Je vous écris cette lettre car vous avez assuré que votre second quinquennat serait celui de la protection de l’enfance. Et parce que les nombreuses mesures que vous avez déjà mises en place sont peu ou pas efficaces.
-19 enfants victimes de harcèlement scolaire se sont donné la mort, en 2021, en France.
– De nombreux enfants ont tenté de se suicider. Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes. Face à ce constat alarmant, il nous a semblé primordial, par le biais de notre fondation d’entreprise, dont la mission est de promouvoir et d’agir pour la prévention santé, d’identifier les causes du mal-être chez les jeunes et les solutions de prévention adaptées à mettre en place, a fortiori dans le contexte de crise sanitaire que nous traversons. C’est pourquoi nous avons voulu interroger directement les jeunes avec l’aide du média JAM afin de donner la parole aux premiers concernés. Le harcèlement à l’école et via les médias sociaux (70 %) est la première cause de pensées suicidaires. Un sujet qui sera au cœur de nos futures réflexions.
Caroline Desaegher, Déléguée Générale de la Fondation d’entreprise Ramsay Santé
– Il faut ajouter à tout cela les enfants victimes de harcèlement scolaire qui sont hospitalisés dans des centres spécialisés ! J’ai même découvert qu’il existait des Centres "Chagrin Scolaire".
Vos mesures, Monsieur le Président :
LE PROGRAMME pHARe : Les écoles peuvent et pas doivent l’appliquer !
Et quand on voit en quoi consiste réellement ce programme, on peut comprendre que son application demeure complexe.
Une des mesures du programme pHARe est de réunir tout le personnel scolaire ; les enseignants, les animateurs, les AESH, etc., autour d’une table, pour prévenir le harcèlement scolaire. Afin d’avoir dans chaque école, 5 adultes formés au harcèlement scolaire; une mesure à mettre en place bien trop compliquée. Car TOUTES CES PERSONNES SONT DÉJÀ SURCHARGÉES DE TRAVAIL. De ce fait, principalement, les enfants sont victimes de l’aveuglement, de l’impossibilité ou de l’impassibilité des adultes, car ils sont souvent débordés. Tous les cas de harcèlement scolaire découlent d’un dysfonctionnement du comportement des adultes. Tout le monde voit qu’un élève est isolé, un peu chahuté, un peu taquiné, etc., mais tout le monde attend pour agir car tout le monde attend que cela soit considéré comme du harcèlement. ON NE PEUT PAS ATTENDRE POUR AGIR !
Vous prenez souvent des mesures qui concernent les collégiens, car c’est là que les cas les plus dramatiques défraient la chronique. MAIS SI NOUS REGARDONS LES CHIFFRES DE PRÊTS...
Environ « un enfant sur dix » est victime de harcèlement scolaire : 12 % en primaire, 10 % au collège et 3 ou 4 % au lycée. Évidemment, il n’y a aucun chiffre connu sur le harcèlement (il est difficile de parler du mot harcèlement en maternelle, car l'enfant si jeune n'a pas conscience du mal qu'il fait, mais on peut agir sur le vivre ensemble) qui sévit dès l’école maternelle. Car cela dérange.
On peut constater que c’est à l'école primaire que l'on compte le plus grand nombre d’élèves harcelés et harceleurs. C’est en primaire que se dessinent les prémices des drames qui auront lieu au collège.
Il serait judicieux que des intervenants extérieurs et formés au harcèlement scolaire soient présents dans chaque établissement scolaire. Et ce dès la maternelle. On peut très bien imaginer que deux personnes (pour être certain que si l’une est absente pour cause de maladie ou pour une autre raison, il y ait toujours un adulte présent, pour prévenir le harcèlement) prennent en charge une école maternelle et primaire. En y étant présente toute la journée d’école. Elles seraient chargées de surveiller la cour de récréation, les pauses méridiennes, car c’est là que se déroule le plus souvent le harcèlement. Elles animeraient des ateliers de bienveillance, de prévention, de sensibilisation. Les enseignants feraient des groupes de 7 à 10 élèves, pour assister aux ateliers. Afin qu’ils soient bien compris et que chaque élève puisse y participer sereinement. Mettons-leur une boîte à disposition où ils pourraient écrire ce qu’ils n’osent pas dire. Et comme un élève est rarement seul, qu’il soit inscrit sur cette boîte « *je partage mes joies et mes peines », ainsi si l’élève est vu en train d’y glisser un mot, personne, à part lui, n'a connaissance de ce qu'il a souhaité partager. * On peut lancer l'idée, pendant le premier atelier, qu'un élève peut partager un super moment familial ou scolaire.
