À Boulogne-Billancourt, le 30 septembre 2020
À l’attention de la Présidence de l’Université de Paris et du Doyen de la Faculté Sociétés et Humanités, des Responsables des Services d’enseignement de l’Institut de Psychologie, des Directeur·rice·s de la Licence 1 de Psychologie parcours « sciences psychologiques ».
Nous, Étudiant·e·s de Licence 1 de Psychologie parcours « sciences psychologiques », nous sommes mobilisé·e·s à ce jour afin de vous faire entendre l’expression de nos sentiments à l’égard de la rentrée 2020. Nous souhaitons en effet exercer notre droit à faire valoir notre parole et espérons que celle-ci sera considérée.
Dans cette lettre nous feront état des obstacles rencontrés quant à la gestion administrative, la communication et l’administration des rentrée et pré-rentrée. Nous conclurons par les conséquences psychologiques ainsi que les questionnements qui ont été et sont toujours les nôtres.
En premier lieu, nous tenons à faire savoir que nous soutenons le personnel de l’administration. Ce dernier nous le savons fait de son mieux afin de faire face aux difficultés consécutives à la situation sanitaire actuelle, mais également à la crise interne à l’Université de Paris. Nous déplorons notamment la suppression de certains postes, qui a entraîné une surcharge de travail, une situation de sous-effectif mais aussi une sur- sollicitation de la part des étudiant·e·s et de leur entourage.
Nous soutenons les professeur·e·s et avons conscience de la position précaire qui est la leur. Nous applaudissons leur détermination à vouloir préserver la qualité de l’offre de formation et la diversité du contenu de l’enseignement dispensé par l’Université ; tout particulièrement de la filière de Psychologie.
Toutefois, en tant qu’étudiant·e·s de l’Université soit en tant qu’acteur·rice·s de ce contexte de rentrée scolaire et de fusion, nous souhaitons faire part de nos revendications à ces sujets.
Si nous avons choisi d’intégrer l’Université de Paris en Licence 1 de Psychologie parcours « sciences psychologiques », c’est d’une part pour le prestige de sa réputation, et d’autre part pour l’excellence dite de sa formation unique dans son approche généraliste et pluridisciplinaire.
La rentrée, initialement prévue pour le 14 septembre dernier, a été reportée au 28 septembre en raison de difficultés dans la chaine d’inscription et de problèmes informatiques importants qui ont entrainé l’annulation des inscriptions pédagogiques dans plusieurs UFRs de l’Université de Paris. À la suite de l’Assemblée Générale du 24 septembre, il a été décidé par les Enseignants d’ajourner à nouveau la rentrée dans l’objectif d’alerter la Présidence de l’Université et la Faculté Sciences et Humanités quant à la nécessité évoquée plus haut de garantir une formation pluridisciplinaire en adéquation avec l’article 37 du Code de Déontologie des Psychologues. Bien que nous prenons pleinement la mesure de l’urgence de la situation, nous regrettons sa gestion maladroite qui fait suite à une période difficile de confinement.
En effet, les inscriptions administratives ont fait l’objet de nombreuses complications : elles ont été différées du 8 juillet à 14h au 15 juillet puis en raison de dysfonctionnements techniques ont été bloquées pendant une durée de 48h. Également, les étudiant·e·s ont rencontré des difficultés pour faire valider les documents requis lors de l’inscription (notification d’attribution de bourse, certificat individuel de participation à la JDC). Certain·e·s étudiant·e·s n’ont même pas pu réaliser cette inscription, notamment des étudiant·e·s en année de césure, étrangers·ères et précaires.
Quant aux inscriptions pédagogiques, leur report et leur fonctionnement technique a eu pour conséquence de pénaliser une partie des étudiant·e·s : certain·e·s ont été averti·e·s dudit report seulement la veille et d’autres n’ont pu s’inscrire et se sont retrouvé·e·s sans emploi du temps.
Cette organisation a pour effet de créer une confusion totale chez les étudiant·e·s qui manquent cruellement d’informations concernant notamment l’organisation et le calendrier scolaire, le mode de suivi « hybride" des cours ainsi que l’accès aux supports pédagogiques. Ces éléments font l’objet de nombreux questionnements que nous aborderons par la suite, puisqu’aucune aide concrète n’a été apportée. Nous nous sommes seulement vus adresser des réponses approximatives ou automatisées par les Services de l’Université avec lesquels nous avons pris contact par téléphone, via les formulaires informatiques d’assistance, par mail, sur les réseaux, et de vive voix.
L’absence de communication globale et organisée a pour effet une information parfois obsolète, indirecte et fournie in extremis. En effet, nous ne sommes pas informé·e·s par mail des modifications entrainées par les difficultés évoquées plus haut, les lignes téléphoniques sont coupées ou indisponibles et les échanges sur les réseaux sociaux se sont avérés conflictuels. Les mises à jour des informations concernant la rentrée sont disponibles uniquement sur le site internet de l’Université qu’il faut consulter plusieurs fois par jour, et sont parfois peu accessibles relativement à d’autres telles que la position de l’Université au classement de Shanghai ou les nouvelles avancées scientifiques.
