En janvier 2020, l’annonce de la nomination de l’écrivaine Rachel Khan au poste de co-directrice du Centre Culturel La Place Hip Hop avait laissé de nombreux acteurs et actrices de la communauté Hip Hop perplexes. Deux ans plus tard, malheureusement, nos doutes ont été confortés. Dès le début, nous nous sommes interrogés sur la légitimité de Rachel Khan à diriger un centre culturel consacré à la culture Hip Hop ? Quelle est son implication dans cette culture ?
Quelle a été sa contribution au développement de cette culture en France ? D’autant plus que lorsqu’elle était en poste à la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) Ile-de-France entre 2009 et 2015, Rachel Khan savait parfaitement se jouer des personnes qui présentaient des projets liés au Hip Hop en faisant semblant de les aider alors qu'elle les censurait. Donc qu’a-t-elle fait pour promouvoir la culture Hip-Hop ? Rien. Pire, depuis quelques mois, elle passe son temps à la dénigrer, jusqu’à aller saluer le 16 octobre dernier le travail du philosophe Alain Finkielkraut, qui aurait pu, selon elle, être « l'un des meilleurs rappeurs de ce dernier siècle » alors qu’Alain Finkielkraut est l’un des plus virulents opposant de la culture Hip Hop, c'est aussi l’homme qui raillait l’équipe de France de football, composée selon lui de trop de joueurs noirs, celui qui relativisait en janvier dernier à propos de l’affaire Olivier Duhamel, le viol incestueux sur un mineur de 14 ans, au motif d’un possible « consentement ».
Depuis mars 2021, Rachel Khan fait le tour des médias pour promouvoir son livre « Racée », livre encensé par Marine Le Pen. On la retrouve régulièrement sur les plateaux de télévision (Sud Radio, LCI...), mais aussi, avons-nous appris qu’elle travaillait au sein d'un nouveau média intitulé « Francs-tireurs », aux côtés du directeur de la rédaction de l’Express Christophe Barbier, dont le mépris pour la culture Hip Hop est légendaire !
Rachel Khan ne cesse de tenir des propos qui vont à l'encontre des valeurs d’inclusivité, de partage et de vivre ensemble que la culture Hip Hop a toujours prôné. Comment peut-elle être à la tête d'un centre culturel Hip Hop tout en dénigrant constamment les associations et militant-e-s antiracistes ainsi que leurs actions (par exemple mettre genou à terre pendant l' UEFA Euro2020), alors que la lutte contre le racisme est l'une des causes phares du Mouvement Hip Hop ? Comment peut-elle être à la tête du seul centre culturel Hip Hop en France tout en cautionnant, encensant et travaillant avec des personnalités publiques qui déconsidèrent ouvertement cette culture ?
En mars 2021, les membres du conseil d'administration de La Place Hip Hop ne se sont pas trompés en se désolidarisaient publiquement de leur co-directrice, en rappelant que les propos tenus par l’écrivaine dans les médias dans le cadre de la promotion de son livre « n’engagent qu'elle, et ne reflètent en aucun cas les opinions du Centre ». Depuis, la quasi-totalité de ce conseil d'administration a démissionné.
Aujourd'hui c'est à nous, artistes, activistes ou passionné-e-s de la culture Hip Hop de nous faire entendre, car de par sa fonction et sa délégation, Rachel Khan représente le Centre Culturel Hip Hop ainsi que tous ceux et toutes celles qui sont amené-e-s à y collaborer.
Comment pouvons-nous soutenir et participer à ce lieu culturel en tant qu'artistes ou en tant que public, alors que la co-directrice Rachel Khan bafoue les valeurs d'une culture qui nous est chère avec des propos inacceptables et clivants, validés par la frange la plus réactionnaire des médias français et des politiciens d'extrême-droite ?
C’est pourquoi nous demandons que Rachel Khan soit relevée de ses fonctions. En attendant, nous vous informons que nous ne collaborerons plus avec La Place Centre Culturel Hip Hop à Paris ni en tant qu'artiste, ni en tant que public.
Premiers signataires (par ordre alphabétique du prénom).
Abdel Aderdour (organisateur événementiel),
Adilah (directrice événementiel),
Alek (danseur.euse, danse-thérapeute, DJ)
Almamy Kanouté,
AlphaaZ (rappeur, DJ, éducateur),
AMAR (artiste visuelle),
Azaia (producteur, beatmaker),
Banga (graffiti artist),
Benjamine Weill (philosophe, rédactrice en chef Hiya!)
Boulomsouk Svadphaiphane (artiste, réalisatrice),
Bruce Ikanjy (danseur, fondateur du Juste Debout),
Céleste Durry (styliste, cheffe d'entreprise),
Célia Faussart Les Nubians (artiste)
Dany HipHop4ever (blogueur, activiste),
DJ Ghost-Bo (DJ),
DJ Kefran (DJ, beatmaker),
Dj Mirs, (DJ, éducateur),
DJ Netik (DJ 4xChampion du monde),
DJ Venum (DJ, beatmaker),
Hellby Dillinger (artiste, mutant MC, chanteur),
Emmanuelle Carinos (doctorante, enseignante à l’université)
Férièle Msy Red (auteure),
Fathis (chroniqueur, animateur Hip Hop)
Gustav' (graffiti artist, photographe),
Jamelöwski (DJ),
Jone.B (DJ),
Juan Marcos Aubert (DJ, réalisateur, rédacteur en chef Starwax),
Karen Dersé (actrice, auteur, metteur en scène),
Keira Maameri (documentariste)
Khaled Oudaoud (étudiant),
Lalita Santana, (photographe),
Linda LilooPix Rachdi (photographe),
Lion Scot (MC, photographe),
Liven (artiste multimédia, chorégraphe),
Maëva Gibert, (music superivisor),
Marwan MarOne Belaïd (photographe),
Mayleen Alcindor (responsable associatif, rédactrice),
Medina Koné (cheffe d’agence marketing digital, enseignante),
Mekolo Biligui (journaliste),
Miss Pee Lee (consultante logistique),
ML Kat (styliste consultante),
Nadia Bouchenni (journaliste),
Naïma Belaide Amiri (agent d’artistes, journaliste),
Ouafa Mameche (éditrice, conférencière),
Raphäl Yem (animateur, fondateur du média Fumigène),
Rose Leger (danseuse),
Sadia Diawara, (producteur cinématographique),
Samba Doucouré, (journaliste),
Sista Chéefa (activiste militante, fondatrice du fanzine Yours),
Stéphanie Narjiss Ménard (consultante),
Tex Lacroix (consultant marketing),
Venom (rappeur, beatmaker),
Yellow (graffiti artist),
Yerim Sar (journaliste),
5kiem (beatmaker).