Et LES PARENTS ? Qu’ils soient parents d’élèves harcelés ou harceleurs, il faut les accompagner, les responsabiliser. Leur dédier un espace à l’école où ils pourront venir parler et s’informer. Car leur RÔLE est PRIMORDIAL. Et souvent, malheureusement, leurs démarches, dans le cadre du harcèlement, faute de connaissances (notamment celles concernant les plateformes que vous avez mises en place), et de vraies solutions apportées, aggravent les situations plus qu’elles les apaisent.
CES DISPOSITIFS SERAIENT ONÉREUX MAIS BIEN MOINS QUE TOUT CE QUI EST MIS EN ŒUVRE POUR RÉPARER LE MAL FAIT AUX ENFANTS. POUR PRENDRE EN CHARGE DES ADULTES BRISÉS, PAR UNE ENFANCE DIFFICILE. (TOUT LE MONDE NE DISPOSE PAS DE CE CADEAU DONT PARLE SI SOUVENT Boris Cyrulnik, LA RÉSILIENCE). SANS COMPTER CET ASPECT FINANCIER, N’OUBLIONS JAMAIS QUE VOUS ET NOUS, NOUS SOMMES TOUS RESPONSABLES DES ENFANTS. ILS SONT LA FRANCE DE DEMAIN.
Et pour en venir à la loi Balanant chaque fois qu’elle sera appliquée il sera, alors, déjà trop tard. Le mal aura été fait. ET NOUS AURONS UNE FOIS DE PLUS ÉCHOUÉ DANS NOTRE RÔLE DE PRÉVENTION.
J’ai travaillé en qualité d’animatrice périscolaire, dans de nombreuses écoles maternelles et primaires, et une en particulier. J’ai vu tant de choses qui m’ont effrayée (et bien avant que ce fichu virus complique tout). Je réalisais des ateliers pour enfants, ( et réalise encore, mais dans un autre cadre) pour leur donner le goût de la littérature, qui est pour eux, et selon moi, le meilleur des outils pour mieux comprendre la vie qui les entoure. Pour grandir. Pour apprendre. Pour s’amuser, voyager, pour... ce qu’ils désirent. Être seul, ou avoir des amis... Des ateliers de bienveillance et de lutte contre le harcèlement. Des ateliers créatifs. Etc. Seule, je me suis, dans le cadre solaire, retrouvée souvent seule, face à ma volonté d'accompagner sereinement et efficacement les élèves. Enfin presque. Car entourée de livres, de crayons, de feuilles, etc., je n'étais, face et avec les élèves, jamais seule.
Pour terminer, je sais que l'on va me dire qu’il faut des années à la France pour rattraper son retard en matière de lutte contre le harcèlement scolaire. Mais, Monsieur le Président, entre 2019 à 2022, vous avez mis de vraies mesures en place. Pas suffisamment efficaces, pour stopper le harcèlement. Mais elles ont le mérite d’exister. Vous pouvez aller plus loin et plus vite que vos prédécesseurs. Chaque jour perdu est un jour de trop. Un jour de plus où nous verrons de nouveaux élèves harcelés ou harceleurs.
Je vous prie Monsieur le Président de bien vouloir agréer l’expression de ma haute considération.
Mme A. ANDIAZABAL.
Présidente de l’association L’Enfance Blanche Jaune Verte.
Biarritz, le 22 août 2022
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