M. le Ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse de France,
Vous avez vu passer la triste histoire de mon fils Farès, dans les médias récemment.
Je vais revenir plus en détails sur les événements principaux de l’histoire.
Tout a commencé crescendo lorsque mon fils Farès, 12 ans, prenait du poids, ne parlait plus à la maison, rentrait avec des hématomes, se faisait voler certaines de ses affaires… Nous avons vite compris ce qu’il se passait. Ils étaient 9 à s’en prendre à lui à cause de son handicap.
Il était également victime d’insultes au collège. “Sale handicapé” etc. Farès est atteint du syndrome de Doose pouvant lui provoquer des crises d'épilepsie, il est scolarisé dans une classe ULIS (Unités Localisées pour l'Inclusion Scolaire). Et vous savez comme les enfants peuvent parfois être méchants entre eux.
Bien évidemment, à chaque fois, nous nous sommes rendus au collège, chaque semaine pour dénoncer ces actes, on nous écoutait mais rien n’était fait.
Ensuite, les insultes ont persisté, l'intimidation aussi et des croche-pieds récurrents s’y sont ajoutés. Cela s’en est suivi par une première grosse bagarre. Lorsque je suis arrivée pour récupérer mon fils un midi, il était en train de se faire étrangler. Dieu sait ce qu’il se serait passé si je n’étais pas arrivée à ce moment-là… Je n’ose l’imaginer.
Puis cela a continué, un jour Farès s’est retrouvé enfermé dans les toilettes pendant qu’on lui assenait des coups de poings dans le ventre. Heureusement encore cette fois-là, il avait son téléphone portable et a pu appeler son papa qui est venu au collège le secourir.
Puis il y a eu la fois de trop, le 22 mars, l’histoire dont vous avez entendu parler dans les médias… On l’a poussé dans l’escalier. Cette chute aurait pu être mortelle. Lorsque je suis arrivée j'ai retrouvé mon fils dans le camion des pompiers complètement terrorisé le visage en sang. Farès a immédiatement été conduit à l'hôpital et s’en sort avec une fracture du nez et la paupière du bas ouverte.
Pour chacun de ces accidents, jamais le collège ne nous a contactés. Pas une seule fois. C’est une élève qui m’a avertie qu’on avait poussé mon enfant dans l’escalier. Trouvez-vous cela normal ?
Et aujourd’hui vous pensez sûrement que l’affaire est réglée, que les harceleurs ont été punis par le collège et que mon fils a pu reprendre l’école tranquillement ?
Et bien nous sommes très loin de tout cela !
Aujourd’hui, je me bats quotidiennement pour rendre justice à Farès car absolument RIEN n’a été fait. On estime qu’il est tombé seul dans les escaliers. Et je me retrouve avec deux plaintes sur le dos de la part de l’établissement.
La première pour intrusion car lors de la chute de mon fils dans les escaliers ils n’ont pas laissé rentrer son papa dans le collège alors paniqué, il est passé par-dessus le portail.
La seconde pour violence verbale car il est arrivé en hurlant tant il était secoué, paniqué et surtout à bout de cette situation qui dure depuis bien trop longtemps.
C’est le monde à l’envers, on enfonce les victimes et on défend les auteurs des faits.
Mon fils a été contraint de changer de collège, de quitter ses copains et ses professeurs. Tout cela car une poignée d’élèves ont jugé bon de faire de sa vie un enfer.
Ce n’est plus possible ! Nous ne pouvons plus tolérer tout cela. Faut-il à chaque fois attendre un suicide pour que des mesures soient prises ? Entre 800 000 et 1 million d’élèves sont victimes de harcèlement chaque année en France. Ce chiffre est astronomique et pourtant c’est un véritable parcours du combattant pour faire réagir.
M. Pap Ndiaye, vous avez déclaré dans une interview je cite : "On peut changer les choses et c'est ce que je vais donc proposer (...) un changement réglementaire (...) en dernier recours, lorsque toutes les solutions ont été épuisées (...), l'élève harceleur pourra être scolarisé dans une autre école, indépendamment de l'avis des parents, si le maire ou les maires concernés sont d'accord". "On essaie d'abord de concilier et en dernière analyse, si ça ne fonctionne pas on pourra décider que c'est l'élève harceleur, et non pas l'élève harcelé, qui devra être scolarisé dans une autre école",
Ainsi vous affirmez que c’est à l’élève harceleur et non pas à l’élève harcelé de changer d’établissement. Or l’histoire de mon fils montre que tout cela n’est que du vent. Farès a été contraint de changer de collège alors que c’était lui la victime.
De plus, vous prévoyez de sensibiliser les enfants par des programmes, ce qui est une bonne chose, mais n’oubliez pas également le personnel scolaire qui dans cette histoire n’a rien fait du tout.
J’aimerais vous rencontrer pour pouvoir échanger avec vous au sujet du harcèlement de Farès mais également celui des 800 000 élèves harcelés chaque année en France.
Il est urgent que les mesures que vous avez annoncées soient mises en place et que les victimes soient écoutées pour que nous puissions enfin mettre un terme à ce fléau.
Merci de votre compréhension,
Cordialement,
La maman de Farès.
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