Des centaines, voire des milliers de communes sur les quelque 35 000 que compte la France, nettoient, décapent, désherbent, leur voirie (trottoirs, rues, escaliers, etc.) avec de l’eau douce.
Il ne s’agit pas d’eau qui va pénétrer le sol et les nappes phréatiques, mais d’eau qui va presque systématiquement ruisseler sur des sols artificialisés et très imperméables. On peut commencer à parler de gaspillage et plus encore quand il s’agit d’eau potable (à l’exception de Paris, où c’est le réseau d’eau non-potable qui est utilisé et de quelques villes qui réutilisent un peu d'eau de pluie... Quand il pleut).
Cela représente quelques milliers de kilomètres de goudron, bitume, asphalte, béton, etc. Il y a rien qu’à Paris près de 3000 km de trottoirs et plus de 1500 km de rues. La métropole de Lyon entretient environ 8 millions de m2 de trottoirs et près de 3000 km de voies. Dans les villes moyennes, ces distances se chiffrent en centaines de kilomètres.
Ces lavages ont lieu chaque semaine, jour après jour, sans compter les lendemains d’événements (festivals, fêtes diverses, autres rassemblements). Ils se font fréquemment au camion-balai, de plus en plus souvent à la laveuse avec jet d’eau haute pression, parfois les deux à la fois. Le débit minimum de ces engins se situe autour des 10 litres par minute, mais atteint facilement les 75 litres par minute, voire plus.
On peut raisonnablement estimer que ce gaspillage d’eau en France se chiffre en centaines de millions de litres chaque semaine.
En effet, considérons — hypothèse très basse — une toute petite consommation d’1 million de litres.... Pour laver tout ce goudron, bitume, asphalte, béton, etc. Or, 1 million de litres consommés à raison de 10 litres par minute, le minimum de ces machines, cela fait moins de 1700 heures de lavage pour toute la voirie française, soit une moyenne d’environ 3 minutes par ville. On peut raisonnablement supposer qu’on est bien au-dessus chaque jour qui passe.
Allez observer vous-mêmes les opérations de nettoyage qui ont lieu dans votre centre-ville, généralement au petit matin, pour vous rendre compte du volume d'eau utilisé.
Tandis qu’il ne pleut plus, que la sécheresse devient banale, que les restrictions d’eau ont lieu dès le printemps et sans doute dans peu de temps toute l’année, que des villages sont d’ores et déjà alimentés par camions-citernes, que nombre de cours d’eau sont à sec ou pas loin de l’être, que des arbres meurent de stress hydrique et des animaux de soif, que les incendies ravagent le pays, comment peut-on continuer comme cela ?
L’eau est, comme prévu depuis longtemps, devenue une ressource trop précieuse.
Nous sommes arrivés à un point de non-retour sur le plan environnemental où il n’est plus permis de continuer ainsi.
D’autres solutions doivent être étudiées et le lavage des rues à l’eau abandonné très rapidement.
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