Nous, C'est Slavi, Dalila, Jassem, Ana…
On a parlé de nos histoires déjà dans la presse : dans
Libération, dans
Ouest France ou dans
Brut par exemple
Avec d’autres jeunes et enfants nous avons créé
le collectif #EcolePourTous.
Aujourd’hui nous demandons au Ministre de l’Education Nationale d’instituer dans la loi une « Trêve Scolaire Républicaine »Nous habitons ou avons habité en
squats, en
bidonvilles, dans des
hôtels sociaux, nous sommes des
mineurs isolés étrangers, des jeunes majeurs, ou des enfants de la communauté des
« Gens du voyage ». Nous sommes des enfants de
Guyane, de
Mayotte, Français, Bulgares, Guinéens...
Ce que nous avons en commun c’est de rencontrer des obstacles pour
accéder, rester et réussir à l’école de la République Française. Si certains d’entre nous ont réussi à prendre la parole c’est pour parler au nom des
100 000 enfants et jeunes qui sont encore dans cette situation.
La défenseur des enfants a parlé de nous déjà. Nous nous sommes rencontrés, encouragés, organisés, pour faire savoir à l’école républicaine qu’
elle nous a oublié dans l’Angle Mort. Aujourd’hui nous sommes déterminés à lever ces obstacles pour qu’aucun des enfants qui nous suivent et nous ressemblent ne soit plus
privé de l’universel droit de rêver.
Parmi ces obstacles qui nous empêchent d’accéder et de rester à l’école il y a
les expulsions habitatives d’habitats précaires et informels en plein milieu de l’année scolaire.
Être expulsé d’
un bidonville à Mayotte, d’
un squat en Occitanie, d’
un hôtel social en Seine-Saint-Denis, d’
un foyer pour Mineur à Marseille ou d’
une aire d’accueil pour les gens du voyage dans les Haut-de-France,
ça équivaut en moyenne à six mois de déscolarisation.
Pour des enfants en situation de très grande précarité comme nous ça signifie le plus souvent :
abandonner ses rêves d’écolier.Comment devenir médecin, avocat, boulanger quand l’école et la société vous abandonnent si jeune ?
Ainsi de
Slavi, arrivé en France à l’âge de cinq ans avec son père et sa mère, immigrés de la Bulgarie, qui est
expulsé sans relogement du bidonville où il habite à Bobigny et qui aurait voulu devenir
pompier.
Libération a raconté son histoire.
Ainsi de
Allen, d
emandeur d’asile à l’âge de onze ans arrivé en France avec son père et sa mère depuis la Bosnie-Herzégovine, qui durant 1 an ne peut pas aller à l’école parce qu’il doit chaque matin quitter la chambre d’hôtel social où il passe la nuit, alors qu’il rêve de devenir
architecte.
Ainsi de
Aissata,
arrivée en France toute seule à 16 ans, après avoir traversé la Méditerranée, et qui, après avoir été protégée par l’Aide Sociale à l’Enfance, doit quitter, en plein mois de janvier, l
foyer pour mineur où elle est hébergée, parce qu’elle vient tout juste d’avoir 18 ans. Alors qu’elle rêvait de poursuivre des études pour devenir
infirmière.
Il n’y a pas de fatalité.
L’école de la République Française a pour mission de faire reculer l’ignorance et la pauvreté.C’est le sens de sa mission et de son Histoire.
D’après la Constitution de 1946 l’accès à l’école de tous les enfants « français et étrangers » est pour l’Etat un devoir.D’après le code de l’Education de la République Française c’est une priorité nationale.En 1954, au milieu des douleurs d’un hiver extraordinairement froid,
l’Abbé Pierre, ancien résistant, lançait un vibrant appel à ce que la France a de meilleur, à son Histoire, à ses valeurs pour que soit instituée dans la loi en 1956 une « trêve hivernale ».
Parce qu’il était intolérable que dans la cinquième puissance mondiale un homme, une femme, un enfant puisse mourir de froid.
Soixante-six ans après
il n’est pas tolérable que des enfants comme nous soyons privés de notre droit à l’école parce que nous sommes expulsés en plein milieu de l’année scolaire du bidonville, de l’hôtel social, du foyer pour mineur où nous avons trouvé un refuge précaire.
En 1954, l’Abbé Pierre avait été vu comme un idéaliste. Aujourd’hui tous les français sont fiers de leur « trêve hivernale » car elle fait honneur à la France. Ce qui était une audace est maintenant une évidence.
Quel plus grand honneur que de mettre en œuvre les idées nouvelles par quoi se réalise encore
la promesse universelle adressée par la France des lumières à tous les enfants ?C’est pourquoi nous demandons au Ministre de l’Education Nationale de porter à l’Assemblée Nationale une proposition de loi visant à instituer dans la loi une « Trêve Scolaire Républicaine » qui suspend les expulsions habitatives des familles avec enfants scolarisés en situation de grande précarité durant toute la durée de l’année scolaire.
Nous avons besoin de la voix de chacun de vous pour nous faire entendre :
votre signature compte ! Signez notre pétition.
A très bientôt pour fêter avec vous notre victoire : dans l'intérêt supérieur des 100 000 enfants que nous représentons !