ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE : pour la sécurité sanitaire !
LETTRE OUVERTE du 03 juin 2020
Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République,
Monsieur Édouard Philippe, Premier Ministre,
Monsieur Franck Riester, Ministre de la Culture,
Monsieur Olivier Dussopt, Secrétaire d'état auprès du Ministre de l’Action et des Comptes publics,
Madame Jacqueline Gourault, Ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales,
Monsieur Sébastien Lecornu, Ministre auprès de la Ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, chargé des Collectivités territoriales,
Le 16 mars dernier, les établissements d'enseignements artistiques (conservatoires, écoles, associations …) ont dû fermer leurs portes face à l'épidémie de Covid-19. Depuis cette date, l'incertitude, l'abandon total des ministères de tutelle, surtout celui de la Culture, sont ressentis très durement par les enseignants et les usagers.
Aujourd'hui, le décret 2020-663 du 31 mai permet de rouvrir ces structures, pour la “pratique individuelle ou en groupe de 15 personnes maximum”, avec en tout et pour tout, la seule préconisation des “gestes barrières”, d'un mètre de distance entre les personnes, et sans port du masque pendant la pratique de l'activité artistique (c'est-à-dire en permanence).
Si un protocole de 54 pages a été strictement imposé aux collectivités locales pour la réouverture des écoles, c'est un simple guide, “Aide à la reprise d'activité des conservatoires” (1) qui leur a été adressé le 19 mai dernier par le ministère de la Culture : pour nos établissements, toutes les dérives sont possibles.
Le principe de libre administration des collectivités ne peut servir de prétexte à une reprise des cours sans mesures sanitaires suffisantes !
Nous voyons d’ores et déjà des situations inacceptables se produire : enseignants sommés de reprendre le travail sans protocole d’établissement, dans des locaux inadaptés, sans matériel de nettoyage et de protection, la liste est déjà longue ...
Certains employeurs vont jusqu'à faire porter la responsabilité des conditions sanitaires à leurs professeurs !
Nous, enseignants artistiques, sommes impatients de retrouver nos élèves, mais ne voulons pas d'une sécurité à géométrie variable selon le budget, ou au bon vouloir local !
Nos structures brassent d'importants bassins de population, du jeune enfant d'école maternelle à l'adulte retraité, ainsi que des publics en situation de handicap. Les pratiques artistiques sont diverses par nature, du trompettiste au comédien, du cours de danse au big band, du quatuor à cordes à l'orchestre d'harmonie, en passant par les classes de formation musicale, les chorales, les pratiques collectives de toutes sortes.
La littérature scientifique, encore peu documentée, fait état de risques potentiellement importants dans la pratique du chant, et de certains instruments à vents, qui compliquent le retour en répétition des orchestres, chorales, compagnies de danse, troupes de théâtre etc.
L'activité d'un professeur de musique, danse, ou théâtre, en situation d'enseignement, est comparable à celle d'un chef d'orchestre en répétition (dialogue en face à face), pour qui le HCSP préconise une distance minimale de deux mètres avec les musiciens (2). Quant aux danseurs et comédiens, cette distance semble très insuffisante.
Pourquoi, dès lors, reprendre les enseignements artistiques dans les établissements avec la simple préconisation d’un mètre de distance physique ?
Nous demandons que chaque employeur, privé ou public, soit contraint d'appliquer les recommandations du “Guide d'aide à la reprise d'activité” du 19 mai, en formalisant leur déclinaison pour chaque établissement dans un protocole élaboré en concertation avec les CHSCT, CSE, syndicats, représentants du personnel, sur le terrain, avant toute reprise d'activité.
Doivent s'y ajouter des mesures supplémentaires et recommandations spécifiques :
Condamnation des salles sans moyen d’aération par arrivée d'air extérieur et/ou trop petites ;
Respect d'une distance minimale de deux mètres au lieu d’un seul entre élèves et professeur lorsque le port du masque n’est pas possible, portée à 3 - 5 mètres pour toute activité de chant, pour les instruments à vents. Lorsque ces distances ne peuvent être respectées la protection doit être complétée par un écran anti projections (plexiglas).
Mise à disposition de lingettes désinfectantes, papier jetable, gel hydroalcoolique, gants, et de tous les équipements de protection (masques, visières, …) en quantité suffisante et adaptés à l'activité et au nombre de participants ;
Information préalable des personnels sur les gestes, sens de circulation, utilisation des équipements sanitaires, etc … ;
Récupération des liquides de condensation des instruments par des serviettes jetables et interdiction de souffler dans les instruments pour nettoyer cette condensation ;
Ainsi que toute mesure rendue nécessaire par l'évolution des connaissances sur la spécificité des pratiques artistiques exercées dans nos établissements face aux risques épidémiques, dans le respect des missions des enseignants.
Pour que tous les moyens humains, logistiques, financiers nécessaires à la sécurité des enseignants et des usagers soient mis en œuvre à la reprise des cours.
Sources :
(1) Aide à la reprise d’activité des conservatoires classés et des lieux d’enseignements artistiques publics, DGCA 19 mai 2020
(2) Avis du Haut Conseil de la santé publique en date du 27 mai 2020, relatif aux mesures barrières et de distanciation dans les espaces culturels en prévision de leur réouverture dans le contexte de la pandémie Covid19
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