Il me semble que cette loi s'immisce dans la sphère privée. L'état juge les familles pratiquant l'instruction en famille alors que ce n'est pas son rôle. Si tel était le cas, l'ensemble des familles devrait être jugé par équité. Pourquoi ne pas contrôler alors toutes les familles dans leur foyer ? Le bien-être des enfants est primordial. Mais les choix des familles sont primordiaux à une république démocratique. Nous sommes une société évoluée. Les familles avec des parents homosexuels sont admises. Tout comme ces progressions de la société, l'instruction en famille ne devrait pas être perçue comme une différence à supprimer. Il faut apprendre à la connaître car elle n'est pas pire ni meilleure que l'école. Elle est juste différente. Nous parlons de respect des différences mais nous sacrifions toujours les minorités par peur ou par facilité ?
En rapport avec les critiques qui sont faites sur ce mode d'instruction, je cite :
Jusque là, les personnes faisant l'IEF sont restées courtoises en rapport avec les problèmes de l'école car l'IEF n'est pas à la base contre l'école. L'école est très bien pour les enfants qui y sont adaptés. Par contre, à force d'attaquer l'instruction en famille sur des raisons qui ne sont pas correctes, l'école devrait être un modèle pour pouvoir critiquer et obliger les enfants à y aller.
Jamais un lieu bénéfique ne demande une loi pour le fréquenter. L'école doit rester un droit, non un devoir. Sommes-nous obligés de travailler à un endroit plutôt qu'à un autre ? Le travail est nécessaire à nos besoins mais nous avons le choix de celui qui se rapproche le plus de nos envies. L'école doit faire partie de ces lieux. Si l'enfant s'y sent bien, il y va. S'il lui est possible de faire l'instruction en famille, il doit pouvoir avoir le choix car c'est l'instruction qui est obligatoire. Elle doit pour cela continuer à être contrôlée. Qu'est-ce qu'une liberté sans choix ?
La radicalisation est pointée du doigt. L'école fait-elle mieux ? Le temps passé hors école ne suffit-il pas à cette radicalisation qui, si elle est bien faite, ne pourrait se voir non plus dans le milieu scolaire. Je suppose que ceux qui posent vraiment problème ne sont pas les plus démonstratifs ... Les reportages montrent clairement que les enseignants n'ont pas suffisamment de moyens pour faire face aux propos et comportements radicaux.
Des enseignants que je connais sont dépités de ne pas pouvoir agir concrètement sur la maltraitance d'enfants. Quand ils signalent, la longueur de l'administration est telle que l'année passe, qu'ils retrouvent l'enfant l'année d'après dans les mêmes conditions et que les papiers sont à refaire. La sécurité à l'école est un sujet de discussion fréquent lors du choix entre le privé et le public. Les parents sont pour le public car c'est la force d'un pays démocratique mais ils souhaitent malgré cela protéger leurs enfants des violences entre enfants. Je propose ce lien pour avoir une idée du ressenti d'enfants ayant vécu le harcèlement. Comment se sentir en confiance quand nous savons qu'un enfant sur 10 est harcelé (3 enfants par classe), un peu plus de 10% en est témoin (soit environ 25% de victimes et témoins). Ces deux catégories d'enfants auront des conséquences sur leur vie d'adulte comme cité dans cet article.
Tous les ans, nous demandons à nos enfants s'ils veulent retourner à l'école pour voir plus souvent leurs amis. Tous les ans, nous avons la même réponse. Ils sont heureux de les voir mais sont encore plus heureux de leur mode de vie. Ils ont des amis qui préfèrent rester à l'école pour voir leurs copains. La sociabilisation en quantité ne doit pas être quelque chose de forcé tout comme l'inclusion. Tous les enfants n'ont pas les mêmes envies et besoins d'être entourés d'amis tous les jours de la même manière que les adultes. Nos enfants sont heureux. Il n'y a qu'à les voir pour le savoir. Ils travaillent tous les ans avec enthousiasme et détermination pour leur avenir et avec la motivation de pouvoir continuer ainsi. Les contrôles sont les moments où l'on voit clairement qu'ils défendent ce droit de toutes leurs forces.
