Suite à votre mobilisation, nous avons été reçus une deuxième fois par le rectorat. Nous souhaitons remercier M. Destrés Dasen, chargé du premier degré de l'Académie de Paris et son adjointe pour leur écoute et leur volonté d’apaisement.
Néanmoins, la situation de Lucien est aujourd'hui la même. Lucien avait réussi à reprendre les cours avec un nouvel AVS toujours non formé début février, mais après un peu plus d’un mois, l'AVS en arrêt maladie suite à un « effondrement autistique » de Lucien, a choisi de demander une réaffectation. Lucien n'a de nouveau plus accès au collège depuis vendredi 17 février 2017.
Nous sommes donc aujourd’hui à la recherche d’un ou d’une AVS formé(e) pour accompagner Lucien au quotidien.
Quelques nouvelles positives tout de même :
- À priori, Lucien devrait obtenir prochainement une place en SESSAD ce qui lui permettra d’être soutenu au sein du collège ;
- Les enseignants du collège doivent avoir accès à une formation cette semaine.
Contrairement au procès qui a pu nous être fait, par certains, nous n’avons jamais mis en cause les enseignants du collège concernant leur volonté et la qualité de leur accueil de Lucien dans leur classe, et nous souhaitons à nouveau le souligner. Nous leur laissons le soin de se forger leur propre point de vue en (re)lisant la pétition qui souligne le contraire, s’ils le souhaitent.
Un grand merci à celles et ceux qui sont intervenus ici et là (Sonia, Ali, Muriel, Marie-No, Danièle et Odile de Toupi, la FCPE pour ses retours et conseils, etc.), à tous les signataires pour votre soutien, vos commentaires réconfortants.
Le combat de l’inclusion scolaire dépassant largement le cas de notre Lucien, nous sommes de tout cœur avec tous ceux qui, aujourd’hui, sont dans la même situation que Lucien et pour qui, comme nous, le combat est devenu quasiment le quotidien…
Nous continuerons donc à œuvrer pour le respect des droits de Lucien !
Madame La Ministre, Monsieur le Recteur,
Notre fils Lucien 12 ans, a été diagnostiqué autiste en 2011. Il a toujours été scolarisé en milieu ordinaire sans et avec AESH (AVS).
Il fait l'objet aujourd'hui d'un refus de scolarisation du collège Lucie Faure auquel il a été affecté. Nous vous sollicitons donc pour faire cesser cette situation de discrimination qui va à l'encontre même de la loi et qui perturbe la vie de notre fils.
Lucien a été scolarisé sept ans à Poissy, dans les Yvelines, sans soucis majeurs. Ce n’est qu’à partir du CE1 q’il a commencé à être accompagné par une AVS sur l’année. Celle-ci changeait, hélas, chaque année, mais du fait de son contrat. Suite un déménagement à Paris en 2015, les conditions de sa scolarisation, se sont considérablement compliquées, avec une année de CM2 dans une école clairement peu accueillante vis-à-vis du handicap et une enseignante qui a fait passer à Lucien "la pire année de sa vie » (dixit ce dernier).
Malgré cette année de CM2 en pointillés, scolairement parlant, avec plus d'absences que de présences en classe, son niveau scolaire n'a, fort heureusement, pas été affecté et il a intégré en milieu ordinaire une classe de 6e, par dérogation, dans le collège Lucie Faure qui comportait une classe ULIS Ted.
En effet, nous pensions que du fait de la présence de cette classe ULIS TED, dans cet établissement les enseignants seraient sensibilisés à l'autisme et l’administration plus accueillante.
Malheureusement l'équipe administrative qui nous a accueillis, pleine de bienveillance en fin d'année scolaire 2015-2016, devait changer à la rentrée...
Nous avons donc, sur les conseils de la précédente équipe de direction, contacté la nouvelle équipe administrative un peu avant la rentrée pour anticiper l'arrivée de Lucien. Malheureusement nous avons été confrontés à une fin de non-recevoir de la part de cette dernière, trop occupée par la rentrée.
Lucien a donc fait la rentrée sans qu'ils ne le connaissent et en se voyant attribuer un AVS qui ne savait rien de l'autisme, dont les comportements non appropriés face à ce type de handicap ont rendu toute relation avec Lucien impossible.
Après une semaine cet AVS a donc été réaffecté et nous nous sommes retrouvés dans le bureau de la nouvelle principale adjointe qui a décidé arbitrairement de diminuer le temps de présence de Lucien au collège.
Exit les cours de sports (4h). Dommage pour Lucien qui bon nageur se faisait une joie d'aller à la piscine...
