Mettre fin à un drame quotidien
Qu’ils s’appellent Thybault, Dinah, Chanel, Evaëlle, Alisha, Marjorie ou encore Marion, ces enfants ont mis fin à leurs jours parce qu’ils souffraient de harcèlement scolaire. Ce phénomène dramatique s’accompagne d’un mal français : un laxisme sans précédent face à un fléau de société qui tue. En France, en 2021, 19 enfants ont trouvé la mort après avoir été victimes de harcèlement scolaire.
Le harcèlement touche, en France, un million de jeunes chaque année, soit un jeune sur dix, qui sont autant de citoyens. Il concerne également leurs familles, leurs proches, leur entourage. En tant que citoyens, nous sommes tous concernés.
Nos jeunes, nos enfants, sont des citoyens au même titre que nous, adultes, majeurs. Nous leur devons tout autant de protection et de sécurité, si ce n’est d’autant plus.
Pour mettre fin à ce drame quotidien qui se joue dans nos écoles et dans nos foyers, nous appelons à la création d’un délit de harcèlement scolaire.
D’une part, pour que la victime soit reconnue dans ce statut, et n’erre pas dans les méandres psychologiques qui pourraient la mener à se poser elle-même en cause initiale de la situation, à se sentir coupable ou responsable de sa persécution. Mais également pour que l’accompagnement soit réel. Un parcours de soins coordonnés financé par la Sécurité Sociale permettrait de concrétiser cet accompagnement. Les soins et séances thérapeutiques sont coûteux, nombreux et nécessaires à la reconstruction des victimes. Ils doivent être accessibles.
500 euros par mois, c’est le coût estimé pour un accompagnement pluridisciplinaire complet. Les familles françaises ne peuvent pas et ne doivent pas supporter ce coût.
De l’autre, c’est pour l’auteur des faits de harcèlement scolaire et sa famille, un moyen de comprendre qu’une certaine ligne rouge a été franchie. Mais c’est aussi, pour l’enfant, grâce à une sanction constructive, le chemin vers une compréhension de soi-même et d’autrui. Il s’agit de saisir l’importance, de respecter les êtres, d’appréhender un mal-être et de découvrir d’autres moyens que la violence pour l’exprimer.
Car oui, le délit de harcèlement scolaire doit prévoir une peine et un accompagnement adaptés pour l’auteur des faits : l’obligation de soins thérapeutiques, la réalisation de travaux d’intérêt général ou encore le suivi d’un stage de sensibilisation dédié au harcèlement scolaire.
Pour toutes ces raisons, nous appelons à la création, au plus vite, du délit de harcèlement scolaire.
Parce qu’il n’est pas tolérable qu’un enfant souffre en allant à l’école, au collège, au lycée, ou durant ses études. L’école doit être le lieu de l’épanouissement, de l’apprentissage. Parce que « chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne », disait Victor Hugo.
Chaque jour, des faits de harcèlement scolaire restent impunis en France. L'Association HUGO !, qui lutte depuis 2018 contre le harcèlement scolaire, reçoit des centaines et milliers de témoignages et appels à l’aide.
De ces expériences, nous tirons plusieurs enseignements.
D’abord que les seuls condamnés, ce sont les victimes et leur famille. Condamnés à souffrir, à porter le fardeau de la douleur psychologique et physique.
Nous retenons également l’impunité dans laquelle vivent les auteurs des faits de harcèlement. Impunité qui les mène à reproduire leurs actes de victime en victime, à ne pas comprendre et mesurer l’impact et la gravité de leurs agissements.
Enfin, nous discernons, dans la plupart des cas, la souffrance dissimulée dans laquelle vivaient les auteurs de faits de harcèlement scolaire : ils sont, pour la plupart, d’anciennes victimes de harcèlement scolaire.
C’est fort de ces enseignements, qu’aujourd’hui, nous en appelons solennellement, comme bon nombre de citoyens, de décideurs publics, et d’acteurs français de la lutte contre le harcèlement scolaire, à la création d’un délit de harcèlement scolaire ancré dans la loi.
Plus globalement, nous appelons à une mobilisation générale, dès 2022, autour de la lutte contre le harcèlement scolaire à travers la labellisation du sujet comme Grande Cause Nationale et la formulation d’engagements forts de la part des candidats à la Présidence de la République.
Nous appelons à un sursaut de notre société pour la protection de notre jeunesse, qui est notre avenir.
Parce que nos jeunes, nos enfants le méritent.
Parce que ce seront les adultes de demain.
L’Association HUGO !
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