Je suis maman et représentante de parents d'élèves dans une école primaire en Normandie dans l'Eure. Et depuis quelques années, nous sommes confrontés à des histoires de harcèlement scolaire. Nous tenons à soulever, par épuisement de recours,
cette problématique sur la prise en charge des victimes et des harceleurs sur le plan éducatif, médical.
Voici le courrier copié-collé que nous avons adressé ce jour avec l'établissement scolaire.
"Madame la Première Dame de France et intervenante dans la lutte contre le harcèlement scolaire,
Mesdames les députées et les sénatrices,
Messieurs les députés et les sénateurs.
Monsieur Blanquer, Ministre de l'Education Nationale
Monsieur Véran, Ministre de la Santé
Monsieur Taquet, Secrétaire d'Etat en charge de l'enfance et des familles
Monsieur Lecornu, Président du conseil départemental de l'Eure et ministre des Outre-Mer
Monsieur Morin, Président de la région Normandie
Monsieur Questel, député de la 4e circonscription de l'Eure
Je vous écris, avec l'assistance et le soutien d'autres parents d'élèves que je représente en tant que représentante de parents d'élèves dans une école primaire dans le département de l'Eure, en région Normandie.
Nous souhaiterions intervenir sur un point essentiel, en tant que parents mais aussi en tant que
CITOYENS FRANCAIS. En cette période électorale présidentielle, vous parlez, avec vos adversaires politiques de tout bord, d'immigration, de violences conjugales, de pouvoir d'achat, de la guerre et de l'Europe...
Mais un sujet reste
TABOU dans vos discours de politicien(ne)s : celui du harcèlement scolaire et du suivi médical qui doit en découler aussi bien au niveau de l’harceleur que de ses victimes et leurs entourages respectifs.
Sur le site Internet du service public, vous dites qu'un mineur est victime de harcèlement quand un élève a (ou un groupe d'individus), de manière répétée, des propos et comportements agressifs et malsains à son égard. Les violences scolaires désignent tout acte d'agression physique et morale (coups, menaces, insultes) qui se déroulent en milieu scolaire ou impliquent des élèves. Ces violences répétées entrainent une atteinte à l'intégrité physique de la victime et des troubles à court, moyen ou long terme de ses conditions de vie. (Source : https://www.education.gouv.fr/lutte-contre-le-harcelement-l-ecole-289530).
En guise de réponse contre le harcèlement, vous
NOUS préconisez de porter plainte ou déposer une main courante contre l'enfant mineur représenté par ses parents, de faire des démarches administratives envers les autorités et établissements compétents. Ce n’est pas tant la solution judiciaire que les parents d’enfants harcelés recherchent mais une solution qui permette à l’élève harceleur de retrouver un comportement normal avec ses camarades et assurer ainsi la sécurité et le bien-être de leurs enfants.
Lorsqu’un signalement de ces élèves, souffrant de maladies et troubles mentaux et sociaux (sociopathie, bipolarité, schizophrénie) est fait que ce soit par les familles ou par l’école, aucun moyen médical n'est donné pour apporter une aide.
Pour expliquer le cas dans notre école en exemple, un enfant de 9 ans, en classe de CE2, trouble la bonne ambiance et la cohésion de
l'ENSEMBLE de la classe (de ses camarades de classe et de ses enseignants) voire de l’école par son comportement agressif et
IMPREVISIBLE : Strangulation sur ses camarades, tirage de cheveux, coups et blessures, mots cruels pour rabaisser ses copains, refus de l'autorité, mise en danger pour lui-même... Je vous passe d'autres actes plus cruels et affligeants les uns que les autres.
A quel point en sommes-nous arrivés pour que trois adultes n'arrivent pas à gérer les crises d'un enfant de 9 ans lorsqu’il s'en prend physiquement aux professeurs des écoles ?
Dans notre cas, les parents de cet enfant font leur maximum depuis la maternelle, période scolaire de la petite enfance, pendant laquelle l'enfant a commencé à montrer des signes pathologiques de détresse et de mal-être, diagnostic pointé du doigt par les maîtres et maîtresses. Cependant, dans notre pays, en France, vous ne proposez
REELLEMENT un diagnostic médical et pédopsychologique
qu'à partir de 8 ans, déclarant selon les diverses lois médicales qu'un enfant n'est pas assez mûr dans sa tête.
Les moyens techniques, financiers, sociaux, médicaux et humains ne sont pas mis en œuvre pour permettre une prise en charge de ces enfants. La société n’a pas conscience de ce problème sérieux qui touche les futurs citoyens que sont nos enfants tant qu’elle n’y est pas confrontée personnellement.
Nous sommes dans un cercle vicieux dans tous les cas de figure. Les assistantes sociales, avec les parents, se retrouvent devant un mur. La MDPH refuse de reconnaître le caractère handicapant et les soucis psychologiques de ces enfants. Il n'y a pas assez d'établissements spécialisés dans le suivi et l'hospitalisation de ses enfants « dangereux » pour les autres mais aussi pour eux-mêmes. Pendant ce
temps, les écoles ont obligation d’accueil de ces enfants qui souffrent.
