STOPPONS le projet du GCO
L’état de la nature dans le monde est si alarmant que la survie même de l'humanité est en jeu. Ce constat est partagé et décrit depuis des années par de nombreux scientifiques. L’inaction n’est plus possible, elle serait mortifère. Nous sommes face au plus grand défi que l’homme n’ait jamais eu à relever. Il y a urgence.
Notre responsabilité est engagée : citoyennes et citoyens, responsables politiques, industriels, scientifiques.
Comment imaginer que notre génération puisse porter la responsabilité, la culpabilité de la sixième extinction de masse ? Après une dégradation massive de la biodiversité qui a pour origine une consommation exponentielle débutée le siècle dernier, nos modes de consommation sont uniquement motivés par le besoin de satisfaire des intérêts particuliers dans une société où le bonheur serait proportionnel à nos possessions. Or ce consumérisme nous surcharge de biens matériels par l’exploitation des ressources naturelles aux dépens de la biodiversité. Nous passons à côté de l’essentiel depuis trop longtemps : il est temps d’appeler à un véritable éveil social.
Seul un changement profond de nos modèles de production et de consommation permettra d’éviter ce déclin de notre environnement qui nous est vital.
Le projet de construction du Grand Contournement Ouest de Strasbourg (GCO) en Alsace est la triste et révoltante illustration de ce modèle qui conduit à notre perte : toujours plus d’artificialisation des sols, toujours plus de camions pour transporter toujours plus de marchandises, de et vers toujours plus loin pour toujours moins de zones agricoles, toujours moins de biodiversité, toujours moins de circuits courts raisonnés et raisonnables.
Cette sixième extinction massive de la biodiversité et le changement climatique dont nos activités sont la cause, sont précipités par des projets comme celui du GCO dont les impacts sur les espèces et les écosystèmes seront désastreux et non compensables.
Nous détruisons ainsi notre propre support de vie de telle sorte que 60 % des milieux naturels ont été dégradés au cours des 50 dernières années sur la planète.
Le modèle basé sur le développement des infrastructures de transport, telles les autoroutes, sur une urbanisation croissante et sur l’exploitation des ressources n’est plus applicable, ni défendable. Si nous poursuivons dans cette voie, l'impact des activités humaines sur les milieux d'ici à 2050 fera disparaître 25 à 50 % des espèces. L’effondrement même de la civilisation devient plausible.
La vulnérabilité de la société est entière et nous devons avoir conscience des conséquences sur nos vies et surtout celles de nos enfants, par l’altération de nos moyens de subsistance, de notre santé, de notre économie, de nos cultures.
Monsieur le Président, au lendemain du G7 et de la publication du rapport du groupe d’experts de l’ONU sur la biodiversité, vous avez annoncé une série de mesures pour la préservation de cette biodiversité. Vous l’avez compris, « ce qui est en jeu est la possibilité même d'avoir une Terre habitable », ce « qui appelle à l’action ».
Ces actions concrètes doivent être couplées à une ambition législative ambitieuse et sincère. Il est à ce titre fondamental d’asseoir le pouvoir et les compétences de l’Autorité Environnementale. Reconnaissons à cette instance toute l’importance qui lui est due notamment par le respect des avis rendus. Car au regard de l’exigence de transparence exprimée par les citoyens, ces expertises sur les évaluations des impacts des grands projets et programmes sur l’environnement sont indispensables
Le sens des responsabilités doit nous conduire à prendre les justes décisions : STOPPONS le projet du GCO qui va à l’encontre de cette ambition écologique et donnons-nous les moyens de proposer un modèle viable aux générations futures.
Liste des premiers signataires :
Martine WONNER, Médecin psychiatre, députée du Bas-Rhin
Fabrice SCHEURER, Chercheur au CNRS, Physicien
Dietmar WEINMANN, Chercheur au CNRS, Physicien
Bernard CARRIERE, Physicien, Professeur émérite de l'Université de Strasbourg
Yves HOLL, Professeur des Universités retraité, Strasbourg
Anne-Véronique AUZET, Géographe spécialiste des sols, Professeure de l'Université de Strasbourg
Odile PETIT, DR CNRS, Équipe d’éthologie cognitive et sociale UMR 7247 CNRS-INRA-Université de Tours-IFCE
Dominique BOURG, Professeur, Université de Lausanne (UNIL), IGD/FGSE
Matthieu PICHER, Ingénieur de Recherche en sciences physique à l'IPCMS
Pascal MAILLARD, Professeur agrégé, Université de Strasbourg
Sheila SANDON, Mathématicienne, chargée de recherche au CNRS, Institut de Recherche Mathématique Avancée de l'Université de Strasbourg
Florence LECOMTE, Chargée de recherche à l'Institut de Recherche Mathématique Avancée
CNRS et Université de Strasbourg
Nathalie WACH, Enseignant-chercheur, Université de Strasbourg
Patricia ZANDER, Maître de Conférences Géographie/aménagement – HDR
Brice MARTIN, Maître de Conférence Géographie, coordinateur du programme ANR DFG TRANSRISK