Madame La Ministre,
Je suis assistante d’éducation dans un collège breton de 600 élèves depuis la rentrée 2010. Très investie dans mon travail, je tenais à vous alerter sur la situation précaire et « hors norme » de notre statut au sein de l’Education Nationale.
Il est loin le temps où les surveillants, les « pions » (souvent étudiants) tentaient de maintenir le calme dans des salles de permanence bondées.
Aujourd’hui, la surveillance et l’application du règlement intérieur ne représente plus l’essentiel de notre temps de travail. Au sein d’un établissement, la vie scolaire a un rôle primordial. Le bureau est le cœur du collège, c’est là que se créent les liens entre les élèves, les familles, et l’équipe pédagogique. Nous travaillons en relation étroite avec les professeurs, l’assistant social, les infirmières et bien sûr avec le CPE et la direction. Nous participons pleinement au projet d’établissement, participons aux PPRE et autres soutiens scolaires en groupe ou individuels. Nous proposons, organisons et gérons des activités sportives ou culturelles (club lecture, journal, sport, théâtre, chant, groupe de travail, préparation au DNB…), en lien avec le programme scolaire.
Les projets sont nombreux, et il est important de noter notre rôle dans la lutte contre le harcèlement à l’école et le décrochage scolaire, thèmes chers à votre ministère. Notre présence au plus près des élèves nous permet d’être, la plupart du temps, ceux qui repèrent les difficultés que peuvent rencontrer certains collégiens. Nous signalons puis, avec l’équipe pédagogique, nous mettons en place les solutions adaptés aux problèmes (parfois multiples et douloureux) pour permettre à un élève d’avoir les mêmes chances de réussite que les autres.
Tout ceci est un bref résumé de ce qu’est un assistant d’éducation.
J’ai reçu, comme l’ensemble du personnel de l’Education Nationale, vos différents mails nous informant de votre programme, de vos projets. A aucun moment je n’ai lu une ligne sur notre travail. Ce qui me fait penser que, peut-être vous n’avez pas pris en compte le rôle que nous avons déjà au cœur des établissements, et surtout l’opportunité que représente notre présence. Cet « oubli » peut avoir, à mon sens, différentes raisons :
- Notre statut : un contrat de 3 ans, renouvelable 1 fois maximum, ne permet pas une pérennité des projets, entraîne une perte de temps et d’efficacité et provoque, souvent, un manque de motivation et d’investissement,
- Le manque de formation : quelques soient les parcours scolaires ou universitaires des assistants d’éducation, il n’existe aucune formation nous permettant d’améliorer notre travail, notre soutien aux élèves et aux familles,
- Le manque de liens : un assistant d’éducation travaillant en ZEP n’a forcément pas la même approche que celui qui exerce dans une petite ville de campagne.
Au jour d’aujourd’hui je n’ai absolument aucune idée de la façon dont fonctionne la vie scolaire de l’autre collège de secteur de ma commune, alors qu’un échange d’expériences ne pourrait que nous faire évoluer.
Concrètement, alors que l’Education est une priorité nationale, j’estime important, au-delà de ma situation personnelle, de faire évoluer le statut d’assistant d’éducation. Dans une période de contrainte budgétaire il n’est pas forcément question d’obtenir une titularisation (bien que les AVS l’aient obtenue…), mais au moins la possibilité de poursuivre notre travail au-delà de 6 ans et, pourquoi pas, à terme, avec la création d’un concours en voie interne titulariser les assistants d’éducation (en terme de coût, nous sommes déjà en poste…). De plus, il est temps de professionnaliser le travail des AE en les formant au moins en tant que moniteurs éducateurs pour que ce qui a longtemps été un job d’étudiant devienne ce qu’il est réellement aujourd’hui : un métier.
Je vous remercie de votre attention et vous prie de croire, Madame La Ministre, en mes plus respectueuses salutations.
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LA PRESSE EN PARLE :
- Article de Ouest France
«Manif à Rennes. Les assistants d’éducation devant le rectorat»
- Reportage France TV Bretagne :
cliquez ici. 
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