Ça y est, c’est déjà la rentrée, avec l’association Ailerons nous en profitons pour faire le point ensemble sur un sujet qui nous tient particulièrement à cœur et pour vous demander de passer à l’action !
Savez-vous que nous pouvons retrouver des espèces de requins menacées d'extinction dans les assiettes de nos cantines et autres restaurations collectives ?
C’est en effet ce qui s’est passé dans un collège d'Étupes (Doubs) qui a fait l'objet d'un reportage du média Vakita du journaliste Hugo Clément jeudi 4 mai 2023. En réalité, il ne s’agit pas d’un cas isolé et d’autres témoignages nous sont parvenus depuis toute la France. Et cela dure depuis des années déjà dans l’indifférence la plus totale !
Tout d’abord, les requins sont des espèces fortement menacées.
En effet, selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), 37% des espèces de requins et de raies dans le Monde ainsi que plus de la moitié des espèces de requins en Méditerranée sont menacées d’extinction (The IUCN Red List of Threatened Species, 2022). Et pourtant, la majorité de ces espèces n'est à ce jour pas protégée en France. Il est courant d'en retrouver vendues sur des étals en poissonnerie ou directement dans les cantines de nos enfants et de nos aînés. Incroyable et pourtant, il est tout à fait légal de vendre ou servir de la viande de requin menacé d'extinction.
Le requin peau bleue (Prionace glauca) est l'espèce principale retrouvée dans le commerce de viandes (et des ailerons) en Europe (Fields et al., 2018). Considérée à tort par certains professionnels comme une espèce de requin commune et abondante, les évaluations scientifiques montrent a contrario que leurs populations sont en déclin et que cette diminution est intrinsèquement liée au commerce des ailerons de requin et à la croissance du commerce de la viande de requin (FAO, 2020 ; Queiroz, et al., 2019). L'UICN classe désormais la population mondiale de requins bleus comme étant "quasi menacée" et la population méditerranéenne comme étant "en danger critique d'extinction", soit le statut le plus défavorable pour un être vivant sur notre planète.
D'autres espèces de requins sont également concernées et vendues sous des noms commerciaux trompeurs tels que "saumonette" qui regroupe une douzaine d’espèces de petits requins (petite et grande roussette, requin-hâ, émissoles…) dont certaines sont menacées d'extinction (aiguillat commun Squalus acanthias et squale chagrin commun Centrophorus granulosus). Sous le nom de "Veau de mer" est également vendu des “steaks” de différentes espèces de grands requins comme les requin-taupe ou requin renard, espèces particulièrement menacées. Sans parler de tous les menus sans aucune précision à la cantine, brandade de poissons, parmentier de poissons, fish & chips… Qui eux aussi sont susceptibles de contenir du requin et portent à confusion (Sharrad et al., 2023 ; Hobbs et al., 2019). Cette première raison suffit à appuyer notre argumentaire visant à interdire la présentation de viande de requin dans nos cantines et ce dès 2024 !
VOUS AVEZ DÉJÀ VU DU REQUIN A LA CANTINE ? CONTACTEZ L'ASSOCIATION AILERONS AU PLUS VITE ET PARTAGEZ VOS PHOTOS !
Il y a une seconde raison majeure qui nous pousse aujourd’hui à rédiger cette pétition. De nombreuses espèces de requins (petites et grandes) peuvent contenir des niveaux élevés de polluants dans leur chair. Ces polluants persistants, comme le mercure, s'accumulent au travers de la chaîne alimentaire, depuis les micro-organismes jusqu'aux grands poissons que sont les requins. En plus de nombreux métaux lourds, d'autres toxines telles que les DDTs (insecticides), les PCBs, dérivés d'hydrocarbures et autres polluants organiques se bioaccumulent dans les chairs. Par voie d'alimentation, elles dépassent les seuils sanitaires préconisés et viennent impacter le consommateur humain et plus particulièrement les personnes les plus sensibles comme nos enfants, les femmes enceintes ou encore les personnes âgées (Bi-Yu, 2023 ; Garcia Barcia, et al.; 2023,Tiktak et al., 2020 ; Cernichiari, et al., 1995).
