Var : Halte à la prolifération des décharges sauvages
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Auteur(s) :
M. Marc Chatel
Toulon
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Destinataire(s) :
M. le Préfet du Var
La pétition
Le Var est connu pour ses paysages méditerranéens et son arrière-pays aux senteurs provençales. Mais à l’écart de la côte, et en plus du béton qui défigure une partie du littoral, l’intérieur des terres est envahi par les décharges sauvages. Une situation quasi-institutionnalisée qui ne semble pas, pour autant, préoccuper outre mesure le Ministère de l’écologie.
Loin d’être une nouveauté, le procédé s’est récemment industrialisé et professionnalisé, tant le traitement des déchets est une affaire rentable pour quelques entreprises spécialisées. Certes, la Ministre de l’écologie, Delphine Batho, a-t-elle récemment confié aux Préfectures et aux Dreal (Directions Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) la mission de s’attaquer aux décharges automobiles illégales et aux dépôts sauvages. Mais pour l’heure, aucun signal fort ne semble être adressé aux entreprises spécialisées dans la gestion, pour certaines d’entre elles peu regardantes sur la déontologie du métier. Dans le Var, pourtant, il serait grand temps de taper du point sur la table.
Commerce des ordures
L’argent n’a certes pas d’odeur, mais on ne peut pas forcément en dire autant de sa provenance. Dans le Var, région riche en effluves variées de vacances et de soleil, il y a des senteurs dont on se passerait bien. Les décharges sauvages ne sont pas une invention du 21ème siècle, mais on aurait imaginé qu’avec le progrès technique et la prise en compte des enjeux environnementaux, le phénomène irait diminuant. Las, loin de disparaître, le phénomène a pris des proportions que l’on ne lui connaissait pas encore. Du petit tas d’ordures jetés au coin du bois, on est passé à la décharge industrielle, cumulant les immondices sur des hectares, à l’air libre, et sans aucune autre considération que la rentabilité des sites. Les villes du littoral grandissent, et cette croissance s’accompagne de celle des déchets dont il faut bien s’occuper d’une manière ou d’une autre. Compte tenu de la prolifération des décharges dans le Var, il faut croire que les communes les plus productrices ne sont pas très regardantes sur la destination des déchets, tant que cela se passe loin des zones touristiques.
Le problème est que même en s’enfonçant profondément dans l’arrière-pays, cela commence à se voir et à se savoir. Au cœur d’une bonne partie des scandales, la société Pizzorno Environnement, fondée par Francis Pizzorno dans les années 1970. Elle a désormais entre ses mains une bonne partie de la gestion des déchets des Var, et s’occupe avec zèle et diligence de la collecte des ordures dans plusieurs centaines de communes du département. Le problème n’est pas tant dans cette collecte que dans la destination de ces ordures, car la société Pizzorno dispose de plusieurs sites d’enfouissement qui alimentent débats et polémiques depuis plusieurs années. « Multirécidivistes » de l’infraction aux législations environnementales, « trafiquants de déchets » ou simples « incompétents », les accusations s’accumulent en même temps que les condamnations. Le dossier du serial-pollueur serait si épais que son recyclage constituerait certainement un défi.
Des décharges au milieu de réserves naturelles
Le premier site qui a jeté une ombre malodorante sur les affaires de Pizzorno est situé sur le terrain de la commune de Bagnols-en-Forêts. Dès le milieu des années 2000, le nouveau maire EELV de la commune suspecte des pratiques douteuses sur ce terrain de la commune, qui s’est d’ailleurs agrandi sans autorisation. Après enquête préliminaire, une plainte est déposée en 2009 par les édiles. En cause : des dépôts illégaux de matériaux non autorisés, dont des résidus d’incinérations toxiques et des boues de retraitement d’eaux usées, des installations non conformes et une pollution non contrôlée de la rivière voisine. Le procès est instruit une première fois fin 2011, et le groupe Pizzorno est condamné, malgré un réquisitoire clément, à des dommages et intérêts de plusieurs centaines de milliers d’euros. Une sévérité discutable, eut égard aux millions d’euros que l’entreprise a gagné en « omettant » de déclarer ces déchets. Naturellement, l’entreprise a fait appel de cette décision, et dispose de surcroît d’amis influents dans la région, notamment via le financement de nombre d’associations locales et de clubs sportifs. Un ancien Ministre, François Léotard, siège même au Conseil d’administration ; un soutien de poids qui a permis dans des conditions litigieuses l’obtention de marchés similaires en Tunisie et au Maroc.
Les affaires de l’entreprise Pizzorno, pour autant, ne se limitent pas à cette expérience quasi-artisanale. L’un des plus importants sites de gestion des déchets du Var est également géré par Pizzorno, en association avec SOVATRAM : il s’agit de « l’installation de stockage de déchets non dangereux » du Balançan au Cannet, au cœur du site protégé de la plaine des Maures. Condamné une première fois en 2010, l’entreprise Pizzorno ne semble pas pour autant avoir modifié ses pratiques : une nouvelle expertise en novembre 2011 a révélé la présence de polluants dangereux sur le site, libres d’ailleurs de s’écouler où bon leur semble compte tenu de l’absence de confinement des déchets.
Très récemment, le groupe Pizzorno a décidé de refuser l’accès à ce site aux inspections demandées par une commission d’enquête. La transparence n’est pas une habitude des réseaux dans le Sud-est de la France. Du coup, l’entreprise Pizzorno voit plus loin que le Sud-est et commence à se répandre plus au Nord, où elle multiplie les installations « inappropriées » pour user d’un bel euphémisme, comme à Saint-Beauzire.
Condamné à la fois en France et à l’étranger pour les libertés prises avec les législations diverses et pour son mépris souverain de la préservation de l’environnement, le groupe Pizzorno maintient pour autant son cap dans la gestion des déchets. Les juges trancheront dans les affaires encore en cours. Mais cela n’a pas empêché l’entreprise, qui dispose manifestement de solides appuis, de décrocher au début de cette année le contrat pour l’incinérateur de Toulon : en collaboration avec le groupe IDEX, la société Zéphire (dont Pizzorno détient 51%) vient de décrocher un contrat d’exploitation pour 18 ans, moyennant 470 millions d’euros de recettes. Avec un tel casier, on est droit de s’interroger sur les ressorts d’une telle attribution de marchés publics. Il est possible que M. Laurent Cayrel, préfet du Var depuis novembre 2012, ne lise ni la presse, ni les décisions de justice concernant son département. Mais il demeure difficile de croire qu’il ne connaît pas l’entreprise Pizzorno : depuis février 2013, il est président d’une commission de suivi du site de Roumagayrol, géré par… Pizzorno.
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