Il manque des AESH, des pédopsychiatres dans beaucoup de secteurs départementaux et régionaux. Le département de l’Eure se retrouve en bas du classement au niveau de la présence de ces professionnels de santé. Le rapport du Sénat (https://www.senat.fr/rap/r16-494/r16-49410.html) indique par exemple la présence de moins de 4 praticiens pour 100 000 jeunes dansl’Eure, pour une densité moyenne nationale de 15,1 praticiens pour 100 000 jeunes.
Nous sommes confrontés à un désert médical dédié à la petite enfance.
Les parents des harceleurs mais aussi les parents des victimes, le corps enseignant ne sont pas assez
entendus et pris en charge par l’Etat.
N'oublions pas qu'un enfant perturbé et mal accompagné à 8 ou 10 ans peut devenir l'ombre de lui-même en vieillissant.
Que deviendra-t-il à 12 ans ? A 15 ans ? A 18 ans ?
Ses victimes, comment peuvent-elles se reconstruire et retrouver confiance en elle, en l'humain et en les autres ?
Il est vraiment URGENT de prendre en charge et de faire en sorte d'avoir le financement et le budget nécessaires pour que NOS enfants vivent pleinement, sans peur, sans honte, sans exclusion ni différence, leur enfance et leur scolarité.
Je tiens à souligner que nos enseignants ne sont plus que des enseignants, ils ont plusieurs casquettes (infirmier, psy, agent de sécurité, assistant social) afin de combler les manquements nécessaires à un meilleur apprentissage. Mais ce n'est pas leur rôle malgré tout. Intervenir physiquement dans un conflit violent d'ordre psychologique entre un enfant qui sème la terreur (n'ayons pas peur des mots) et un élève pris à partie est aussi dangereux pour eux. Plusieurs enseignants de l’école ont déjà reçu des coups violents en essayant de préserver l’intégrité physique de l’enfant impliqué ou pour protéger celle de ses camarades.
L’initiative de la plateforme téléphonique 119 est intéressante. Cependant, lorsqu’il faut appeler plusieurs fois dans une même journée pour que l’appel soit pris en compte, y compris lorsque c’est un professionnel de l’enseignement, quel est le signal envoyé aux victimes ?
Que peuvent faire les familles ou les enseignants lorsque les administrations se renvoient la balle dans les dossiers à gérer et que les refus (sans motifs valables) pleuvent à foison ?
Comment voulez-vous que les violences scolaires ne perdurent pas ?
La société actuelle n'évolue pas positivement dans le bon sens pour nos générations futures. La violence est en nette augmentation que ce soit dans les écoles dites difficiles telles que celles situées en REP ou REP+ mais également dans les écoles rurales. Les enfants et les parents sont témoins et victimes d'énormes difficultés à tout niveau.
Nous demandons, nous parents, à ce que cette violence gratuite, en Normandie et partout ailleurs, soitprise en charge et en considération, et soit surtout placée dans les priorités du peuple et des politiques. Les politiques doivent s’emparer de ce phénomène de société qui touche les futurs citoyens et donc
les futurs électeurs de demain.
Appuyons-nous sur les modèles scolaires finlandais, bulgares, dans lesquels l'Education nationale, la Santé et les pouvoirs judiciaires s'unissent main dans la main pour prévenir ces situations. En pièce jointe, le PDF que vous pouvez retrouver sur le site :
https://iamnotsacred.pixel-online.org/files/reports_transnational/Translations/FR_Translation_doc.pdfC'est inadmissible en 2022 qu’il y ait autant d'enfants livrés à eux-mêmes et enfermés dans un mal-être sans être diagnostiqué et soigné à temps (286 rien que dans le département de l’Eure).
Attendez-vous qu'un événement dramatique tel que le suicide d’un élève dans un établissement scolaire pour lancer des procédures d'urgence ?
Je ne m'attends pas, ainsi que les parents d'élèves et les enseignants de tout cycle (concernés ou non), à ce que cette lettre écrite à cœur ouvert puisse tout changer du jour au lendemain. Mais
NOUS ESPERONS une prise de conscience
COLLECTIVE ET POLITICIENNE de cette problématique qui touche et qui touchera énormément de foyers dans les mois et années à venir.
Nos enfants sont l'avenir et les futurs citoyens de notre nation.
Nous vous prions de bien vouloir agréer, Madame Macron, Mesdames les députées, Messieurs les députés, Mesdames les sénatrices, Messieurs les sénateurs, Messieurs les ministres et secrétaire d’Etat, Messieurs les Présidents de Régions et Présidents de Départements, l'expression de nos sincères dévouements à cette cause."
Merci de partager cette pétition à tous niveaux !!!
Seuls, on va vite, ensemble, on va plus loin !!!!