Chers amis, C'est avec une grande tristesse que j’apprends que le théâtre de Lenche vient de finir sa dernière saison et disparaîtra sous sa forme juridique actuelle en décembre prochain… »
Depuis sa création en 1977, le Théâtre de Lenche a réussi à s'inscrire dans la vie locale, prenant la place d'un ancien cinéma de quartier, le Rexy.
A ce moment-là, il prend la suite du Mini-Théâtre créé à la place Carli par Maurice Vinçon en 1971, premier théâtre permanent non institutionnel dans Marseille après le « désert culturel » que cette ville a connu après la deuxième guerre mondiale.
En peu de temps, cet ancien cinéma de quartier devient, place de Lenche, un petit théâtre connu et reconnu qui propose une programmation variée de qualité et qu’un public nombreux fréquente régulièrement.
Après une rénovation de l’architecture intérieure et extérieure qui s’est terminée en janvier 1988, le nouveau Théâtre de Lenche apparaît comme un des théâtres dans la Cité, bien connu de la population marseillaise.
Les spectacles programmés y sont de plusieurs natures : outre les créations de la Compagnie du Mini-Théâtre, des spectacles de renommée nationale ou internationale jalonnent ensuite chaque saison, permettant de rencontrer dans une proximité chaleureuse des comédiens et des comédiennes prestigieux ou moins célèbres mais toujours particulièrement attachants : les Colombaioni, Daniel Emilfork, Chantal Darget, Jean Paul Farré, David Warrilow, Samuel Labarthe, Silvia Monfort, Pierre Santini, etc..., et récemment Yoshi Oïda ou Simon Abkarian ont fait escale dans cet espace intime.
La volonté d’une dimension internationale y a fait également accueillir des spectacles venus d’Espagne, de Pologne, des Etats-Unis d’Amérique, de Tunisie ou d’Israël et plus récemment d’Algérie.
Cela se conjugue avec la programmation de la plupart des équipes théâtrales locales et régionales qui savent trouver là un outil professionnel, un cadre de travail agréable et une rencontre avec la population.
Une politique de prix des places le théâtre au prix du cinéma lui assure un public jeune et curieux qui revient plusieurs fois dans la même saison.
Oui, il est bien un théâtre dans sa ville, mais aussi un théâtre dans son quartier car le Théâtre de Lenche mène régulièrement des actions artistiques de proximité en collaboration avec les structures voisines (Ecoles, Centre Social, Maison pour Tous, etc ) au bénéfice de nos habitants du Panier, un des quartiers les plus anciens de notre ville et le plus convivial de notre cité phocéenne.
Oui, mes amis, le Théâtre de Lenche a réussi à créer pendant toutes ces années dans notre quartier populaire et pittoresque un vrai pôle d’intérêt culturel autour duquel se sont développées des fonctions de création, de diffusion et de formation théâtrale en dehors des modes, dans une relative discrétion, mais avec une rigueur et une exigence artistique et technique qui ancre solidement l’entreprise dans le développement culturel de Marseille.
En 2007, le Théâtre subit d’importantes transformations : rénovation des loges et du grill technique. Après six mois de fermeture, c’est dans un espace encore plus performant et confortable que « le Lenche » comme nous l’appelons chez nous accueille aujourd’hui artistes et spectateurs.
Depuis quelques saisons, d’autres espaces sont venus augmenter les capacités de travail et de programmation : la Friche du Panier, espace modulable selon les spectacles, pouvant accueillir de 50 à 80 spectateurs et le Mini-Théâtre, petite salle équipée d’un gradin fixe pouvant recevoir 50 personnes, soit un total d'environ 200 places proposées au public.
Au cœur du Panier, le Théâtre de Lenche cultive un art théâtral à la fois populaire, diversifié, avec cette volonté de pluralité et d’ouverture qui le caractérise.
Parallèlement, outre les actions pour le jeune public (« Minots, Marmaille et Cie ») et l’accompagnement du théâtre amateur, plusieurs opérations de proximité ont ancré son action dans le quartier du Panier, permettant régulièrement de l’irriguer par des propositions artistiques ou festives (Fête du Panier, Juin en amateur) et des rencontres avec le public (ateliers de pratiques artistiques)….
C’est évidemment un théâtre qui a toujours mis l’accent particulièrement sur l’action culturelle au cœur de son projet artistique en créant des événements de lectures, de rencontres, d’ateliers, de stages, d’événements festifs, de spectacles hors les mur qui ont été autant d’outils pour tisser du lien social et permettre au plus grand nombre de découvrir le théâtre contemporain dans ses formes les plus diversifiées.
Malheureusement, ce palmarès d’actions n’a pas permis de le promouvoir et même pas de le sauver !
Le Théâtre de Lenche sera dés l’année prochaine repris sous l’administration du Théâtre Joliette-Minoterie ! Celui-ci, avec qui le Théâtre de Lenche a toujours travaillé en bonne harmonie, n’est pas demandeur de cette fusion. Il y est contraint par les tutelles.
Les deux salles dans la rue de l’évêché « la Friche du Panier » et le « Mini-Théâtre » ont déjà fermé leurs portes.
Le local appelé « L’Annexe » situé à proximité du théâtre de Lenche sera fermé et transformé en lieu de restauration.
Je regrette du fond du cœur et très sincèrement que les collectivités locales n’aient pas montré une vraie volonté de préserver dans sa totalité cet équipement essentiel à la vie culturelle mais aussi à la vie économique d’un quartier.
Oui, les amis, nous assistons à la fin d'un temps pour ce lieu culturel et emblématique de notre quartier !
J’ai une pensée affectueuse pour mes amis Maurice VINÇON, Alain SISCO, Fred BERRY, Ilhem JEDDAI , Sylvia DURANTON, Farida BENADER, Catherine ROCCHI. et tous les intermittents, artistes et techniciens qui se sont investis personnellement, se donnant sans compter depuis des années afin de faire vivre ce lieu qui restera cher dans le cœur de nombreux marseillais !
Il devrait toutefois continuer à être un théâtre. Espérons qu’il le reste longtemps et que sa nouvelle direction ait à cœur de retrouver l’esprit qui y régnait et que les habitants et les associations appréciaient tant.
Aujourd’hui, je lance une pétition, sous forme de lettre de vœux aux dirigeants institutionnels de nos collectivités locales, mais aussi à notre ministre Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication pour les soutenir !
Vous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
Sachez que vous pouvez vous désinscrire dès que vous le souhaitez.