L’entreprise Secalia Châtillonnais souhaite mettre en place une unité de méthanisation entre les communes de Cérilly et Sainte-Colombe-sur-Seine, banlieue de Châtillon sur Seine (21400) . Un projet qui aiderait à améliorer la rentabilité de l'agriculture locale. Derrière cette société on retrouve Dijon Céréales et 155 exploitations de la zone du Châtillonnais, sur un rayon de 35 km, qui ont choisi de s'ouvrir à cette production.
Dans la foulée des dernières élections législatives, je ne peux que m'interroger sur un projet qui au départ apparaissait particulièrement attractif puisqu'il s'agissait, dans mon esprit, de créer du Biogaz tout en éliminant le «caca des vaches»... pour parler simplement. Or il semblerait qu'on a complètement inversé l'idée originale puisqu'il ne s'agit, à priori, que de faire de l'argent en introduisant une culture supplémentaire (180 000 tonnes, svp ! De seigle fourrager par campagne) en CIVES (cultures à part entière positionnées entre deux cultures principales). Autant dire de fabriquer une nouvelle machine à fric... À raison d'un rapport de 800€ l’hectare !
Je m'interroge sur cette culture même, et sur les pesticides vraisemblablement utilisés pour accélérer la production d'une plante qui ne serait pas destinée à la nourriture des humains.
Partant de la défense des animaux, j'ai été amené à me poser d'autres questions. 40 000 ha seraient inondés d'eaux forcément polluées. Or, outre que plus un vers de terre (cet ingénieur du sol) ne pourra en réchapper, on sait que le sous sol local est principalement constitué de karst (roche calcaire facilement touchée par l'érosion) est donc creusé de nombreuses cavités qui favorisent l'infiltration de ces substances souillées dans les eaux souterraines. On peut d'ailleurs estimer que des eaux chargées principalement en azote pourraient très facilement impacter la Seine.
Les chiffres sont là : 120 000 m3/an d’eau polluée seraient déversées (19% recyclés pour les besoins de l’usine, le reste... Infiltré ou épandu) et 5400 hectares de terres agricoles seraient destinés aux CIVES (Cultures Intermédiaires à Valorisation Energétique) occasionnant 19 440 t/an de déchets et coproduits issus de l’industrie de transformation des matières végétales (résidus de la fabrication du bioéthanol). On ajoutera la production de 4 950 t/an de sulfate d’ammonium comprenant entre 7,5 et 10% d’azote quand 2286 tonnes /an d’acide sulfurique à 96 % seraient nécessaires pour faire fonctionner cette usine à gaz vert. Reste à évoquer les 46 162 t/an de digestat (?) solide à répendre dans les prairies et cultures sur une zone de 43 000 hectares sur le Montbardois et le Châtillonnais.
Le digestat (à ne pas confondre avec le compost), quésaco ? Tout simplement, les résidus produits par un processus de «digestion» sans oxygène. Ils représentent 80% de ce que le «digesteur» doit engloutir. 5 communes de stockages sont prévues : Louesme, Savoisy ,Touillon, Lucenay le duc et Poiseul la ville- la Perrière. Ce qui signifie qu'un ballet de 25 à 140 rotations de camions, par jour, seraient nécessaires pour alimenter la méga usine... le maximum en mai lors de la coupe des CIVES.
Mais revenons à la défense des animaux et évoquons le joli mois de mai. Euh... Pas pour tout le monde, pas pour la faune particulièrement vulnérable lors des périodes de reproduction (couvaison et élevage des jeunes) sachant que l'époque de nidification part du 15 avril jusqu'au 31 juillet et que les plus grands risques d’écrasement existent, de destruction des nids quand le passage des machines n'entraîne pas la disparition des couvées.
D'après le Fonds mondial pour la nature (WWF), entre 1970 et 2016, 68 % des animaux sauvages ont disparu. Là, lièvres, perdrix, faisans, faons de chevreuils, chaudrons des marcassins, renardeaux, terriers de blaireaux, serpents, oiseaux (alouettes des champs), coléoptères, limaces, escargots, insectes pollinisateurs, etc, sont menacés à grande échelle.
Sommes nous sérieux, nous les humains ? A-t-on mesuré l'impact que ces résidus épandus auraient sur l’appauvrissement des sols ? Les habitants doivent être réellement informés !
Dijon Céréales ne parle que des avantages pécuniaires sans vouloir mesurer l'hyper pollution rapportée. Le projet Secalia pourrait projeter la nature environnante dans une sorte de « no wildlife's land » en tuant les sols et les nappes phréatiques, ce qui serait absolument scandaleux !
Sans compter que des odeurs insupportables pour les riverains pourraient s'ajouter aux nuisances évoquées plus haut. On a parlé d'études, mais celles-ci n'ont jamais été objectives.
En résumé, on ne parlerait, pour Cerilly, que d'opération marketing sous sa forme la plus détestable ! Non, ce n'est pas une solution écologique, juste une entrée dans un cercle financier vicieux dont il faudra bien sortir un jour.
La campagne de publicité faite autour du sujet reste une aberration. Pour entreprendre de développer cette usine à gaz... Il faudrait fabriquer encore plus de déchets ! Est-ce ce qu'on appelle le bio ?
Il faut arrêter d’infantiliser les populations juste pour faire du profit sur le dos de dame Nature...
Le projet Secalia pourra-t-il polluer dans cette zone sensible en continuant de faire une course à l’énergie sans réfléchir à d'autres intérêts que l'intérêt personnel de ceux qui en profiteraient ?
À nous, à vous, d'y réfléchir et d'agir en conséquence...
Monsieur le Préfet, vous avez la possibilité de dire non à un tel projet. Devant le jugement des populations locales, mais aussi de la société toute entière, nous vous demandons d'interrompre une démarche suicidaire, d'ailleurs arrêtée en Allemagne après que les dirigeants de ce pays aient pu juger des dégâts occasionnés par les méthaniseurs.
Vous êtes sûr ? Votre mobilisation est importante pour que les pétitions atteignent la victoire !
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