Monsieur le Ministre de la Transition écolgique et solidaire, Madame la Ministre de la Justice, Garde des Sceaux,
En position tampon entre la (très inesthétique) zone d’activités commerciales, et la zone agricole de la commune de Saints-Geosmes (Haute-Marne), subsiste une minuscule parcelle de 56 ares, aux deux tiers boisée.
Cette parcelle n’est plus depuis deux siècles dévolue à l’activité agricole, comme l’était la majeure partie du finage des communes rurales, mais porteuse d’une habitation bâtie au XIXe siècle au temps de la construction du Fort de la Marnotte et des casernes de Langres.
Cette parcelle (56 a) était jusqu’en 1955 une « déposante de l’Armée », c’est à dire affectée au stockage et recyclage des « boues » et effluents des casernes et écuries.
Bien qu’on ne cultive pas sur des fondations, des citernes ou des cailloux, elle a toutefois été abusivement classée en zone A (NB : sont par définition classées en « zone A » les sections de la commune équipée ou non, à protéger en raison du potentiel agronomique, biologique ou économique des terres agricoles. Ce qui n’est aucunement le cas).
Le plan local d’urbanisme de 2004, dans sa détermination des zones de sensibilité paysagère, a intégré cette parcelle dans la zone sensible, du fait même de l’existence de son boisement qui a été signalé par l’auteur du rapport comme de grand intérêt paysager et à préserver. Il est vrai qu’il demeure le dernier élément boisé de toute la zone « du Parc d’activité de l’Avenir », et constitue un irremplaçable écran de verdure séparant les zones commerciale et agricole. Sans compter sa grande valeur de biotope indispensable à l’accueil de la microfaune et des oiseaux Lesquels sont le meilleur insecticide au monde, mais n’auront pas leur habitat dans les jachères fleuries artificielles prônées par les paysagistes.
Ce bosquet, dans la continuité de la trame verte qui se constituera si les intelligentes propositions de maintien de haies au " Champ de Monge" sont suivies, forme à ce jour un écran visuel, acoustique de très belle venue, masquant les banals hangars agricoles, sans oublier, par sa position sommitale sur le plateau, son rôle indéniable de brise-vent face aux intempéries des vents d’est. Sa disparition se ferait immédiatement ressentir en temps hivernal sur la voirie, les parkings et les magasins même à l’ouest de la RD 122…En revanche, les installations agricoles sises derrière lui sont redevables d’être indemnes des dégâts par les vents dominants du sud-ouest, par où arrivent toutes les tempêtes.
De plus, la définition des périmètres de protection du captage de la source du Morney (Corlée) qui vient d’être soumise à enquête publique et approbation, intègre cette parcelle puisque la limite à l’ouest du périmètre éloigné est la D 122. Ce qui revient à dire que de nouvelles contraintes pèseront sur ce bosquet qui devra être maintenu et soumis à des règles de gestion. Urgence d’autant plus prégnante que viennent de disparaître toutes les haies bocagères du plateau incluses par le périmètre éloigné.
Dans ce contexte, l’intérêt public va tout à fait dans le sens des préoccupations des propriétaires, à savoir le maintien de ce boisement.
Pour ces diverses raisons, et afin de ne pas obérer l’avenir de cette parcelle, puisque les dispositions actuelles du PLU leur interdit de réhabiliter leur bâtiment, les propriétaires ont demandé et obtenu pour le bosquet qu’elle supporte le statut d’espace boisé classé, au titre des articles L.130-1 et suivants du code de l'urbanisme.
Néanmoins, le propriétaire des terrains encerclant en totalité cette parcelle, dépité de n’avoir pu l’acquérir pour ses visées spéculatives, exige l’abattage immédiat de tous arbres à moins de 50 cm de la limite de parcelle, et l’étêtage à une hauteur de deux mètres des arbres distants de 0,50 à 2 m de la limite, ce qui revient de fait à anéantir la quasi-totalité du bosquet puisque ces arbres proviennent d’accrus d’une haie de séparation.
Pour sauver leurs arbres, il a été demandé aux propriétaires de prouver via une expertise qu’ils ont plus de 30 ans, ce qui est une évidence puisque ces arbres étaient déjà très grands dans les années 1960, comme l’attestent des vues aériennes remontant à 1948.
Pour cette expertise, il été exigé des propriétaires une consignation de 4675 (quatre mille six cent soixante-quinze !!) euros.
Le rapport sera rendu fin avril.
Or, de par leur appartenance à un espace boisé classé, même les arbres de moins de 30 ans sont protégés, ceci afin d’assurer le renouvellement et la pérennité du peuplement.
Les signataires demandent donc à Monsieur le ministre de la Transition écolgique et solidaire, et Madame la Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, d’user de leur pouvoir et leur autorité pour que soient intégralement respectées les dispositions de la Loi accordant un statut de protection au dernier bosquet arboré de la zone d’activité de la commune de Saints-Geosmes (Haute-Marne).
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