Reconnue « Ville d’Art et d’Histoire » depuis novembre 2011, la ville de Saint-Denis de la Réunion s’est engagée, dans le cadre de ce label, à développer une politique d’animation et de valorisation de son patrimoine. Si l’énergie fournie par la municipalité pour mettre en valeur les bâtiments du centre-ville est louable, ceux situés dans les écarts et dans les hauts ne bénéficient pas du même intérêt : certains sont oubliés ; d’autres sont carrément sacrifiés.
La Léproserie de Saint-Bernard, au village de la Montagne, entre malheureusement dans cette dernière catégorie. Construit en deux temps (1852 et 1854) sur ordre du Gouverneur Henri Hubert-Delisle, ce lazaret visait à héberger décemment les malades précédemment reclus dans des conditions inhumaines au lieu-dit de la Ravine à Jacques (inauguré en 1792).
Quelques années plus tard, un troisième ensemble de bâtiments fut érigé en 1860 à la Grande Chaloupe pour mettre en quarantaine les voyageurs débarquant dans la colonie et plus particulièrement les travailleurs engagés majoritairement originaires d’Inde. Il existe donc un triangle historique indéniable entre ces sites : ravine à Jacques – Grande Chaloupe – léproserie de Saint-Bernard, tous dévolus, au mieux à l’isolement, au pire à la séquestration, de populations jugées dangereuses sur le plan sanitaire.
« Ville d’Art et d’Histoire » Saint-Denis aurait pu s’appuyer sur l’histoire très riche de la Léproserie de Saint-Bernard pour permettre aux Dionysiens des hauts de se réapproprier leur Histoire et pour encourager les touristes à ne pas se cantonner au centre-ville. Malheureusement, le seul et exclusif développement commercial a été privilégié quitte à gommer le passé des lieux. Deux kiosques couvriront prochainement la moitié du quadrilatère intérieur du bâtiment, au mépris de son architecture historique d’origine. Les travaux du premier sont en cours et permettront une extension du restaurant des lieux. Le second constituera un kiosque pour artisans. Outre le fait qu’ils annihileront toute perspective intérieure, ces deux « kiosques » avec leurs dalles de béton et leurs couvertures en tôle s’érigeront telles deux balafres qui défigureront définitivement la léproserie.
Par conséquent : Parce que Saint-Denis « Ville d’Art et d’Histoire » ne doit pas uniquement préserver les belles cases de la rue de Paris et leur passé de mondanités, Parce que Saint-Denis « Ville d’Art et d’Histoire » doit également assumer un passé fait de souffrances et d’exclusion tout aussi constitutif de ses racines, nous demandons : - l’arrêt immédiat des travaux d’extension du restaurant « le Saint-Bernard » sis dans la cour de la Léproserie du même lieu, - la suspension du projet de construction du second kiosque symétrique au premier, - et par respect pour la population totalement ignorée et mise à l’écart du projet commercial actuel, une concertation globale sur l’avenir du site incluant les associations culturelles et patrimoniales, tout comme les référents culturels départementaux (DACOI, ABF).
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