Pétition
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Auteur :
Auteur(s) :
Association SID'Action-Lausanne
Diego Lindlau (Directeur)
CP 5220
1002 Lausanne
SUISSE
info@sidaction.ch
0041(0)213419333
http://www.sidaction.ch
Destinataire(s) :
Office fédéral des migrations (Quellenweg 6, CH-3003 Berne-Wabern, SUISSE)
« La Suisse m’a donné deux années et demie de vie supplémentaires, en me traitant. Alors que mon organisme s’est habitué aux médicaments, la Suisse me dit de rentrer. Je ne comprends pas ! ». Difficile, en effet, de comprendre la décision des autorités fédérales de renvoyer Angelina* dans son pays d’origine, malgré son état de santé plus que préoccupant. Le courrier qu’elle me tend, daté du 12 juin 2008 et émanant du Tribunal administratif fédéral, ne souffre pourtant d’aucune ambiguïté à ce propos : l’exécution du renvoi est prononcée et la procédure de demande d’asile est close. Madame le Juge estime même que les recours du SAJE « […] tendent uniquement et exclusivement à ce que les autorités répètent une fois encore ce qui a déjà été, définitivement, motivé et tranché ; que ce procédé revête [donc] sans équivoques un caractère dilatoire et relève de toute évidence de l’abus de droit ».
Ce document officiel vient en réponse à l’ultime recours administratif déposé par le SAJE auprès de la plus haute instance fédérale compétente en matière d’asile. Pourtant, force est de constater que ce dernier s’appuie sur de solides arguments. Ainsi, parmi les justificatifs versés au dossier, une série impressionnante de certificats médicaux, tous dûment signés de la plume d’un éminent chef de clinique du Service des Maladies Infectieuses du Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV). Pièce maîtresse de ce corpus, l’un d’entre eux, daté du 14 mai 2008 et mentionnant que « […] d’un point de vue médical , l’expulsion de la patiente dans son pays d’origine serait inacceptable […] aucun traitement antirétroviral efficace n’ayant été déterminé, des souches virales résistantes étant fortement suspectées [et] la disponibilité d’un traitement adéquat n’étant pas garantie une fois de retour au Cameroun ».
Mais l’expert médical ne s’arrête pas à la seule question des ARV. En effet, au sujet du traitement antiépileptique Keppra® dont bénéficie Angelina*, l’intéressé souligne qu’il est « […] le seul médicament pouvant être administré à la patiente pour traiter sa forme d’épilepsie [et qu’il] n’est pas commercialisé au Cameroun, comme l’a confirmé l’entreprise biopharmaceutique belge UCB elle-même, détentrice du brevet ; ce, alors même que son indication pour éviter des récidives comitiales est formellement posée [et que] des atteintes neurologiques irréversibles pourraient résulter d’un arrêt thérapeutique». Quant aux conclusions du clinicien, elles sont éloquentes : « En résumé, nous estimons que le retour au Cameroun de Madame X dans les conditions actuelles met sa vie en danger et nous nous y opposons donc fermement. »
De son côté, l’ODM reconnaît formellement que la société de production du Keppra® ne commercialise effectivement pas ledit médicament sur territoire camerounais. Toutefois, elle invite la mandante à se le procurer elle-même, sur commande depuis l’Europe, via le réseau des pharmacies locales. Une proposition qui peut étonner, dans la mesure où cela impliquerait à l’évidence de prendre en considération le prix européen du médicament, soit près de 3'500 francs suisses (env. 2930 USD) de frais par année, hors coûts de transport, de frais de pharmacie et d’ordonnance médicale ; Angelina* devant avaler deux gélules de Keppra® 1000 par jour, à 472 francs suisses (env. 396 USD) la boîte de cent comprimés. Un obstacle financier tout simplement insurmontable, lorsque l’on sait que le revenu moyen par habitant au Cameroun s’élève à 980 USD