Nous Professionnel(le)s du service d’Aide Educative en Milieu Ouvert de l’Eure et Loir dénonçons aujourd’hui les conditions d’exercice de nos missions.
Les décisions prises par le Conseil Départemental nous mettent dans l’impossibilité d’assurer pleinement la protection des enfants pour lesquels nous sommes missionnés.
Le département réduit le nombre de places en Maison d’Enfants à Caractère Social et refuse de financer les placements hors département. Ainsi, la protection d’un enfant n’est plus assurée dès lors que son placement s’avère nécessaire.
Cette gestion politique et comptable entrave le respect des décisions de justice prononcées par le Juge des Enfants. Des ordonnances de placement restent trop souvent inappliquées. La loi s’en voit discréditée et les enfants demeurent en situation de danger. L’AEMO, dans ces circonstances devient insuffisante voire inopérante. Ainsi, il nous arrive régulièrement de demander l’intervention d’un TISF (Technicien en intervention sociale et familiale) qui ne peut en aucun cas pallier un placement. Ce contexte met à mal l’ensemble des intervenants auprès de l’enfant et génère un épuisement et une perte de sens de l’action éducative. Il est aussi de plus en plus fréquent que des adolescents privés d’une réponse éducative soient pris en charge par le pénal voire orientés vers des structures pénales.
Cette même gestion comptable nous interdit aujourd’hui d’inscrire des jeunes bénéficiant d’une AEMO dans des structures de remobilisation scolaire, d’accueil séquentiel, comme le Pôle de Jour qui aide à réinvestir une scolarité ou débuter une formation. Par sa politique de restriction budgétaire, le Conseil Départemental refuse de financer ce qu’il considère comme étant une double mesure depuis janvier 2016. AEMO et ces dispositifs assurent des missions en tous points différents et ne sont pas des mesures interchangeables !
Par ailleurs, il est certain qu’en accompagnant 32 enfants, alors que la moyenne nationale est de 26 et de 25 dans les Yvelines, il nous est impossible d’accomplir l’ensemble de nos tâches à savoir : rencontrer chaque mois chacun des parents, le ou les enfants, les tiers dignes de confiance, de faire le point avec les partenaires que sont les écoles, les centres médico-psychologiques, les assistantes sociales de secteur, les TISF… et encore de rédiger nos rapports éducatifs, notes d’information, comptes rendu d’entretien, dossiers de demande d’admission, CASEL…, d’organiser nos réunions de synthèse, pallier l’absence récurrente d’éducateur référent de l’Aide Sociale à l’Enfance, d’assurer les trajets pour intervenir auprès des familles, etc..
C’est aujourd’hui un véritable projet de société que nous voulons interroger. A l’heure où la précarité et l’insécurité de notre société ne cessent d’augmenter avec les risques d’embrigadement des plus fragiles, créant par ricochet des situations de plus en plus enkystées, nous revendiquons l’obtention de tous les moyens nécessaires pour accompagner au mieux les enfants en situation de danger.
Nous demandons
1. Une révision du schéma départemental pour endiguer une vague de suppression de places en MECS mieux, une augmentation des places d’accueil en MECS et le retour aux placements hors département :
- Il est nécessaire que nos évaluations des situations soient prises en compte, et nous déplorons que l’ASE plaide pour un maintien de l’enfant dans sa famille, faute de place d’accueil en structure. Qu’en est-il de la reconnaissance du danger encouru par l’enfant ?
- Il est impératif que les placements ordonnés par le Juge des Enfants soient exécutés dans les temps. Actuellement, la protection de l’enfance n’assure plus sa mission première et la loi s’en trouve discréditée.
2. Une diminution du nombre de mesures éducatives par travailleur social qui soit en conformité avec la moyenne nationale.
3. La considération de l’enfant dans sa dignité et non comme un simple prix de journée :
- L’accueil au Pôle de Jour doit être de nouveau considéré comme complémentaire au suivi AEMO (judiciaire) /AED (administratif).
- Des projets innovants en faveur de l’enfant, tels que l’AEMO/AED renforcée sur tout le département, des AEMO avec hébergement, des placements à domicile, doivent être étudiés.
Il s’agit de penser l’accompagnement de l’enfant dans sa globalité en respectant son évolution et proposer des moyens adaptés à chaque étape de sa construction.
Nous faisons un appel à la signature de notre pétition avant le 31 décembre 2016, en vue d’une mobilisation début 2017.
Nous vous invitons à diffuser largement ce document auprès de votre entourage, de vos partenaires et de vos contacts.
Merci de votre attention.
Vous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
Sachez que vous pouvez vous désinscrire dès que vous le souhaitez.