Face aux dangers de la réforme du lycée et du baccalauréat : dégradation des conditions d'apprentissage, effectifs surchargés, disparition d'options et d'heures en demi classe, orientation très complexe, fin du cadrage national du bac, mise en concurrence des établissements, des disciplines et des élèves…
Nous, enseignants, parents d'élèves, élèves, citoyens demandons :
Si vous espérez que les élèves pourront choisir librement les combinaisons de leur choix parmi les 11 enseignements de spécialité et les options présentés dans la réforme, sachez qu’ils ne seront pas accessibles dans tous les lycées.
Si un élève n’affirme pas nettement, dès la Seconde, un profil scientifique, sachez que les mathématiques ne figureront plus du tout dans le tronc commun obligatoire en 1ère et terminale. Les mathématiques ne seront plus offertes qu’en tant que Spécialité avec un niveau fort exigeant. Ce qui pourrait avoir une grave conséquence sur son orientation future. Quid des élèves qui auraient besoin des mathématiques dans leur cursus mais n’auraient pas besoin de les pratiquer à un tel niveau d’abstraction et de difficulté ?
Si l’idée de savoir que les élèves bénéficieront d’un « accompagnement au choix de l’orientation » vous rassure, sachez qu’il y a matière à nourrir de grandes inquiétudes : sans réelle formation, nous ne pourrons pas pallier la disparition programmée des conseillers d’orientation et des CIO. Les heures prévues n'ont, à ce jour, pas de contenu, et pourraient faire l'objet d'un appel d'offres des chambres consulaires, des régions et des grandes entreprises, autrement dit, l’orientation pourrait être prise en charge par des gens qui n'ont pas de véritable formation dans ce domaine. Autre hypothèse : ce seraient les grandes entreprises privées qui orienteraient les choix en fonction des besoins en personnel.
Si vous vous réjouissez de programmes plus ambitieux, sachez que nous n'aurons pas les moyens horaires pour les mener correctement à terme. Les dédoublements sont en sursis. Certaines options facultatives sont menacées.
Conséquences :
- des classes en permanence à 35 qui rendront plus difficile le suivi rigoureux et personnalisé des élèves
- disparition à terme de certaines options (disciplines artistiques, LV3…) étant donné les contraintes.
- suppression de postes d'enseignants et baisse des dotations des lycées.
Si – ce qui est fréquent et bien normal - un élève ne sait pas trop ce qu'il souhaite faire plus tard, il devra quoiqu’il en soit, choisir, éliminer, renoncer, passer de trois à deux spécialités de 1ère en Terminale, sans possibilité de retour en arrière. Il entrera ainsi, à peine sorti de l’adolescence, dans un cadre d’une extrême rigidité. Cette réforme aboutira finalement à une pré-orientation très précoce, restrictive et définitive d’adolescents de 15 ans, souvent faite à l’aveuglette faute de connaître précisément les attendus des différentes filières du supérieur, à supposer qu’un élève de 2e ait déjà une idée claire de son orientation future.
Cette réforme risque donc de compromettre les poursuites d'études souhaitées deux ans plus tard en niant toute possibilité d'évolution de la personnalité des élèves ou la possibilité de pouvoir librement changer d’orientation.
Si vous pensez que le contrôle continu allégera l’évaluation des élèves sachez qu’actuellement, chaque élève passe 12 à 13 épreuves en fonction des séries, désormais, il devra en passer 21 : 6 épreuves finales et 15 épreuves communes (réparties entre la 1ère et la terminale) tandis que 10 % du résultat final obtenu au baccalauréat résultera des notes du bulletin.
Cela pose selon nous deux problèmes :
Si vous pensez que le baccalauréat aurait encore une valeur de diplôme national, vous vous trompez : Du fait de cette réforme, la part croissante du contrôle continu – 40% désormais – dans l’évaluation des candidats au baccalauréat créera un diplôme à caractère plus local que national dont le crédit dépendra du lycée d’origine de l’élève.
Vous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
Sachez que vous pouvez vous désinscrire dès que vous le souhaitez.