Les carpes de Pascal Coste

Monsieur le président,

Comme nous, comme tous les tullistes et bien des corréziens,  vous avez fréquenté l’étang de Ruffaud.

Nous y allions enfants avec la classe, les copains ou la famille nous promener le long du ruisseau et pique-niquer les soirs d’été trop chauds, nous baigner, y contempler les couchers de soleil.

Plus tard nous avons nagé et traversé l’étang jusqu’à cette île mystérieuse qui faisait beaucoup parler et qui a vu bien des idylles se nouer. Nous y avons emmené nos enfants puis nos petits enfants qui jouaient sur la plage et ont aussi découvert l’accro branches. Ces dernières années bien des Corréziens allaient y dîner le soir dans le restaurant qui s’y était installé.

Tulle sans Ruffaud pouvait-il exister ? le temps semblait suspendu dans ce lieu retiré.

Seulement voilà ..  en ce début d’été, à la surprise générale, on a vu des panneaux d’interdiction : interdiction de pêcher sans autorisation, de se baigner, etc.. Tout juste a-t-on le droit de se tremper dans un espace entre des lignes, comme dans une piscine, sous la surveillance d’un maître nageur, qui prend son mégaphone dès que l’on contrevient à cet ordre nouveau. Ruffaud a été vendu, oui vous avez bien entendu, vendu et le nouveau propriétaire, bien que très aimable, ne peut pas bien sûr comprendre cet attachement.

Mais vous, Monsieur le Président, vous le connaissiez.

Et tout ça pourquoi ? pour des étrangers — Allemands et Anglais principalement- qui vont venir louer un emplacement pour pêcher des énormes carpes de plus de 15 kgs, qu’ils rejetteront ensuite, car elles sont immangeables. Il paraît aussi qu’ils apportent leur tente et leur nourriture…

 Quel bénéfice touristique la Corrèze va-t-elle en retirer ? aucun…

Fallait-il en arriver là ? je ne crois pas, et au-delà de la peine que nous avons, c’est aussi de la colère contre vous qui avez dépossédé ainsi, pour bien peu de choses, les habitants du département d’un endroit magnifique, rare et dont tous sans distinction pouvaient profiter.

Hier, Ruffaud, aujourd’hui le massacre des arbres, quand allez-vous arrêter de prendre les citoyens pour des gens à qui l’on peut imposer n’importe quoi ?

Nathalie Roussarie

Famille Sicard- Roussarie-Douady