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Pétition

Les écoles d’architecture n’ont pas peur de la cotutelle !

Les écoles d’architecture n’ont pas peur de la cotutelle ! Pétition
77 signatures
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Auteur :
Auteur(s) :
collectif ensa
Destinataire(s) :
A l'attention de Madame La Ministre de la Culture et de la Communication
La pétition
Les écoles d’architecture n’ont pas peur de la cotutelle !
APPEL DES ENSEIGNANTS ET CHERCHEURS DES ENSA
A MADAME LA MINISTRE DE LA CULTURE

Madame La Ministre,
Vous avez récemment affirmé l’absence de projet de cotutelle avec le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche sur les établissements d’enseignement du Ministère de la Culture, tout en n’excluant pas que ces derniers intègrent des communautés d’établissements dans une logique territoriale (Libération, 1 février 2013). Cette proposition va dans le bon sens. Toutefois les écoles dites « de la culture » ne peuvent être toutes confondues. Elles n’ont ni les mêmes histoires, ni les mêmes publics et visées pédagogiques (quoi de commun entre une école du cirque, de cinéma, et une école d’architecture ?), ni les mêmes fonctionnements et rapports à l’enseignement supérieur et à la recherche.
Parmi celles-là vous mentionnez pourtant les écoles nationales supérieures d’architecture pour lesquelles vous avez mis en place une concertation nationale qui touche maintenant à sa fin. Or aucune école d’architecture n’apparait parmi les signataires de la tribune du 25 janvier (Libération) à laquelle vous répondez avec Madame Fiorasio. Et pour cause, depuis de nombreuses années des voix s’élèvent de ces établissements pour précisément demander un rattachement et une véritable reconnaissance par le MESR, comme c’est le cas majoritairement en Europe. Cette question a d’ailleurs été remise en débat par de nombreuses contributions à la concertation nationale.
En effet les écoles d’architecture sont aujourd’hui dans une situation de « double contrainte » intenable. D’un côté les enseignants des écoles sont exhortés à faire de la recherche (prévue dans les missions des établissements), de l’autre ils n’en ont pas les moyens avec un statut de maître assistant (et non de maitre de conférences) qui non seulement ne prévoit pas cette mission mais n’aménage pas les conditions de travail équivalentes à celles de nos collègues universitaires. Alors qu’un enseignant en école d’architecture fait 320 d’heures d’enseignement, son collègue universitaire en fait 192. Pour autant les deux sont évalués par l’AERES sur les mêmes critères. Cette disjonction entre missions et statut est devenue intenable. Là encore c’est le message qui est majoritaire dans les contributions à la concertation. Celui sur lequel vous êtes, madame la Ministre, sans doute le plus attendue.
Sur un autre registre, celui de la « gouvernance », ce sont plus de 40 enseignants qui ont signé dans le cadre de la concertation nationale un appel à la refonte des modes de fonctionnement des écoles d’architecture, appelant à plus de démocratie et de collégialité et dénonçant, entre autres choses, l’opacité de fonctionnement de ces établissements due à leurs statut et modes de direction.
C’est un fait, les écoles nationales d’architecture ne sont plus aujourd’hui seulement des écoles d’architectes. Elles forment à une discipline et dispensent une pédagogie faite de l’apport de nombreux savoirs constitués (art, histoire, sciences sociales, droit, sciences de l’ingénieur…). Après quarante ans de recherche architecturale et urbaine s’est créé un espace d’échange des « sciences de l’architecture et de la ville » qui n’est pas réductible à la seule liturgie du projet et de la création comme voudrait le laisser penser les tenants d’une recherche dite « par le projet » et la « pratique » (pour exemple la charte AEEA).
