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La photopollution est un des problèmes majeurs des zones urbaines et péri-urbaines. L’accroissement de l’occupation et de l’activité humaine à favorisé l’installation massive de sources lumineuses jusqu’aux endroits les plus isolés.
L’éclairage public est démocratisé au cours du XVIIème siècle par le Lieutenant de police Nicolas de La Reynie, souhaitant alors faciliter le travail nocturne des brigades parisiennes. Dès lors, la menace du spectre tapie dans la nuit ne servit plus qu’à légitimer, à travers de nombreuses études souvent biaisées, l’accroissement toujours plus massif d’installations lumineuses se voulant sécuritaires pour la majorité de la population.
Une étude menée auprès de femmes finlandaises a démontré que le sentiment de sécurité ne résultait pas du niveau d’éclairage, mais bien de la désertification des rues après une certaine heure. En effet, la Finlande, de par sa position par rapport au cercle polaire arctique, se retrouve plongée dans une nuit sans fin en hiver, et connaît des nuits blanches en été. Les femmes interrogées dans l’étude disaient alors ne se sentir en sécurité dans la rue à partir d'une certaine heure ni en hiver, ni en été. De plus, 80% des cambriolages dans l’hexagone se dérouleraient pendant la journée, lors de l’absence des propriétaires (Gendarmerie Nationale). Le lien entre éclairage et hausse du crime ne pourrait alors être établi que dans les zones considérées comme « crime hot spots ».
Phénomène largement ignoré sinon incompris, la pollution lumineuse reflète pourtant des enjeux majeurs de notre siècle. En effet, la multiplication des installations lumineuses a entraîné une hausse record de la consommation d’énergie dans le secteur de l’éclairage public : elle était, en 2015, de 5,6 Tw/h soit près de 1,2% de la production d’électricité française et représente annuellement 670 000 tonnes de CO2 émises inutilement dans l’atmosphère d'après l'ADEME et ce, pour 9 millions de points lumineux à travers le pays. Selon l’ANPCEN, la lumière émise par l’éclairage public a augmenté de 94% ces 20 dernières années.
Les causes de cette forme de pollution se trouvent directement liées à plusieurs facteurs :
- L’utilisation de systèmes d’éclairages obsolètes et énergivores qui ne concentrent pas la lumière sur une zone à éclairer ou ne la rabattent pas convenablement en direction du sol. En effet, l’AFE estime que près de 45% des luminaires en service ont plus de 25 ans (boules diffusantes, lampes à vapeur de mercure...). En résulte une perte conséquente d’énergie et un éclairage de nature à provoquer l’éblouissement des usagers.
- La démocratisation globale dans l’éclairage public et privé de la diode électroluminescente, réputée peu énergivore, a entraîné la plupart des collectivités a multiplier l’installation de luminaires avec de hauts degrés de Kelvin. En effet, avec l’arrivée de la LED sur le marché de l’éclairage urbain, le nombre de points lumineux a augmenté de près de 30% en seulement 10 ans.
- L’éclairage omniprésent de haute intensité de nature esthétique ou commerciale : devanture de magasin, parking de supermarché..
- Une installation et une durée de fonctionnement supérieure aux besoins réels. En effet, il n’est pas rare de croiser dans les villages de la métropole d’Aix-Marseille, de nombreux luminaires à des endroits ou leur présence ne s'avère pas nécessaire et fonctionnant jusqu’au lever du jour, et ce, malgré l’absence d’usagers après une certaine heure.
Hormis l’impact de la surconsommation énergétique sur le climat, la croissance exponentielle de l’éclairage est également de nature à engendrer dangers et troubles excessifs pour l’écosystème. L’éclairage urbain serait le deuxième facteur à l’origine du déclin des espèces d’insectes : on estime que 80% des espèces d’insectes en Europe ont disparu en moins de 30 ans. Les insectes, se déplaçant en fixant un astre et en gardant un angle constant à lui, se retrouvent alors pris au piège par la lumière artificielle des lampadaires autour desquels ils tournent frénétiquement jusqu’à épuisement ou brûlent par la chaleur émise. Leur concentration sous une source lumineuse accroît également leur prédation par certaines espèces de chauves-souris et cause dans un même temps, l’appauvrissement en ressources alimentaires des paysages habités par des espèces de chauves-souris lucifuges.
L'éclairage est le premier facteur de disparition des lucioles, qui perturbe leur biorythme naturel et saccage les rituels de rencontre entre mâles et femelles. C'est également l’une des causes de fragilisation de nombreuses espèces : Les oiseaux nocturnes, chassant la nuit se retrouvent alors éblouis par l'intensité des éclairages (chouette). Les oiseaux migrateurs nocturnes, qui utilisent la lumière émise par les astres pour se guider, se retrouvent désorientés par l’éclairage des villes, et peuvent alors, tout comme les insectes, être amenés à tourner autour de ces sources lumineuses jusqu’à épuisement.
Au niveau de la flore, l’exposition d’arbres à de grande quantité de lumière artificielle serait également un facteur retardant la chute des feuilles durant la saison automnale.
