Pour que la Suisse soit aux côtés des manifestants des pays arabes

Madame la Conseillère Fédérale,

Vous savez comme nous le vent nouveau qui souffle du Maroc à l’Egypte, du Yémen à la Jordanie. Vous savez comme nous que ce sont-là des peuples qui se soulèvent, portés par ce vent de révolte, pour réclamer un Etat de droit, où ils puissent envisager un avenir normal, sans vivre dans la crainte, l’oppression, la corruption et l’arbitraire.

Vous savez aussi comme nous que nombre de ces manifestants tombent sous les coups et les balles des régimes qu’ils tentent de renverser par la force de leur conviction et de leur détermination.

Nous avons l’intime conviction que notre démocratie, ne peut être sourde aux cris qui s’élèvent des villes, des places et des rues de ces pays. Des cris réclamant la liberté, le travail, le pain ; des cris qui tournent aux cris de douleur et de terreur sous les coups de la répression ; des cris qui ne demandent qu’à devenir de joie une fois les despotes destitués.

Comment pourrions-nous, Madame la Conseillère fédérale, être fiers de notre pays si celui-ci devait demeurer muet face à cette situation ? Comment le pourrions-nous si notre démocratie ne condamne pas la répression qu’endurent ces citoyens réclamant la justice ? Comment le pourrions-nous, si notre Suisse devait en rester à de timides protestations, lorsqu’elle devrait, au contraire, affirmer avec la plus inébranlable conviction que la place des tyrans n’est pas au sommet de l’Etat, mais devant un tribunal ?

Au moment même où les droits les plus fondamentaux sont non seulement bafoués, mais foulés violemment aux pieds par les bottes de l’oppression, nous ne pouvons rester en dehors du monde. Ces soulèvements éclatants ne permettent pas que nous en restions à des réactions en demi-teinte. Nous ne devons plus attendre le départ de ces despotes pour geler leurs avoirs dans notre pays, pas plus que nous pouvons nous permettre d’en rester à des propos « mesurés » lorsque des gens meurent pour défendre leur dignité.

Parce que nous sommes admiratifs de ces femmes et de ces hommes, jeunes comme vieux, se dressant face à la tyrannie au péril de leurs vies pour réclamer que justice leur soit faite, pour réaffirmer leur droit légitime à un avenir, nous vous demandons, Madame la Conseillère fédérale, de faire entendre haut et fort la voix de la Suisse. Et que cette voix dise notre solidarité envers les peuples qui se soulèvent pour prendre légitimement leurs destins en mains. Que cette voix condamne avec la plus grande fermeté et la plus grande clarté ces autocrates s’accrochant à un pouvoir duquel ils ne finissent plus de démériter !

Nous vous demandons, Madame la Conseillère fédérale, que par votre voix, la Suisse fasse honneur à ce qu’elle est et ce qu’elle représente: une amie de la liberté, une ennemie de la tyrannie.

Puissiez-vous entendre notre appel, qui n’est que l’écho des clameurs qui emplissent les rues de Tripoli, Alger, Tunis, Le Caire, Sanaa, Manama, Rabat ou encore Amman.