Le passage d'un régime déclaratif à un régime sous autorisation est une rupture d'un état démocratique où la liberté de choix existe à un état où l'obligation est de vigueur. Si les parents doivent avoir l'autorisation d'éduquer leurs enfants, de les instruire, la république devrait aller directement à la source du problème qui est: les adultes doivent avoir une autorisation de procréer. C'est le même problème mais en décalé. C'est plus choquant mais ça donne les mêmes résultats. Ce serait alors à l'état d'éduquer les enfants et non aux parents hormis ceux qui en ont l'autorisation. Où est la liberté dans les valeurs de la république pour laquelle cette loi est sensée défendre ?
Si l'on concède que le régime sous autorisation est acté, alors quelles sont les garanties à un jugement objectif pour cette autorisation ? Personnellement nous avons eu jusqu'ici la chance de recevoir des personnes qui prenaient le temps de nous écouter et nous comprendre de manière objective. Il est cependant déjà très courant que des familles soient en difficulté pour obtenir le cned réglementé ou lors de contrôles annuels par des maires ou des inspecteurs ayant des préjugés sur l'instruction en famille. Le régime sous autorisation amène alors une facilité accrue à des refus subjectifs par opinions personnelles.
Je termine avec des citations de Mill :
"Si tous les hommes moins un partageaient la même opinion, ils n’en auraient pas pour autant le droit d’imposer silence à cette personne".
"L'humanité gagnera davantage à laisser chaque homme vivre comme bon lui semble qu'à le contraindre à vivre comme bon semble aux autres."
"La seule raison légitime que puisse avoir une communauté pour user de la force contre un de ses membres est de l’empêcher de nuire aux autres. Contraindre quiconque pour son propre bien, physique ou moral, ne constitue pas une justification suffisante."
de Nozick :
"Utiliser un individu pour le bénéfice d’autres, c’est l’utiliser et en faire bénéficier les autres. Rien de plus."
Cette lettre fait suite à une première lettre qui propose une autre façon de voir l'instruction en famille :
Être parent, c'est faire de très nombreux choix. Tous nos choix viennent de notre vécu, notre entourage, nos rencontres, nos lectures, nos conditions de vie etc.
Les choix de chacun peuvent être jugés, comparés, qualifiés et presque quantifiés.
La loi est là pour protéger les individus et la communauté. Il existe une frontière entre le bien et le mal. On voit parfois clairement la différence. Tuer et soigner, voler et offrir. C'est donc aux parents d'apprendre ces interdits. Est-ce que tous les parents y arrivent ? Visiblement non. Est-ce que les meurtriers ont fréquenté l'école ? En quoi l'école serait meilleure pour empêcher la radicalisation qu'elle ne l'est pour empêcher les prochains criminels ? Ne devrions-nous pas tous arrêter de concevoir puisqu'il y a un risque d'échec ? Ou peut-être ne devrions-nous pas sélectionner les personnes pouvant être parents par catégories où il y a moins de criminels ? Nous devrions peut-être leur accorder le droit de procréer à condition d'avoir un suivi psychologique des parents et de l'enfant ? Dans quel groupe pourrions-nous faire partie : les sportifs, les artistes, les vegans, les geeks, les ouvriers, les bronzés etc; Nous appartenons tous à un groupe que nous le souhaitions ou pas. Mon groupe est celui des parents pratiquant l'école à la maison. Il va être dissout par prévention. Est-ce une raison suffisante pour interdire un choix de parents ? Un jour viendra peut-être où le groupe dans lequel vous êtes ne sera pas bien perçu par l'état. Une loi pourrait alors être conçue pour l'interdire ou le contrôler.
