Face à la propagation rapide de l'épidémie de Coronavirus COVID 19, la France, à l'instar d'autres pays comme la Chine ou l'Italie, a pris la décision de mettre en oeuvre des mesures de confinements rigoureuses largement justifiées par le principe de précaution et par la gravité et l'urgence de la situation sanitaire. Ces mesures de protection parfaitement légitimes ont entraîné, entre autres choses, une diminution considérable des déplacements et de la mobilité en général (celle des marchandises et celle des personnes en particulier) et un fort ralentissement de l'activité économique.
Dans ces circonstances, sinon inédites, du moins exceptionnelles, nous pensons qu'il est souhaitable et même impératif – et c'est justement l'objet du présent appel – de mesurer de manière impartiale et scientifique l'impact écologique du ralentissement économique entraîné par le confinement, et d'en tirer sans délai toutes les conséquences qui s'imposent sur le plan politique.
Le confinement est apparu en effet comme le contraire exact de la mobilité, ce principe cardinal de l'idéologie libre-échangiste qui est devenu depuis les années cinquante "le premier impératif catégorique de l'ordre économique" (Kristin Ross). Il s'est opposé, dans sa logique même, et en ce moment pour des raisons évidentes de prophylaxie, à une organisation socio-économique fondée principalement sur la libre circulation des biens et des personnes, sur la consommation de masse et le tittytainment, et bien entendu sur l'industrie touristique. Et il limite automatiquement le recours à ces outils de prédilection de la mobilité que sont la voiture et l'avion, réduisant d'autant les émissions de gaz à effet de serre responsables du dérèglement climatique.
Certes, en l'état actuel, faute d'une véritable relocalisation des activités humaines et d'une restructuration physique et sociale complète de nos conditions matérielles d'existence, le confinement apparaît comme une sorte d'exode à l'envers, de relocalisation à marche forcée à base d'assignation à résidence et de contrôle policier, une forme de protectionnisme extrême qui, s'il génère probablement de considérables et salutaires économies d'énergies (fossiles notamment), donne aussi à voir et à éprouver la réalité concrète de cette fameuse vie "sans contact" que l'on cherche par ailleurs, en temps "normal", à nous imposer par tous les moyens – du télétravail au compteur Linky, en passant par la carte bancaire sans contact et la vente en ligne.
Et la réalité concrète de cette vie "sans contact" (ou plutôt "vie" sans contact), c'est l'isolement, la solitude, le repli sur soi individualiste et dans certains cas la pénurie, sur fond de surveillance généralisée et de maintien de l'ordre ; en somme, elle ressemble comme deux gouttes d'eau (les dernières) à ce désert qui, dit-on, gagne chaque année un peu plus de terrain et qui n'est rien d'autre, à plus ou moins court terme, si du moins nous ne faisons rien ici et maintenant pour inverser la tendance, que notre avenir certain, cet "avenir d'après-la-fin dont le goût marin se répand déjà dans nos imaginations" (Gérard Granel).
Le présent appel pour une évaluation impartiale et publique des effets écologiques de la crise sanitaire est une bouteille à la mer parmi tant d'autres. Il atteindrait son objectif s'il parvenait non seulement à contribuer à la remise en cause radicale de la machine économique responsable du désastre écologique global (et de tous ses dommages collatéraux, dont les virus mutants et les bactéries antibiorésistantes font bien entendu partie), mais aussi à prévenir et si possible à neutraliser les tentations rétrogrades de faire marche arrière sur les mesures climatiques une fois la crise passée, au prétexte de la relance économique.
S'il nous concerne tous en tant que producteurs et en tant que consommateurs, il s'adresse plus spécialement à nos dirigeants, en particulier au Président de la République et au Ministre de la transition écologique et solidaire, ainsi bien sûr qu'aux organismes de recherche compétents qui, espérons-le, n'auront pas attendu cette modeste contribution pour se saisir activement de cet enjeu majeur.
Vous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
Sachez que vous pouvez vous désinscrire dès que vous le souhaitez.