avec une petite tache sur la tête. Pauvre chéri. Poussin.
Vos petites têtes, je les revois tout le temps, même depuis qu’ils vous ont soustraits aux regards.
Merveilles, comment imaginer qu’ils aient pu vous faire tant de mal ?
Et les gestantes ?? Il allait y avoir des veaux. Où sont les gestantes ?? Mme le Procureur est au courant mais je ne sais pas dans quel groupe sont les gestantes, massacrées ou chez les maltraitants ?
Quel enfer.
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Nos anges,
Les Parrains des vaches, les Signataires, tous ceux qui vous ont soutenus de près, de loin et que remercie TOUS du fond du cœur,
vous aiment et vous pleurent.
Nous allons d’ici quelques jours déchirer les chèques et annuler la cagnotte dont les sommes vous seront restituées. Encore merci de votre confiance.
Vous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
Sachez que vous pouvez vous désinscrire dès que vous le souhaitez.