De cette organisation a émergé une auto-gestion des informations et des ressources pédagogiques par les étudiant·e·s sous la forme de nombreux groupes Facebook, Whatsapp, Discord, Twitter, Snapchat, Drive etc.
Néanmoins une importante partie des étudiant·e·s se trouve encore plus lésée : c’est le cas des étudiant·e·s en situation de précarité, de handicap, des étudiant·e·s provinciaux·ales et étrangers·ères ainsi que des étudiant·e·s isolé·e·s. Nous ne pouvons qu’imaginer les complications additionnelles qu’ils et elles rencontrent.
Tout ceci a pour conséquence un cercle vicieux de non information claire et groupée consubstantielle à un climat de tension qui provoque la sur-sollicitation de Services de l’Université.
Dans les contextes sanitaire et de conflit interne actuels, notre transition de l’enseignement secondaire vers le supérieur est extrêmement anxiogène. Ce passage clé vers le statut d’étudiant se trouve d’autant plus déstabilisant qu’il nous faut très soudainement acquérir l’autonomie nécessaire à la réussite de notre première année. En effet, nous redoutons un programme scolaire expéditif et allégé qu’il nous faudrait compléter par nous-mêmes étant donné que nous sommes beaucoup à vouloir devenir des professionnel·le·s de santé. Livré·e·s à nous-mêmes, nous nous sentons mis·e·s à l’écart et n’avons eu d’autre choix que de mettre en place seul·e·s des pseudo sessions d’enseignement sur la base des ressources que nous sommes parvenu·e·s à glaner. Nous craignons d’échouer dans notre parcours scolaire et d’être pénalisé·e·s pour le futur si la rentrée n’a pas lieu prochainement. Nous sommes en proie à une très grande frustration de ne pouvoir découvrir la vie étudiante, profiter des enseignements de Psychologie et assouvir notre soif d’apprentissage au sein de l’Université.
Par conséquent, nous nous trouvons dans un état de fragilité psychologique. Certain·e·s éprouvent des symptômes de stress intense, d’angoisse, de panique et d’autres même des symptômes de déprime voire de dépression.
Pour finir, nous profitions de cette lettre pour vous faire parvenir les interrogations susmentionnées.
En premier lieu, nous nous questionnons à propos du calendrier et de l’organisation scolaire. Aurons-nous droit aux vacances de la Toussaint ? Comment allons-nous rattraper les semaines perdues ? Quid des semaines de révision ? Quelles seront les modalités des examens et des DAR ? Serons-nous à même d’assumer la totalité du programme scolaire ?
Ensuite, nous avons constaté de sérieux problèmes techniques concernant l’accès aux plateformes pédagogiques dématérialisées. Quand alors aurons nous pleinement accès à celles-ci (Moodle, Panopto, mail universitaire, ENT) ?
Enfin, le mode de suivi « hybride » des cours reposant sur une alternance entre présentiel et distanciel soulève encore de nombreuses incompréhensions. Quelles mesures seront mises en place pour nous permettre d’assister aux cours en distanciel lorsque ceux-ci interviennent juste avant ou après un cours en présentiel ? D’autant plus que certain·e·s étudiant·e·s sont domicilié·e·s loin des locaux de l’Université, ce qui les contraint à faire des trajets de plusieurs heures et rend de fréquents allers-retours impossibles. Pourrons-nous visionner nos cours en respectant les mesures de sécurité au sein des locaux (BU, amphithéâtres libres, restaurant universitaire...) ? En effet, la seule alternative proposée par les Services de l’Université consiste à visionner nos cours dehors ou dans des établissements environnants (McDonald’s, restaurants, cafés, etc.). Toutefois, ces solutions semblent irréalistes puisque l’hiver approche, que nos ressources financières en tant qu’étudiant·e·s sont limitées, que nous sommes beaucoup trop nombreux en Licence 1 de Psychologie et surtout que les mesures sanitaires en vigueur ne permettent pas de tels rassemblements.
Nous espérons que le contenu de cette lettre vous aura permis de comprendre les raisons pour lesquelles nous sollicitons de votre part l’attention particulière que vous nous aviez promise.
Nous vous remercions par avance de votre bienveillance à notre égard et de la considération que vous voudrez bien nous porter. Dans l’attente de votre retour, nous vous prions d’agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de nos plus sincères salutations.
Cette lettre a été écrite par un ensemble d’étudiant·e·s de Licence 1 de Psychologie parcours « sciences psychologiques » de l’Université de Paris puis signée et approuvée par un ensemble d’étudiant·e·s de Psychologie de l’Université.
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