Une campagne anti-avortement a récemment pu être menée par un professeur d’histoire-géographie dans un lycée de Manosque et a justement été dénoncée grâce à la vigilance des parents d’élèves, qui ont vu leur action aboutir à la suspension pour quatre mois de l’enseignant incriminé. Au-delà de cette sanction dont elle n’a pas à juger, la Ligue des Droits de l’Homme s’élève avec détermination contre ce type de dérives rendues possibles dans les lycées de l’Ecole publique à travers les programmes d'enseignement d'éducation civique, juridique et sociale.
Ces programmes, officialisés de façon laxiste dans l’annexe d’un arrêté du 27 juillet 2010, ont en effet permis à un enseignant de faire œuvre de prosélytisme anti avortement sous couvert de « parcours civique » et de « formation à la citoyenneté », en diffusant à des adolescents mineurs un vidéo-montage de fœtus manipulés pour justifier un message religieux. Ces images traumatisantes sont très loin de correspondre à ce que l’on est en droit d’attendre d’un enseignement laïc et non confessionnel.
Cette atteinte à la Laïcité est d’autant plus intolérable :
- Que la dé-criminalisation de l’avortement est le résultat d’une longue lutte collective menée par le mouvement des femmes pour que leur soit reconnu le droit fondamental à disposer de leur corps et de leur vie.
- Que, depuis la loi Veil en 1975, le fait d’empêcher une interruption volontaire de grossesse est une infraction appelée « délit d’entrave » passible de sanctions sans commune mesure avec la suspension à titre conservatoire qui a été prononcée.
- Qu’il n’appartient pas à un enseignant dans l’exercice de ses fonctions de faire part à ses élèves de ses convictions personnelles, encore moins si celles-ci sont sous-tendues par des considérations religieuses à moins de porter atteinte au principe de laïcité figurant dans l’art. 1er de notre Constitution.
- Que le droit à l’avortement, en dehors de ses aspects constitutionnels et juridiques relève du droit à la santé et qu’à ce titre le corps médical est seul compétent pour informer des risques éventuels à pratiquer une interruption volontaire de grossesse.
- Que l’Inspection des Affaires Sociales (IGAS) se doit d’intervenir elle-même et en toute neutralité dans ce qu’elle qualifie d’ « obligation légale » et qui impose à juste titre une information et une éducation à la sexualité dans les établissements relevant de l’Education Nationale.
Pour toutes ces raisons, la Ligue des Droits de l’Homme vous demande, Monsieur le Ministre, Monsieur le Recteur, de prendre toutes les dispositions nécessaires
- pour que ce cas de prosélytisme à l’intérieur de l’école de la République ne puisse se reproduire où que ce soit sur l’ensemble du territoire ;
- pour que le professeur incriminé soit mis dans l’incapacité de remettre en cause le principe de laïcité qui figure dans notre constitution et, a fortiori, les lois de la République.
Pétition à l'adresse de :
Luc Chatel, Ministre de l'Education Nationale
61-65, rue Dutot 75732 Paris Cedex 15
[email protected]
Académie d'Aix Marseille
Place Lucien Paye 13621 Aix-en-Provence cedex 1
[email protected] [email protected]