Pétition
548
signatures
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Auteur :
Auteur(s) :
Wahbi Jomaa
Destinataire(s) :
Elus à l'Assemblée Nationale Constituante de Tunisie
Même si les statistiques ne permettent pas d’évaluer précisément le nombre de Tunisiens binationaux, ceux-ci sont aujourd’hui très nombreux parmi les Tunisiens vivant à l’étranger et en Tunisie, nés de mariages mixtes (dont certains ont toujours vécu en Tunisie) ou nés dans un Etat accordant sa nationalité aux migrants et à leurs enfants nés sur son sol. Rappelons, en outre, que la loi tunisienne, comme c’est le cas dans plusieurs pays, ne permet pas à l’un de ses ressortissants de répudier sa nationalité, même s’il le souhaitait.
La Constitution de 1959, défigurée par Ben Ali, exigeait que tout candidat à la présidence de la République soit Tunisien de père et de mère depuis trois générations, tout en introduisant dans la loi l’interdiction pour les Tunisiens binationaux d’être membres fondateurs d’un parti politique. Ces restrictions particulièrement injustifiées en démocratie, dont l’objet non avoué visait sans doute à écarter de la scène politique certains Tunisiens risquant de menacer l’hégémonie de l’ancien dictateur, correspondent en droit à une notion bien précise : la discrimination.
Malheureusement et c’est avec beaucoup d’étonnement et de stupeur que nous avons vu lors du vote de l’article 8* de la loi organisant les pouvoirs publics que les élus du peuple ont encore écarté avec une majorité écrasante les tunisiens binationaux et les tunisiens issus de mariages mixtes. Pire encore, beaucoup d’élus se proclamant du camp progressiste se sont rangés dans le camp des discriminationistes.
Nous affirmons notre attachement absolu à l’égalité de tous les citoyens tunisiens et nous affirmons notre refus de toute forme de discrimination et de restriction des droits à tout citoyen tunisien. En ces journées de commémoration de la déclaration universelle des droits de l’Homme, nous voulons en être les fers de lance et nous souhaitons que la Tunisie affirme son attachement à ces valeurs.
L’argument des défendeurs de la position discriminatoire est celui de la protection de la nation tunisienne des influences étrangères. Elle ne peut plus être avancée dans une démocratie où le peuple élit le représentant qu’il juge le plus à même de défendre ses intérêts. Par ailleurs, notre histoire très récente montre que la pire malveillance pour notre peuple et notre nation peut être le fait d’un tunisien ayant une seule nationalité, né sur le sol tunisien, de père, de mère et de grands parents tunisiens.
Nous demandons solennellement à ce que chacun de nos élus s’engage personnellement à défendre, pour l’écriture de la nouvelle constitution, l’esprit de la déclaration universelle des droits de l’Homme et s’engage à refuser tout article proposé portant la moindre mesure discriminatoire.
* Article 8 : Le président de la république doit être tunisien de religion musulmane n’ayant pas d’autre nationalité et né de père et de mère tunisiens.
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