L’adieu au fier taureau du pays de Camargue
Ils ne seraient pas nés, ces poèmes-combat
si je n’avais été soumise pas à pas
aux flots de la colère qui ébranle le monde,
aux souffles des typhons qui déchaînent les ondes.
Ne me seraient pas nés ces poèmes-combat
si je n’éprouvais pas autant de compassion,
si ne voulais défendre avec tant de passion
les animaux souffrant ici, partout, là-bas,
dans les laboratoires et dans les abattoirs ,
dans les sombres camions où ils sont entassés,
dans les arènes rouges du sang du désespoir,
pour assouvir les haines toutes ici massées.
Celles du torero et celles de la foule,
entité diabolique frappant comme la houle
la naïve innocence de la bête éperdue,
la foule qui attend que le torero tue .
Foule avide du sang qui, enfin, se répand
dans l’arène écarlate et noire en même temps,
car noircie par les haines toutes focalisées
sur cet agonisant qui vient de s’allonger
sur le sable si chaud qui fait naître en son cœur
le désir de mourir, le désir d’être ailleurs,
d’échapper au délire de la foule anonyme,
de la foule en folie et avide de crime.
Le crime d’une bête qui ne voulait que vivre,
courir dans les marais, courir, se sentir ivre
de l’odeur de la mer et du sable argenté,
celle des hautes herbes par le vent agitées
de l’odeur des futurs par brumes apportées,
le parfum des demains, parfum de liberté.
Le sombre torero brandit ses banderilles
qui atteignent la bête, là, entre ses deux cornes,
à l’orgueil des humains il n’y a pas de bornes
et le flot de sang noir jaillit en jet et vrille.
Il se répand, ce sang, sur le doux sable chaud,
le torero exulte, et la foule crie bravo,
la cohue est en transe, paroxysme-folie,
devant l’agonisant, espérant que la vie
restera quelque temps pour prolonger souffrances
du taureau éperdu rêvant à son enfance,
aux échappées magiques sur les plages nacrées,
aux courses fantastiques au milieu de l’été.
Le taureau, éperdu, rêvant à son enfance
cherche aussi à savoir la raison, le pourquoi
on vole ainsi sa vie, crucifie l’innocence
des taureaux ne voulant que vivre dans la joie,
courir sous le soleil aride de Provence,
galoper emportés par souffle du mistral
dans les herbes si folles qu’elles entraînent le bal
dans des voiles légers enflammés d’espérance .
Galoper, enivré par toutes les odeurs
qui montent de la mer, portées par le mistral,
ce vent si déroutant qui conduisait le bal
où dansaient, effrénées, des milliers de saveurs
se mêlant à un chant aux rythmes envoûtants,
dont les notes s’égrènent au rythme du vent,
ondulent et tournoient , prises dans le manège
qui se déroule au loin sur le sable si beige
qu’il semble éclabousser les milliers de soleils
venus des galaxies, rassemblés sur la plage ,
qu’il semble éclabousser des myriades d’ abeilles
comme autant de points d’or offerts par les rois-mages.
Adieu, toi, fier taureau du pays de Camargue,
pour toi je me battrai, il faudra que je nargue
tant de tortionnaires, les assoiffés de sang
avides de souffrances, prisonniers de l’argent,
prisonniers de leurs haines, et enchaînés par elles,
ls ne voient ni le ciel, ni les frêles gazelles
aux yeux clairs comme source dansant sous la mousse ,
et ils n’entendent pas la mélodie si douce,
offerte par la mer quand un soleil d’orange
ensanglante le ciel pour pleurer le taureau ,
j’entends pleurer la vie, et l’on croirait qu’un ange ,
et l’on croirait qu’un ange ……
pleure aussi…….tout là-haut !
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