Monsieur le Ministre de l'Intérieur, Monsieur le Préfet de police de la Ville de Paris, Monsieur Arnaud Lagardère,
Nous apprenons que le Bataclan va accueillir le rappeur havrais Medine pour deux soirées, les 19 et 20 octobre prochain.
Nous demandons aux responsables de la programmation de la salle de reconsidérer leur décision.
Le Bataclan est maintenant plus qu'une salle de spectacle : c'est un lieu hautement symbolique, qui appartient à notre mémoire collective.
Qu'on ne le transforme pas en mausolée, qu'on y accueille l'art à nouveau, qu'on y fasse résonner la musique et la vie, y compris en hommage aux victimes, oui.
Mais pas au prix de la banalisation du lieu et de l'oubli.
Nous sommes unis, oui, mais pas avec n'importe qui.
Le rappeur Medine, dans des textes violents et provocateurs, joue en permanence sur les mots et les images, maniant l'ambiguïté des termes avec habilité, "djihad", crucifixion des "laïcards", "fatwa"....
Les clips et des images sont à l'avenant, sabres, symboles djihadistes, gestes d'égorgement, "gangs" menaçants. Les thématiques, guerre d'Algérie, "palestine", anti-laïcité, sont clairement porteuses d'un communautarisme belliqueux qui n'est pas sans impact sur la jeunesse.
Il prétend son message incompris et se dit pacifiste, soit.
Mais dans le même temps, à la ville, Medine est applaudi par un suprémaciste racial au Théâtre de la Main d'or de Dieudonné, dont il partage les "quenelles" antisémites. Il est présent aux "ya bon awards" en compagnie de H.Bouteldja du Parti Des Indigènes de la République dont les positions racialistes et anti-républicaines sont notoires.
Il est aussi et surtout un militant politico-religieux, membre actif et ambassadeur de l'association islamiste et prosélyte Havre de Savoir qui diffuse massivement la doctrine des Frères Musulmans, accueille des prêcheurs controversés tels Hani Ramadan. On trouve également sur le site du Havre de Savoir des vidéos de Moncef Zenati, se moquant des Yesidis et les accusant ouvertement d'être des adorateurs de Satan, et cela au pire moment de leur génocide.
Les terroristes du Bataclan se sont nourris d'une idéologie mortifère qui a sa face politique.
Nous ne pouvons cultiver l'ambiguïté et accorder une place à cette idéologie, en ce lieu même où elle a tué.
Ce n'est pas seulement un manque de respect absolu aux victimes et aux familles, une provocation insoutenable face au traumatisme collectif, c'est aussi un signal désastreux à envoyer à tous les sympathisants de Daesh.
Car peu importe l'intention, le symbole restera : le sabre de Daesh de retour au Bataclan. Et pourra être perçu comme un signe de faiblesse et un encouragement à la poursuite des attentats.
Il ne s'agit pas ici de censurer. La liberté d'expression est non négociable en France, nous y sommes attachés et, quelle que soit notre opinion sur l'oeuvre de Medine, nous respectons son droit à se produire dans toutes les salles de France.
Pas au Bataclan.
Alexis Deck, Conseiller Municipal EELV de la Ville du Havre.
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