Dans un second temps, la nouvelle direction a eu la grande idée de remanier la classe mixte de Lucien. Composée d'enfants "option bilingue" et d’autres élèves "sans option", cette mixité de profils permettait notamment un grand nombre d'heures de cours en demi-groupe. Ce qui était très favorable à Lucien, mais également aux autres élèves neurotypiques.
Exit donc le travail en petits groupes et de nouvelles têtes à intégrer pour notre fils autiste dans sa nouvelle classe, dont le premier conseil de classe dira qu’elle est devenue, après sa réorganisation, extrêmement bruyante et agitée…
En l'absence d'AVS, c'est son papa qui l'a accompagné pendant quinze jours. Ce qui a permis de démontrer que Lucien avait toute sa place en milieu ordinaire. Lucien a eu de très bons résultats (notes entre 19 et 17), a été élu délégué de sa classe par ses pairs. L'équipe d'enseignants a été très accueillante et volontaire dans l'inclusion de Lucien, même si elle regrettait de ne pas être sensibilisée à la problématique de l'autisme et s’inquiétait de se retrouver démunie en termes de réponses à apporter en cas de situation de crise.
Puis une AVS a enfin été nommée, qui n'avait aucune formation et aucune connaissance concernant l'autisme, le papa de Lucien est resté une semaine avec elle, pour lui montrer comment faire.
Après le départ de son papa, Lucien a été victime des quolibets et provocations de la part d'une élève appartenant à une autre classe pendant les temps de recréation, ce qui a provoqué des réactions compliquées à gérer sur les temps de cours qui suivaient ces provocations. Lucien en grand stress a vu ses résultats scolaires baisser (moyenne passée à 15,5), et a fini, un jour, dans un état d'anxiété avancé par insulter son professeur de mathématiques. Une sanction a été posée, il a été exclu une demi-journée.
Nous avons interpellé le collège par écrit pour contester cette sanction et faire cesser la situation de harcèlement, rien ne s'est fait, la situation a perduré.
L'AVS n'a pas su, du fait son absence de formation, gérer les situations d'anxiété que cela produisait pour Lucien. Elle s'est retrouvée quelques fois prise à partie verbalement et physiquement par Lucien, qui systématiquement s'excusait après coup auprès d'elle. Finalement se sentant trop fortement en situation d'échec, elle a fini, après moins de deux mois de présence auprès de notre fils, par être réaffectée.
Le papa de Lucien est revenu « faire l'AVS » et tout s'est de nouveau bien passé. En lien avec la documentaliste du collège, il a fait cesser le harcèlement en discutant avec l’élève en cause.
Puis les vacances de Noël sont arrivées, et nous avons appris qu'une nouvelle AVS serait nommée début janvier, mais que le papa de Lucien n'était plus souhaité au collège... C'est la conseillère en charge de la scolarisation des enfants en situation de handicap, Mme Faure-Fillastre, qui par mail nous indiquait qu'à l'avenir aucun des parents de Lucien ne pourrait intervenir au sein du collège.
Lucien n'a pas pu rencontrer sa nouvelle AVS avant la reprise des cours. Celle-ci n'ayant pas signé son contrat à la rentrée, la direction du collège a refusé l’accès au collège à Lucien durant les deux premiers jours de la rentrée. Puis l'AVS est enfin arrivée et c'est donc le médecin scolaire qui s'est chargé de la supervision de la nouvelle AVS. Après moins d'une semaine auprès de Lucien, cette troisième AVS demandait sa réaffectation.
Il nous a alors été notifié par la direction du collège, on ne peut plus courageusement, par mail, que sans AVS Lucien ne pouvait plus être accueilli au collège.
Depuis vendredi 20 janvier 2017, la scolarité de Lucien est donc mise en péril, car il n'a plus accès au collège, aux cours et à ses camarades de classe, et ce en toute illégalité de la part de l’établissement.
En effet, la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation de la citoyenneté des personnes handicapées et la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République du 8 juillet 2013 imposent la scolarisation des enfants en situation de handicap et préconise l'inclusion scolaire en milieu ordinaire.
Nous vous demandons donc, Madame la Ministre, Monsieur le Recteur, d'intervenir auprès de la direction du collège Lucie Faure pour que cette dernière respecte la loi et que vous fassiez cesser le déni de scolarisation dont est, aujourd’hui, victime, notre fils.
Espérant que notre demande sera entendue et que vous saurez agir rapidement pour le bien de notre enfant, nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, Monsieur le Recteur, nos sincères salutations.
Anne et Denis FEVRIER