Pétition
831
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Auteur :
Auteur(s) :
compositeurs.action@gmail.com
Destinataire(s) :
Monsieur Frédéric MITTERRAND, Monsieur Éric de CHASSEY
Monsieur Frédéric MITTERRAND
Ministère de la Culture et de la Communication
3, rue de Valois
75001 PARIS
Monsieur Éric de CHASSEY
Accademia di Francia
Villa Medici
1, Viale Trinità dei Monti
00187 ROMA
ITALIA
Paris, le 4 juin 2010
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Directeur,
Nous, compositeurs, musiciens et ensembles dédiés à la musique contemporaine, avons appris il y a quelques jours la nomination des pensionnaires de l'Académie de France à Rome pour l’année 2010/11 parmi lesquels, en ce qui concerne la discipline musique, figurent deux artistes-interprètes issus des musiques dites « actuelles ».
Ne voyez aucun mépris de notre part pour les musiques différentes de celles que nous écrivons et défendons. Cependant ces musiques, plus populaires, touchent un public déjà nombreux et jouissent d’une médiatisation plus large que la nôtre. Elles sont déjà très soutenues par de nombreuses structures et par l'État lui-même qui ne cesse de les mettre en avant. Pour cette raison, les accueillir dans une institution qui était originellement destinée à la création musicale contemporaine ne fait que conforter cette situation déséquilibrée déjà présente dans la société alors que l’État devrait, à notre sens, travailler à son rééquilibrage.
Nous voyons en cette décision un désengagement de la part de l’État à l'égard de la musique contemporaine qui prolonge une tradition musicale s’inscrivant dans l’histoire de l’art et qui se fonde depuis des siècles sur l'exigence de l'écriture, le questionnement de l'écoute, prolongeant ainsi les nombreuses expérimentations et innovations apportées par nos prédécesseurs et développant par ailleurs les technologies les plus avancées.
La Villa Médicis est en France une institution qui, plus que nulle autre, offre une occasion unique aux jeunes compositeurs de se consacrer, de manière entière et absolue, à l'écriture musicale. Elle propose un véritable atelier de travail à des artistes qui ne sont ni des interprètes, ni des intermittents. Réduire le nombre des compositeurs de musique contemporaine porteurs de projets ambitieux et audacieux et les remplacer par des musiciens qui ont déjà un pied dans l'industrie musicale et sont dans la capacité de vivre de la scène, c’est refuser de tenir compte de la rigueur de leur travail et les traiter avec mépris. Les pièces d’orchestre, les opéras demandent un long temps de gestation et les œuvres qu’ils écrivent en ce moment seront peut-être les classiques des siècles futurs. Si les structures qui les accueillaient jusqu’alors réduisent le nombre de possibilités qui s’offrent à eux, comment pourraient-ils développer des formes et des langages musicaux nouveaux, par définition non conformes aux standards commerciaux ?
Notre réaction est un mélange de colère et d’inquiétude. Car il nous semble évident que ce que d’aucuns nommeront une « ouverture » n’est que l’expression d’un désintérêt pour l’art non directement rentable au profit d’une production artistique qui, séduisante par essence, a la faculté de mettre tout le monde d’accord sans aucun effort. Nous ne voyons dans cette soi-disant ouverture que démagogie et calcul politique.
Oui, nous sommes en colère de constater que ce recrutement s’est fait de manière unilatérale, sous l'effet d'une pression politique et non d’une décision artistique, provoquant aussitôt la démission des rapporteurs en musique. Nous sommes en colère de constater que l’État, qui est pourtant en partie producteu