Préservons nos espaces naturels et nos terres cultivables à Cavaillon
A Cavaillon, dans le Vaucluse, l'agglomération Luberon Monts du Vaucluse prévoit la construction d’une zone d’activité de 46 hectares, qui à terme s'étendra sur 120 hectares.
Le site choisi pour cette ZAC est constitué d’excellentes terres agricoles irriguées reconnues, actuellement occupées par des cultures maraîchères, des vergers, des prairies et des friches.
Situé en zone inondable, ce projet a nécessité la construction d’une digue de près de 3km pour contenir la rivière,la Durance et rendre urbanisable la zone. Pourtant, les pluies torrentielles récentes en PACA et les prévisions climatiques devraient alerter et faire comprendre aux décideurs que vouloir contraindre un cours d’eau et imperméabiliser les sols ne sont pas de bonnes idées.
Cavaillon s’est déjà considérablement étendue et l’urbanisme existant est souvent mal conçu, inadapté aux déplacements doux, avec des bâtiments énergivores, des zones industrielles et commerciales vieillissantes peu attractives. Construire une nouvelle zone d’activité n’améliorera pas la situation des sites existants et supprimera une surface agricole capable de nourrir jusqu’à 24 000 personnes en fruits et légumes, soit la quasi-totalité de la population cavaillonnaise (26 000 hab.).
Le projet prévoit la construction d'environ 145 000 m² de surface de plancher par niveau de bâtiment, des parkings à gogo et des routes bien larges pour les camions. Oui, le projet se veut « écolo », il est labélisé "Ecoparc" et a été baptisé Natura'Lub,pour exprimer la "naturalité" mais concrètement les plus gros bâtiments sont réservés à de la logistique (40% des surfaces peut on lire sur le projet tel que présenté par l'agglomération). Des camions qui transportent des marchandises d’un bout à l’autre du pays ou du continent, il y a comme un air de déjà-vu.
Quelles que soient les mesures de compensation (« éviter » et « réduire » ont été oubliés), rien ne peut racheter la perte des fonctionnalités écologiques liées à ce site, comme à n’importe quel milieu naturel. La perte agricole a été estimée à 826 000 euros par an. Ce chiffre est à relativiser car le modèle agricole pris comme référence pour ce calcul est celui des filières longues et spécialisées. L’agroécologie fonctionne en circuits courts, elle est indépendante des cours de marché et des prix des intrants chimiques (engrais et pesticides), elle est nettement plus résiliente face à la raréfaction et/ou la hausse du prix du pétrole qui actionne, rappelons-le, 90% environ de l’économie, même en France.
Des pertes agricoles importantes pour un bénéfice économique très vague puisque des entreprises candidates à l’installation ont finalement décliné leur souhait et que de toute façon il s’agissait pour la plupart de déménagements, sans grand intérêt pour l’emploi. Rapellons que 1600 emplois sont promis sans même savoir qui s’y installera…
A l’inverse, il est possible de construire une alternative à ce projet en offrant des emplois pérennes, valorisants, adaptés à différents niveaux de qualification. Il est possible de retrouver notre autonomie alimentaire et ce faisant, de créer des activités de production, de transformation et de distribution locale qui assureront un espace de cohabitation entre les activités humaines et la biodiversité. Ce sera aussi un accès pour tous à une nourriture saine. Le budget alimentaire moyen d’un ménage est descendu à 10-15% mais s’approche plutôt du 1% rapporté au prix réel des aliments. Le reste part dans les emballages, les transports, les intermédiaires, la publicité. En éliminant tout cela, on rémunère mieux le paysan et on rend la qualité accessible à tous.
Le rapport de France Stratégie qui préconise une baisse conséquente de l’urbanisation à travers l’objectif fixé de zéro artificialisation nette dès 2030, l’instruction du gouvernement du 29 juillet 2019 relative à l’engagement de l’État en faveur d’une gestion économe de l’espace et l’abandon de projets symboliques comme Europacity sont là pour nous encourager à lutter contre ces projets délirants presque irréversibles. Il serait en effet très cher de déconstruire, de dépolluer et de renaturer (jusqu’à 400€/m² pour ces deux dernières étapes) les sols artificialisés. Autrement dit, la vision à très court terme de certains décideurs a une lourde incidence à très long terme sur l’état des milieux agricoles et de la biodiversité.
Parce que les citoyens ont le devoir de s’opposer à ces projets contraires à l’intérêt général, parce que la gabegie écologique, agricole et économique nous mène dans le mur, disons non à cette ZAC.
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