Mesdames, messieurs,
Nous constatons que le climat général du lycée depuis le début de cette année scolaire s’est considérablement dégradé. Nous dénonçons une pression constante exercée à tous les niveaux, la dévalorisation quotidienne dont font preuve des professeurs mais surtout l’inaction et le déni de l’administration face à une situation sanitaire critique.
Dans une classe de trente-cinq élèves de première, trente-trois affirment être angoissés par la charge de travail, vingt-quatre ont des difficultés à trouver le sommeil et dix-huit certifient avoir déjà été humiliés et rabaissés par des professeurs. Ce sondage, bien qu’il n’ait été effectué qu’à l’échelle d’une classe, est représentatif du sentiment que partage l’ensemble des lycéens.
Nous étions conscients de l’élitisme du lycée que nous placions en premier choix à la fin de notre troisième, mais à aucun moment nous avons consenti à fournir une telle quantité de travail au détriment de notre santé psychique. Cette « culture du stress » crée un sentiment d’isolement et d’épuisement Les élèves ne dorment plus, ne mangent plus, ne vivent plus par peur de l’échec certes mais aussi par peur de leurs professeurs. Or vous le concéderez un professeur ne devrait pas inspirer un tel sentiment. Il faudrait comprendre tout, tout de suite, il faudrait avoir une détermination inébranlable des capacités et des résultats invariables, un intérêt constant et une curiosité intellectuelle infinie.
Vivacité, pertinence, humour et sérieux, mais en réalité travail acharné exigé.
Maintenir ce niveau d’exigence voire l’accroître au prétexte du temps supplémentaire dont les élèves bénéficient, ne peut conduire qu’à plus de souffrance chez les élèves.
Nous ne voulons plus voir nos amis partir en hôpital psychiatrique car le stress que les cours leur procuraient n'était plus supportable. Nous ne voulons plus voir nos camarades sombrer dans de diverses addictions comme l'alcool, le tabac et même les drogues dures. Nous ne voulons plus avoir a réconforter des étudiants en train de pleurer dans les couloirs à cause des cours.
Nous ne voulons plus faire des crises d'angoisse au lycée.
Nous ne voulons plus nous empêcher de dormir, de manger ou même de passer du bon temps car nous sommes surchargés de travail. Nous ne voulons plus.
Nous souhaitons un accompagnement personnel plus développé : une psychologue scolaire plus présente, la création de clubs de soutien aux élèves en difficulté, la création de groupes de parole pour les élèves qui souhaitent partager leur expérience, une réduction de la charge de travail ne serait-ce que pendant cette période que nous savons difficile pour vous autant que pour nous, mais aussi et surtout une modification de l’enseignement de certains de nos professeurs que nous ne pouvons plus accepter. Ces vacances d’hiver interviennent à point nommé, mais ne suffiront pas à nous remettre d’aplomb pour la rentrée de Janvier si aucune mesure n’est prise.