Laissez libre le Dr. Charles Onana !
Nous, Congolais disséminés à travers la planète, avons découvert avec stupeur et indignation, par un article signé par Raphaël Doridant intitulé « Charles Onana mis en examen », qu’une plainte a été déposée en justice en France contre le politologue, journaliste et écrivain franco-camerounais, et ce pour « négationnisme ».
Le but de cette action initiée par l’association Survie, très proche du régime de Kigali, n’est autre que de tenter de museler l’un des rares journalistes et écrivains en France à avoir enquêté courageusement sur les tragédies survenues dans la région des Grands-Lacs africains (Rwanda, Burundi et RDC, notamment) depuis le début des années 1990s et dans lesquelles l’implication du chef de l’État rwandais et son armée ne fait aucun doute. La commission d’enquête des Nations Unies de juin 1998, le Rapport Mapping (2010) et plusieurs autres, se basant sur un examen minutieux des preuves, établissent clairement que les atrocités commises principalement par Paul Kagame et son armée « pouvaient être considérées comme des actes de génocide », si elles étaient prouvées devant les juridictions compétentes. Bref, les thèses défendues par le chercheur Charles Onana relèvent des questions soulevées autant par les instances de l’ONU, des sociétés civiles (non-inféodées) de la sous-région des Grands-lacs que par la communauté scientifique…
En traquant inlassablement la vérité sur l’attentat terroriste dans lequel furent tués deux chefs d’État africains en exercice, Charles Onana fut le premier à publier un ouvrage en 2005 sous le titre « Les secrets du génocide rwandais, enquête sur les mystères d’un président ». Cette enquête journalistique fouillée qui imputait au FPR et à M. Kagame la responsabilité de l’attentat contre l’avion présidentiel avait déjà valu à l’époque une plainte de l’État rwandais et de Paul Kagame contre M. Onana. Mais, avant la tenue du procès, les plaignants avaient retiré leur plainte devant les preuves solides et accablantes déposées par les avocats d’Onana. Sauf que depuis lors, en poursuivant ses recherches solidement documentées sur les enjeux cachés de la guerre du Rwanda, publiant près d’une dizaine d’ouvrages sur le sujet, le Dr. Onana était devenu un homme à abattre pour le régime de Kigali et ses relais occidentaux dont Survie fait partie.
Il est important de souligner que l’ouvrage « La vérité sur l’opération Turquoise » qui est aujourd’hui attaqué est le fruit de la thèse de doctorat défendue par Charles Onana en 2017 à l’université de Lyon devant un jury international qui en a reconnu toutes les qualités scientifiques. Dans ce livre, l’auteur explore justement l’un des enjeux géopolitiques majeurs de la guerre du Rwanda de 1994, à savoir : faire avancer, via le rôle de « proxy », l’intérêt des États-Unis pour les immenses richesses naturelles de la République démocratique du Congo. Le Congo en a payé un lourd tribut en termes de millions de morts, de viols, massacres et de pillage éhonté de ses ressources, ce dont témoigne entre autres le « rapport Mapping » des experts de l’ONU qui démontre le rôle de l’APR et de Paul Kagame dans ces crimes de guerre, crimes contre l’humanité et probablement crimes de génocide commis au Congo, au moins jusqu’en 2003.
Il est clair que de la tragédie rwandaise de 1994 « reste un certain nombre de zones d’ombre ». Les enquêtes du docteur Onana apportent une contribution importante qui ne peut que déranger ceux/celles dont la conscience ne serait pas tranquille pour des raisons faciles à constater. Par ailleurs, comme le fait observer René Lemarchand (« Rwanda : État des recherches » (2013 : https://www.sciencespo.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/fr/document/rwanda-etat-des-recherches.html), « la prise de Kigali par le FPR (Front Patriotique Rwandais) de Paul Kagame, le 4 juillet 1994 a marqué la fin des tueries de Tutsi, mais non celles de Hutu. De même qu’au cours de la guerre civile, de nombreux civils hutus avaient été délibérément massacrés par les troupes du FPR – un fait confirmé par le rapport Gersony, du nom du fonctionnaire des Nations Unies qui a enquêté sur les tueries –, après la défaite des génocidaires, un nombre encore plus élevé de Hutu ont perdu la vie à l’intérieur et à l’extérieur des frontières du Rwanda du fait du FPR (Alison Des Forges, Aucun témoin ne doit survivre : le génocide au Rwanda, 1999, 726-34).
Nous dénonçons les tentatives d’instrumentalisation de la justice destinées à faire diversion sur les crimes de Kagame au Rwanda et au Congo, en voulant faire taire l’un des rares chercheurs le plus rigoureux sur la tragédie dans la région des Grands Lacs qu’est Charles Onana. On ne peut que s’interroger : pourquoi veut-on taire la recherche de la vérité sur une tragédie qui contient encore des questions irrésolues et dont les mêmes acteurs impliqués jadis au Rwanda continuent à endeuiller la région des Grands Lacs en toute impunité à ce jour ? Nous exhortons les juges français à dire le droit en toute indépendance, et d’assurer à Charles Onana, à qui nous exprimons notre sympathie et notre total soutien, la liberté de poursuivre ses investigations sur ce sujet qui n’a pas livré tous ses secrets à l’humanité.
Le comité de soutien de Charles Onana.
Vous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
Sachez que vous pouvez vous désinscrire dès que vous le souhaitez.