Les écoles n’ont d’ailleurs pas démérité pour accepter de se réformer et organiser leur passage aux rythmes européens du LMD. De même leurs équipes de recherche constituées, en l’absence de statut, ont produit des savoirs qui circulent aujourd’hui dans le monde universitaire. Des laboratoires sont aujourd’hui établis et reconnus, des thèses de doctorat sont soutenues et dirigées. Les travaux sur les trajectoires sociales des diplômés d’architecture montrent que tous les diplômés issus de ces établissements n’exercent pas le métier d’architecte sous sa forme classique de la conception de bâtiments en agence, ce qui est souvent d’ailleurs le cas des femmes. De fait les écoles forment à des métiers et compétences diversifiés. Elles offrent un socle de connaissances large et pluridisciplinaire sur les questions liées à l’espace et à son aménagement qui est une force. Autrement dit, elles ont plus à voir avec l’enseignement supérieur et la recherche qu’avec une conception restreinte de l’exercice d’une profession qui à terme risque de limiter la capacité de repositionnement des diplômés et par voie de conséquence la diffusion de la culture architecturale dans les métiers et secteurs du cadre de vie.
Pour toutes ces raisons, les Ecoles Nationales Supérieures d’Architecture méritent de ne pas être traités seulement comme des écoles d’art. Elles sont aussi des lieux qui ont depuis longtemps largement engagé le dialogue avec l’enseignement universitaire supérieur et la recherche. Ne pas engager la réflexion sur les rapports à l’enseignement supérieur, sur le statut d’enseignant chercheur et les activités de recherche, sur le statut et le mode de gouvernance de ces établissements, reviendrait finalement à nier cette histoire et le travail des individus qui depuis maintenant de longues années travaillent au développement de ces établissements en assumant par exemple de développer des activités de recherche sans reconnaissance statutaire, en développant des partenariats avec les filières universitaires… Bref, en œuvrant à la construction d’une formation à l’architecture comme discipline ouverte, c’est-à-dire non réduite à une forme d’exercice du métier ou aux seuls beaux-arts.
La concertation que vous avez ouverte a suscité beaucoup d’espoirs. Toutefois, les premiers retours de cette dernière provoquent déjà beaucoup de défiance. Ainsi, dans l’entretien que Vincent Feltesse, rapporteur de cette concertation, a accordé à la revue Le Moniteur (24 janvier 2013) la question du statut d’enseignant chercheur est quasiment posée comme un non problème, tandis que s’esquisse une image des écoles d’architecture comme outils au service de collectivités territoriales sous la forme de contrats quadriennaux. Outre que cette idée est marginale parmi les contributions à la concertation elle suscite déjà une grande défiance de la part des enseignants et risque de diviser fortement les écoles avec d’un côté des écoles provinciales de territoire et de l’autre des établissements parisiens ouverts sur l’international.
Certes les écoles d’architecture peuvent contribuer au développement d’un territoire, mais elles ne peuvent être réduites à cela. Elles sont aussi des lieux de production de savoir et d’invention. Des lieux qui pour innover et inventer, produire de la connaissance et la transmettre, ont besoin d’un espace autonome, d’une liberté de discussion. Comme dans toute activité universitaire l’expression libre et critique doit non seulement y être autorisée mais la nature même de l’activité la suppose.
Enseignants et enseignants chercheurs des Ecoles Nationales supérieures d’architecture nous vivons notre activité comme un service public national selon la logique de l’enseignement supérieur et de la recherche publics. Nous effectuons un travail universitaire et attendons qu’il soit reconnu comme tel. En conséquence, nous vous appelons, Madame la Ministre, à saisir le moment de cette concertation nationale sur l’enseignement de l’architecture pour apporter des réponses à des questions trop longtemps laissées dans l’ombre par les gouvernements précédents : le statut des établissements, la gouvernance, le statut des enseignants et le rapport au Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Un beau chantier vous attend, Madame La Ministre, et si vous souhaitez vous y atteler vraiment nous serons là pour vous aider !