Dans les cas les plus extrêmes, la consommation de produits de la mer contaminés peut avoir des effets particulièrement graves sur le système nerveux dont un exemple est la maladie de Minamata au Japon. En effet, la contamination du poisson par le mercure déversé par l'usine Chisso, située à Minamata, est à l'origine d'une maladie du système nerveux aussi grave qu'incurable (Le Monde, 2005).
Profitons de cette rentrée et faisons savoir dès maintenant aux cantines, aux centrales d’achat et à l’Etat français que nous ne voulons plus voir des espèces menacées d'extinction dans nos cantines, que ce soit pour le bien-être des requins ou celui de nos êtres les plus sensibles !
Ces espèces sont menacées mais autorisées à la vente pour la grande majorité, seuls nous parents d’élèves, professeur·es, directeurs·ices d’établissements, et citoyen·nes français·es pouvons faire bouger les choses rapidement et dès la rentrée.
Agissez et signez cette pétition pour faire entendre votre voix et nous rejoindre dans ce combat !
Sources :
Bi-Yu Liu, I-Win Chen, Po-Wei Chen, Tai-Yuan Chen, Deng-Fwu Hwang. Risk assessment of methylmercury and species identification in shark meats ingested by Taiwan children, Food Control, Volume 145, 2023, 109461, ISSN 0956-7135, https://doi.org/10.1016/j.foodcont.2022.109461
Cernichiari E, Brewer R, Myers GJ, Marsh DO, Lapham LW, Cox C, Shamlaye CF, Berlin M, Davidson PW, Clarkson TW. Monitoring methylmercury during pregnancy: maternal hair predicts fetal brain exposure. Neurotoxicology. 1995 Winter;16(4):705-10. PMID: 8714874.
Fields, A.T., Fischer, G.A., Shea, S.K.H., Zhang, H., Abercrombie, D.L., Feldheim, K.A., Babcock, E.A. and Chapman, D.D. 2018. Species composition of the international shark fin trade assessed through retail- market survey in Hong Kong. Conservation Biology 32(2): 376–389. DOI: 10.1111/cobi.13043
Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO). (2020). The State of the World's Fisheries and Aquaculture 2020. Rome. ISBN 978-92-5-132692-3.
García Barcia, L., Valdes, A.E., Wothke, A. et al. Health Risk Assessment of Globally Consumed Shark-Derived Products. Expo Health 15, 409–423 (2023). https://doi.org/10.1007/s12403-022-00500-5
Hobbs, C. A., Potts, R. W., Bjerregaard Walsh, M., Usher, J., & Griffiths, A. M. (2019). Using DNA barcoding to investigate patterns of species utilisation in UK shark products reveals threatened species on sale. Scientific reports, 9(1), 1028. https://www.nature.com/articles/s41598-018-38270-3
IUCN. Prionace glauca-Blue Shark. The IUCN Red List of Threatened Species 2019. Available from: https://www.researchgate.net/publication/350810574_Prionace_glauca-Blue_Shark_The_IUCN_Red_List_of_Threatened_Species_2019 [accessed Aug 30 2023].
Le Monde. 2005 : https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2005/03/28/minamata-la-baie-au-mercure
Queiroz Nuno, et al., 2019. Global spatial risk assessment of sharks under the footprint of fisheries. August 2019, Volume 572. Issue 7770. Pages 461-466. https://doi.org/10.1038/s41586-019-1444-4
Sharrad, A. E., Reis-Santos, P., Austin, J., & Gillanders, B. M. (2023). Umbrella terms conceal the sale of threatened shark species: A DNA barcoding approach. Food Control, 148, 109606. https://doi.org/10.1016/j.foodcont.2023.109606
Tiktak, G. P., Butcher, D., Lawrence, P. J., Norrey, J., Bradley, L., Shaw, K., ... & Megson, D. (2020). Are concentrations of pollutants in sharks, rays and skates (Elasmobranchii) a cause for concern? A systematic review. Marine Pollution Bulletin, 160, 111701. https://doi.org/10.1016/j.marpolbul.2020.111701
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