L'école à la maison est le meilleur choix que j'ai pu faire de ma vie. Mes enfants sont épanouis. Ils rayonnent. Ils jouent, apprennent avec volonté, font ce qu'ils aiment le plus. Ils dessinent, créent leur jeu de société, font de la musique et toutes sortes d'activités. Le bonheur est de pouvoir les voir évoluer dans leur raisonnement, leur complicité, leur confiance en eux et surtout à leur rythme. Nous avons énormément de chance de pouvoir pratiquer l'instruction en famille. En effet, l'école est un lieu où les enfants doivent s'adapter, où certains finissent par faire partie d'un groupe : celui des rouquins, des trop petits ou trop grands, des trop gros ou trop maigres, des trop intelligents des cools, des beaux, des sportif etc. En tant que parents, c'est un crève-cœur de savoir que notre enfant fait partie des groupes favorables à l'harcèlement. Certains enfants naissent avec la force de vivre confiants malgré leur différence. Pour d'autres, la confiance n'est pas assez forte, la défense n'est pas facile. Ils sont alors facilement démunis malgré les encouragements et les recherches de solutions qui sont finalement temporaires. De trop nombreuses personnes connaissent les effets de cette exclusion ou de l'harcèlement. Ils sont plus forts mais aussi plus faibles. De nombreuses familles font l'école à la maison après avoir vu leur enfant déprimer. De nombreuses le font car leur enfant a des problèmes neurologiques. D'autres encore ont envie d'une vie où leur enfant a un rythme plus calme, plus en harmonie avec la nature, plus dans le jeu, la création et énormément d'autres raisons du même ordre.
Il y a le pour et le contre. La première peur est la sociabilisation. Les occasions sont nombreuses pour rencontrer de nouveaux amis : le voisinage, les parcs, la famille, les activités artistiques, sportives, caritatives. Combien d'amis a réellement un enfant à l'école ? La deuxième est la vulnérabilité de ces enfants qui ne sont pas confrontés à la difficulté de la vie en société. Ils n'apprendraient pas à se défendre et à s'adapter. Un enfant qui prend confiance en lui grâce à l'adaptation à son rythme et par la vue de ses réussites saura mieux se défendre quand il sera adulte. La confiance est la clef d'une bonne défense. C'est un choix de parents tout comme les activités qu'ils proposent. Certains parents encourageront plus leur enfant à faire un sport de défense, d'autres, des sports plus agressifs et à l'inverse d'autres parents proposeront des sports plus doux. Tous ont des avantages et des inconvénients pour la construction de l'adulte en devenir. Est-ce que parce que nous en jugeons une meilleure pour notre enfant, l'autre ne pourrait l'être pour l'enfant du voisin. L'autre devrait-elle être interdite ? Quelle est la frontière entre le jugement et l'acceptation d'une loi interdisant ce que nous ne ferions pas mais qu'autrui juge nécessaire ? Que pourrait être un critère d'interdiction d'une pratique ? Peut-il être le nombre de musulmans la pratiquant ? Peut-il être celui de la minorité ?
Beaucoup de questions mais au final, le choix de l'école à la maison n'est pas parfaite mais celui de l'école ne l'est pas non plus. Nous ne devrions pas juger l'école à la maison tout comme l'école ne devrait pas être jugée. Chacune est totalement différente. L'une n'est pas mieux que l'autre. Elles sont toutes les deux un endroit où l'enfant doit se sentir bien et où les avantages surpassent les inconvénients afin que l'enfant puisse grandir, s'épanouir à sa façon. Il y a tant de différences sur la manière d'enseigner à un enfant. Les enfants pratiquant l'instruction en famille sont contrôlés et passent des examens tous les ans. Si ceux-ci ne sont pas convaincants, les enfants doivent retourner à l'école. Ils font beaucoup d'efforts pour continuer à avoir la chance de faire l'IEF et n'ont donc aucune raison d'être "punis".
L'islamisme ne devrait pas être un bouc émissaire. La peur de l'intégrisme n'est pas une raison suffisante pour empêcher les parents d'exprimer leur choix. L'inconnu, la différence sont aussi de bonnes raisons de créer des lois liberticides. Les familles pratiquant l'école à la maison sont pourtant des familles comme les autres pour le reste. Ils font partie d'autres groupes que ceux de l'école à la maison. Vous en connaissez peut-être sans le savoir. Ils ne sont pas parfaits, ils sont parents.
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