Cher Monsieur le Ministre,
Alors que l’aquarium Nausicaà de Boulogne-sur-Mer venait de faire importer une raie manta et des requins-marteaux capturés dans l’océan, et continue d'acquérir de nombreuses espèces, nous vous demandons de prendre en considération les faits suivants:
Bien que M. Valette, directeur de Nausicaa, assure que "l'impact (sur les océans) est minimal par rapport à l'impact que l’on peut avoir sur la sensibilisation du public", il serait intéressant de savoir sur quelle base repose cette affirmation. En effet, les seules études ayant été menées au sujet de l’impact des parcs zoologiques et aquariums sur la sensibilisation du public ont été financées par la WAZA (World Association of Zoos and Aquariums), qui a tout intérêt à ce que les résultats de cette enquête soient positifs. En outre, les personnes interrogées dans le cadre de cette étude le furent à leur sortie d’un zoo ou d’un aquarium. L’étude est donc biaisée puisqu’elle ne mesure pas les effets à moyen et long terme sur les personnes. Rien n’indique qu’elles aient été sensibilisées au point de changer leurs habitudes ou de soutenir la cause environnementale.
En revanche, nul ne connaît l’impact réel des prélèvements d’animaux dans l’océan. Chaque animal est le maillon d’une chaîne alimentaire et chaque individu est important pour son écosystème. Le désastre de la pêche intensive, les conséquences du réchauffement climatique, l’acidification des océans sont autant de menaces qui pèsent sur les espèces. Autoriser et encourager ces importations participent à l’exploitation des ressources pour le profit. Pour rappel, la raie manta est une espèce classée vulnérable par l’UICN et protégée depuis 2013 par la CITES, sur la liste des “espèces interdites au commerce”. Le stress causé par les captures met les animaux en danger, et personne ne peut dire combien d’individus meurent durant cette opération puisque tout se fait au large, dans l’opacité la plus complète. Le transport de ces animaux est également une grande source de stress et mène à des décès dans de nombreux cas.
Nous considérons que la conservation des espèces passe avant tout par la conservation de leur habitat et nous nous réjouissons du fait que de plus en plus d’efforts soient faits en ce sens. Mais cela reste insuffisant. La vraie conservation ne consiste pas à prélever des animaux en mettant ainsi leur vie en danger, mais bien de créer davantage de zones marines protégées où la présence humaine est strictement limitée à des travaux de recherche.
De plus, l’argument de la préservation des espèces via la reproduction en captivité est tout à fait discutable. Outre le fait que sa progéniture ne sera probablement jamais relâchée dans la nature, dans le cas de la raie manta, les naissances en captivité sont rares et non sans risques. La première raie manta née en captivité à l’aquarium de Churaumi au Japon décéda après six jours, de blessures infligées par son géniteur en juin 2007. Il fallut attendre juin 2008 pour qu’un nouvel individu, un mâle cette fois, naisse et survive. La seule femelle ayant donné naissance à plusieurs reprises était adulte lorsqu’elle fut capturée dans la nature. Elle mourut en 2013 de cause inconnue, alors qu’elle était à nouveau gestante. Le petit, presque à terme, fut sorti de son corps et ranimé. Il ne survécut que trois jours. Ces exemples montrent à quel point la reproduction en captivité d’espèces telles que des raies mantas est hasardeuse.
Par ailleurs, on peut se poser la question quant à la banalisation d'une forme de commerce de l'animal qui, au final devient un produit de consommation. Cette vision d’un animal capturé à des fins ludiques semble aller à l'encontre de l'idée même de conservation.
Sur son site, Nausicaa présente la raie manta comme “une infatigable voyageuse”. En effet, ces animaux passent leur temps à se mouvoir, à migrer le long des côtes ou à travers les océans. Quel aquarium, aussi grand soit-il, pourra permettre à ces animaux captifs de parcourir autant de kilomètres, de découvrir autant d’écosystèmes et de reliefs différents que dans son milieu naturel? Aucun. Par ailleurs, ils n’ont pas assez d’espace pour fuir en cas de conflit.
Pour toutes ces raisons, nous demandons l’interdiction d’importer en France des poissons et autres animaux marins, de toutes espèces confondues, qui ont été prélevés dans la nature. Les océans ne devraient pas être pillés sous le prétexte de la sensibilisation du public mais sanctuarisés. Leur exploitation n’a que trop duré.
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