Liste des premiers signataires titulaires et contractuels (ordre d’apparition) :

Yankel Fijalkow, ENSA Paris Val de Seine
Amélie Flamand, ENSA Clermont Ferrand
Olivier Chadoin, ENSAP Bordeaux
Rainier Hodde, ENSA Lyon
Jodelle Zetlaoui, ENSA Paris La Villette
Bendicht Weber, ENSA Paris La Villette
Alexis Pernet, ENSA Clermont Ferrand
Chantal Callais, ENSAP Bordeaux
Isabelle Grudet, ENSA Paris La Villette
Patrick Perez, ENSA Toulouse
Noel Jouenne, ENSA Toulouse
Christophe Camus, ENSA Bretagne
Solenn Guevel, ENSA Paris Belleville
Anne Debarre, ENSA Paris Malaquais
Gilles Bienvenu, ENSA Nantes
Thierry Jeamonod, ENSAP Bordeaux
Xavier Wrona, ENSAP Bordeaux
Vincent Bradel, ENSA Nancy
Yannis Tsiomis, EHESS et Paris La Villette
Elisabeth Essaïan, ENSA Paris Val de Seine
Boris Welliachev, ENSA Paris Val de Seine
Catherine Deschamps, ENSA Paris Val de Seine
Martine Bouchier, ENSA Paris Val de Seine
Enrico Chapel, ENSA Toulouse
Amélie Nicolas, ENSA Nantes
Catherine Semidor, ENSAP Bordeaux
Patrick Yiu, Ensa Paris Val de Seine
Elise Roy, ENSA Nantes
Caroline Lecourtois, ENSA Paris La Villette
Thierry Ciblac, ENSA Paris La Villette
François Guena, ENSA Paris La Villette
Laurent Devisme, ENSA Nantes
Jean-Louis Violeau, ENSA Paris Malaquais
Serge Briffaud, ENSAP Bordeaux
Sylvie Salle, ENSA Paris Val de Seine
Marilena Kourniati, ENSA Paris Val de Seine
Isabelle Estienne, ENSA Bordeaux
Bernard Haumont, ENSA Paris Val de Seine
Patrice Cecarrini, ENSA Paris Val de Seine
Richard Klein, ENSA Lille
Véronique Biau, ENSA Paris Val de Seine
Isabelle Chesneau, ENSA Paris Malaquais
Nathalie Simonnot, ENSA de Versailles
Sabine Dupuy ENSA Normandie
Fréderic Bonneaud, ENSA Toulouse
Bruno Proth, ENSA Normandie.
Jean-Marie Billa, ENSAP Bordeaux
Frank Vermandel, ENSAP Lille
Kent Fitzsimons, ENSAP Bordeaux
Françoise Schatz, ENSA Nancy
André Vaxelaire, ENSA Nancy
Antoine Carolus, ENSA Nancy
Ioana Iosa, ENSA Paris La Villette
Didier Bur, ENSA Nancy
Hervé Gaff, ENSA Nancy
Estelle Thibault, ENSA Paris Belleville
Corinne Jaquand, ENSA Paris Belleville
Dominique Troisville, ENSA Clermont-Ferrand
Gérard Lami, ENSA Nancy
Damien Hanser, ENSA Nancy
Daniel Léonard, ENSA Nancy
Gilles Duchanois, ENSA Nancy
Guy Lambert, ENSA Paris La Villette
Xavier Dousson, ENSA Paris-Malaquais
Nicolas Depoutot, ENSA Strasbourg
Daniel Gross, ENSA Nancy
Ghislain His, ENSA Lille
Gérard Baudin, ENSA Marne La Vallée
André Lortie, ENSA Normandie
Annicka Julien, ENSA Normandie
Frédéric Bertrand, ENSA Paris Belleville
Raphaël Labrrunye, ENSA Normandie
Sabine Chardonnet Darmaillacq, ENSA de Paris Malaquais
Jean-Philippe Garric, Ensa Paris-Belleville
Guillemette Morel Journel, ENSA Marne-la-Vallée
Catherine Grout, ENSAP Lille
Xavier Dousson, ENSA Paris Malaquais
Pierre Pinon, ENSA Paris Belleville
Boris Roueff, ENSA Lyon
Bourlier Pierre, ENSA Paris Malaquais
Jean Lucien Bonillo, ENSA Marseille
Laure Heland, ENSA Paris La Villette
Michael Fenker, ENSA Paris La Villette
Géraldine Texier, ENSA Clermont Ferrand
Alessia De Biase, ENSA Paris La Villette
Isabelle Fass
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5 commentaires
Pierre - Le 19/02/2013 à 08:10:04
faute d'orthographe à corriger dans la pétition: Mme FIORASO et non pas FIORASIO!
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Arnaud - Le 28/02/2013 à 22:53:36
Arnaud Théval, ensap Bordeaux
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Hugo - Le 18/04/2017 à 20:25:08
Pour faire connaitre et reconnaitre l’existence et la pluralité de la recherche en architecture.
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