Appel pour la reconnaissance des conséquences des essais nucléaires et la juste indemnisation des victimes

Comité de soutien Vérité et Justice

Appel pour la reconnaissance des conséquences des essais nucléaires et la juste indemnisation des victimes.

Depuis bientôt sept ans, les vétérans des essais nucléaires français se sont regroupés en associations, l’Aven (plus de 3.000 membres) et Moruroa e tatou en Polynésie (plus de 4.000 membres) dont il faut saluer le combat juridique avec l’aide du cabinet d’avocats Teissonnière-Topaloff-Lafforgue.

L’enquête santé auprès des adhérents de l’Aven révèle que 35 % des vétérans sont atteints de cancers, soit deux fois plus que les Français de la même génération. Le taux des cancers du sang est anormalement élevé (22 %) et 40 % des vétérans atteints de cancer sont déjà décédés.

L’enquête révèle aussi que 82 % des vétérans sont atteints d’autres maladies non cancéreuses, principalement cardiaques, qui sont survenues souvent avant l’âge de 30 ans. On compte 33 % de vétérans qui n’ont pas eu d’enfants, dont 25 % en raison d’une
anomalie du sperme.

Depuis 2002, toutes les sensibilités politiques représentées au Sénat et à l’Assemblée nationale ont déposé des propositions de loi visant à obtenir réparation pour toutes les victimes des essais nucléaires, militaires et civils, qu’ils soient Français, Algériens ou
Polynésiens, ou qu’ils vivent à proximité des anciens sites d’essais du Sahara et de Polynésie.

Certains d’entre nous ont assisté aux réunions de ces victimes et pris l’engagement de mener ce combat jusqu’à ce qu’il soit gagné.
Faisant appel à la justice, des vétérans commencent à obtenir gain de cause devant les tribunaux qui reconnaissent le bien-fondé de leur action et condamnent l’État à leur accorder réparation. Chacun sait cependant que toutes les victimes ne pourront accéder à une juste réparation tant les procédures sont longues et difficiles.

De son côté, invariablement, le ministère de la Défense affirme contre toute évidence que ses essais nucléaires ont été « propres» et sans conséquences, ni sur la santé des personnes, ni sur l’environnement. L’émouvante émission de Thalassa et autres reportages
viennent de nous rappeler la réalité dont les êtres vivants et les paysages sont les témoins.

Les affirmations du ministère français de la Défense sont en grande contradiction avec la position des États-Unis qui, par une loi de 1988, admettent que leurs expériences nucléaires ont fait des victimes, adoptent le principe de la présomption de lien avec les essais
pour 31 cas de cancers et indemnisent en conséquence tant les vétérans civils et militaires que les populations voisines de leurs anciens sites d’essais.

Issus d’horizons divers — scientifiques, parlementaires, artistes, sportifs, journalistes de la presse écrite, télévision et radio —, les signataires ci-dessous ont décidé de se constituer en Comité de soutien à l’Association des vétérans des essais nucléaires (Aven) et à
l’association Moruroa e tatou. En plein accord avec celles-ci nous avons décidé d’amplifier ce combat pour la vérité et la justice.

Jusque-là les gouvernements français, l’Assemblée nationale et le Sénat ont refusé de mettre à l’ordre du jour les propositions de loi émanant des groupes politiques de gauche et de droite.
Nous les appelons à le faire rapidement pour mettre en oeuvre les revendications des vétérans des essais nucléaires par :

- le vote d’une loi sur le suivi sanitaire et environnemental des essais nucléaires
- la création d’un fonds d’indemnisation pour les victimes.