Dans une usine turque du groupe Rocher, 132 personnes ont été licenciées ou poussées à la démission, simplement parce qu’elles avaient osé se syndiquer. Elles demandent leur réintégration et dénoncent l’inaction complice du groupe français.
A L'ORIGINE DU BRAS DE FER
Après avoir connu une forte croissance économique, la Turquie fait face depuis le début de l'année 2018 à une forte inflation.
« Chaque semaine, les prix augmentent. Pour les gens c'est devenu difficile. » témoigne l'une des ouvrières en grève. Responsable d'équipe, une autre salariée explique : « Depuis 15 ans nous n'avons eu aucune augmentation. Or depuis que notre usine a été vendue à Yves Rocher, notre entreprise a grandi, de nouveaux magasins ont ouvert. »
230€ par mois, c'est leur salaire moyen.
Pour obtenir enfin une augmentation de salaire, qui tourne actuellement autour de 1 600 livres turques (soit environ 230 €), une majorité d'ouvrières et d'ouvriers ont décidé de rejoindre le syndicat Petrol-İş. Jusqu'alors, aucun syndicat n'était présent dans l'entreprise mais le syndicat Petrol-İş a rapidement atteint le nombre d'adhérent·e·s nécessaire pour que sa représentativité soit reconnue par le Ministère du travail et qu'il puisse entamer une négociation collective.
DES MANOEUVRES D'INTIMIDATION
Lorsqu'elle a eu vent des premières adhésions, la direction a réagi par des licenciements.
Parmi les premières à être renvoyées, Pinar Koca témoigne: « J'ai adhéré le 21 mars, et ils m'ont licenciée le 23. Ils ont motivé mon licenciement par une "performance basse" ».
Devant la détermination des salarié·e·s licencié·e·s, qui manifestaient devant l'usine, les manoeuvres d'intimidation se sont multipliéées, et notamment les démissions forcées :
« Pendant la pause, j'ai applaudi les camarades à l'extérieur pour les soutenir. Quand je suis remontée on m'a emmenée dans la salle de réunion. Là ils m'ont dit : soit tu travailles dans la production soit tu donnes ta démission. Moi, normalement je travaille dans les bureaux, j'ai dû donner ma démission. »
UNE FORTE MOBILISATION LOCALE
Depuis plus de 7 mois, les salarié·e·s injustement privé·e·s de leur emploi manifestent devant l'usine, malgré les descentes régulières de police, qui éteignent la musique et confisquent les banderoles, et à présent le mauvais temps.
Mais l’usine Kosan Kosmetic les a remplacé·e·s et ne compte pas les réintégrer, tandis que le groupe Rocher se défausse de toute responsabilité. Le message est clair : syndiquez-vous, et vous perdrez votre emploi !
Pour retrouver leur emploi et parvenir à négocier de meilleures conditions de travail, les ouvrières du groupe Rocher ont besoin de votre soutien.
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