Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Par la présente, nous vous sollicitons afin de faire interdire la pratique cruelle des combats de coqs dans le Nord-Pas-de-Calais, la Réunion, les Antilles, la Guyane et la Polynésie.
Le combat de coqs est une pratique ancienne consistant à faire combattre à mort deux coqs, élevés à cette seule fin, dans une arène.
Aujourd’hui, rien que dans le Nord-pas-de-Calais près de 800 éleveurs conduisent à la mort plusieurs dizaines de milliers de coqs, à l’occasion des 9000 combats organisés chaque année dans les gallodromes, attirant un public venant pour une large part de Belgique, coutumier des lieux et s’adonnant aux paris.
En Europe, seules l’Espagne et la France autorisent encore l’organisation de combats de coqs dans certaines parties de leur territoire.
Des pays dont la tradition des combats de coqs était bien plus établie qu’en France ont totalement aboli cette pratique, comme l’Angleterre il y a plus de 185 ans, en raison de sa nature profondément cruelle comme en témoigne le philosophe Jeremy Bentham :
« Les combats de coqs et de taureaux, la chasse au lièvre, au renard, la pêche et d’autres amusements de la même espèce supposent nécessairement ou une absence de réflexion, ou un fond d’inhumanité, puisqu’ils entraînent pour des êtres sensibles les souffrances les plus vives, la mort la plus longue et la plus douloureuse dont on puisse se faire une idée ».
Ce constat est d’autant plus pertinent aujourd’hui que la science a démontré la richesse et la complexité des émotions éprouvées par les coqs comme la joie, l’ennui ou encore la frustration. Non seulement les coqs font preuve d’empathie mais en outre leur communication est également très élaborée. Enfin, leurs nombreuses capacités cognitives -comparables à des enfants de 7 ans- laissent présumer qu’ils ont conscience d’eux-mêmes.
La sensibilité des coqs ainsi que leurs capacités cognitives et sociales tranchent avec la manière dont ils sont traités : des cages où ils sont élevés, aux mutilations qu’on leur inflige à vif avant les combats jusqu’au gallodrome où ils mourront des suites des lacérations et coups de becs, ou pour les plus chanceux, d’arrêts cardiaques.
Les souffrances que les coqs ressentent et la cruauté de les faire combattre à mort ne sont pourtant pas niées par le législateur français, lequel avait d’ailleurs prohibé ces combats par le passé, avant de les autoriser à nouveau en 1964 dans certains départements.
Le premier alinéa de l’article 521-1 du Code pénal dispose : « Le fait, publiquement ou non, d'exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende ».
Mais cette disposition ne s’applique pas « aux combats de coqs dans les localités où une tradition ininterrompue peut être établie », selon l’alinéa 5 du même article.
Des condamnations sont donc prononcées contre les organisateurs de combats de coqs coupables d’actes de cruauté, par exemple dans le sud-ouest (Cour d’appel de Bordeaux, 9 mai 2019) mais les mêmes actes, générant les mêmes souffrances, dès lors qu’il se déroulent quelques centaines de kilomètres plus au nord sont parfaitement licites en raison simplement de leur caractère traditionnel.
La contradiction de la loi, reconnaissant et sanctionnant légitimement la souffrance infligée aux coqs sur une majorité du territoire, mais l’autorisant à certains endroits, est d’autant plus manifeste qu’il est interdit de créer de nouveaux gallodromes (521-1 alinéa 8 du Code pénal). Le législateur, ainsi que l’a interprété le Conseil Constitutionnel, souhaite donc accompagner et favoriser l’extinction de la pratique des combats de coqs.
Or, confrontées à une tradition consistant en la perpétration régulière d’actes de cruauté sur des animaux, la raison et la justice commandent qu’on abolisse immédiatement cette pratique et non qu’on attende que les auteurs de ces actes en soient lassés.
Monsieur le Président de la République, Mesdames et Messieurs les Députés et les Sénateurs, nous en appelons à votre sens de la raison et de la justice, sinon à votre compassion, en faisant interdire cette survivance barbare sur l’ensemble du territoire français et rejoindre les autres pays de l’Union Européenne qui s’orientent depuis bien longtemps que le nôtre dans le sens de l’Histoire.
Nous vous prions respectueusement, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés et les Sénateurs, d’agréer l’expression de notre plus sincère considération.
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