Loin de n’avoir un impact que sur la biodiversité, la lumière artificielle serait à l’origine de perturbations biologiques importantes chez les individus. Exposés à des nuits de jours permanents, le sommeil des usagers tend à perdre en durée et en qualité. Ce facteur tend à s’aggraver avec l’utilisation de sources lumineuses émettant de forte quantité de lumière bleue (LED). En résulte une détérioration de la qualité de vie s’accompagnant de nombreux effets : stress, dépression, problèmes de vue, cancers..
De plus, le coût de l’éclairage public représente une dépense conséquente pour les collectivités :
- 41% des consommations d’électricité
- 16% de leurs consommations toutes énergies confondues
- 37% de leur facture d’électricité
- Près de 47% de la consommation d’électricité d’une commune
Plusieurs communes françaises ont déjà pris l’initiative de réduire leur consommation d’énergie en terme d’éclairage public : c’est le cas de Saumur (27 000 habitants), qui en limitant l’usage de l’éclairage urbain au strict nécessaire, a vu sa consommation d’électricité liée au service public diminuer de 50%. Plus de 12 000 communes Françaises pratiquent une extinction en milieu de nuit, permettant ainsi de réduire les éclairages superflus. De plus, la grande majorité de ces communes n’ont pas vu une augmentation du délit ou du crime sur leur territoire.
La rue Antoine Bourdelle située à Paris a permis à ses habitants, grâce à l’installation de lampadaires avec détecteurs de mouvement, de pouvoir profiter de l’observation des Pléiades en plein cœur urbain.
Pour finir, je prendrais l’exemple de la ville canadienne de Sherbrooke (167 000 habitants) qui se situe dans le parc du Mont Mégantic, première réserve de ciel étoilé au monde. À l’image de nombreuses communes situées dans le parc national des Cévennes (également labéllisée réserve de ciel étoilé) , la ville de Sherbrooke a entrepris la rénovation de son parc luminaire en optant pour des installations émettant de faible quantité de lumière bleue avec des degrés de Kelvin limités tout en minimisant le nombre d’installations, ce qui a permis aux alentours de la ville, de conserver une qualité de ciel exceptionnelle.
Car hormis les enjeux économiques, écologiques et environnementaux résultant de cette problématique, il s’agit également de la privation de toute une génération d’accès à un ciel de qualité et de l’activité ancestrale de l’observation des astres, qui à travers le temps, a suscité inspiration, réflexion poétique, intellectuelle et spirituelle chez ceux qui prenaient le temps de lever leur regard vers les cieux.
Le but de cette pétition n’est pas de suggérer de plonger le pays d’Aix dans l’obscurité, mais seulement de remettre en question notre fonctionnement afin de faire usage de la lumière à bon escient. Il suffit d'observer une carte de pollution lumineuse sodium pour prendre conscience de l'ampleur du phénomène qui touche notre agglomération.
Quelques pistes de réflexion pour les actions à entreprendre :
- Eclairer en conséquence en fonction du lieu et de l’heure (les lampadaires en grands nombre et d'une durée de fonctionnement prolongée dans les zones péri-urbaines ne présentent souvent aucune utilité)
- Choisir des luminaires évitant la dispersion inutile de la lumière
- Favoriser l’installations d’appareils intelligents (détecteur de mouvement)
- Optimiser l’intensité d’éclairage (moins de 3000 Kelvins hormis pour certaines zones d’activités)
- Réduire le nombre de lampadaires en fonction des besoins réels de la population - Appeler à l'extinction des bureaux et devantures de commerces lors de la fermeture
Ces quelques actions permettraient aux pays d’Aix d’offrir à ses habitants un ciel de meilleur qualité, engrangeraient dans un même temps une baisse de l’empreinte carbone, une économie sur le long terme et une meilleure préservation d'une biodiversité fragilisée, pour qui sait, peut-être devenir un jour une ville à l’image de Sherbrooke.
Aujourd'hui, la pollution lumineuse touche près de 23% de la surface terrestre. Epoque de modernité et de croissance, mais à quel prix ?
cartes et mesures de la pollution lumineuse:
- https://www.avex-asso.org/dossiers/wordpress/fr_FR/la-pollution-lumineuse-light-pollution/cartes-de-pollution-europeenne-avex-2016
Sources textuelles :
- https://www.alec27.fr/collectivites-comment-reduire-sa-facture-en-eclairage-public/#:~:text=Avec%205%2C6%20TWh%20de,%2C5%20milliard%20d'euros
- https://www.planetoscope.com/energie/949-emissions-de-co2-par-l-eclairage-public-en-france.html
- http://risquesenvironnementaux-collectivites.oree.org/le-guide/risques-mon-territoire/sante-environnement/pollution-lumineuse.html
- http://www.afe-eclairage.fr/afe/l-eclairage-en-chiffres-26.html
- http://eclairagepublic.eu/site/eclairage-public-les-chiffres-cles/
- https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/environnement-pollution-lumineuse-suivez-son-evolution-autour-chez-vous-depuis-25-ans-75314/
Sources audiovisuelles :
- « Où sont passées les Lucioles ? », documentaire disponible sur Youtube
- « Saving the Dark », documentaire disponible sur Youtube
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