Ce 29 octobre, un appel solennel est lancé pour alerter sur la dégradation générale des protections des libertés académiques et du droit d’étudier en France.
Le Sénat, cette nuit, à l’occasion des discussions sur la loi de programmation de la recherche, a confirmé en tout point les craintes qui avaient motivé la rédaction de cet appel mardi 27 octobre 2020. Avec le vote des sénateurs et des sénatrices, les atteintes portées aux libertés académiques sont sans précédent, avec, d’une part, la mise à l’écart de l’instance nationale élue et collégiale, le Conseil national des universités assurant la représentation propre et authentique des enseignant·es-chercheur·ses, dans le recrutement de l’intégralité des professeur∙es des universités, et une partie des maîtres∙ses de conférences. Autre disposition outrageante, les parlementaires ont soumis, pour la première fois dans l’histoire de l’université française, des libertés académiques à des valeurs politiques, formulées en termes très vagues. Ce qui s’est passé cette nuit au Sénat est ce qu’a connu de pire l’enseignement supérieur et la recherche depuis très longtemps.
Cela confirme l’importance de l’appel initié par l’équipe de rédaction d’Academia, carnet de veille et d’analyse des conditions d’emploi dans l’enseignement supérieur et la recherche, désormais porté par plus de 72 revues de recherche, et un nombre important de sociétés savantes, de collectifs et de syndicats, dont les soutiens ont été réunis en moins de quarante-huit heures.
Les signataires de cet appel dénoncent la très grande diversité des signaux manifestant l’érosion accélérée, ces dernières semaines, des libertés académiques en France. Ils évoquent en particulier la loi de programmation de la recherche, bien sûr, mais aussi les propos du ministre de l’éducation nationale sur les « complicités intellectuelles du terrorisme », la nomination d’un conseiller du président de la République à la tête du Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, sans oublier la très grande précarité des conditions de travail dans les établissements d’enseignement et de recherche que l’épidémie met tout particulièrement en lumière. Ils s’inquiètent, en outre, du contenu des dispositions concernant l’enseignement supérieur et la recherche susceptibles d’être inscrites dans le projet de loi sur les séparatismes, ainsi que de la résurgence de discours remettant en question le droit des hommes et des femmes à étudier – indépendamment de toute considération vestimentaire – dans les universités françaises.
L’adoption de mesures portant gravement atteinte aux libertés académiques, de manière inopinée, rend indispensable et urgente la diffusion la plus large de cet appel.
L’équipe de rédaction d’Academia appelle les sénateurs et les sénatrices, qui se réunissent à nouveau ce jeudi 29 octobre et ce vendredi 30 pour discuter du projet de la loi de programmation de la recherche, à revenir sur ces décisions funestes pour l’enseignement supérieur et la recherche.
Elle appelle en outre tous les signataires de l’appel solennel pour la protection des libertés académiques et du droit d’étudier à le diffuser le plus largement possible, et à encourager le plus grand nombre de personne à manifester son soutien à cet appel en signant le texte à titre collectif ou individuel.
Texte de l’appel : https://academia.hypotheses.org/27287
(in English): https://academia.hypotheses.org/27424#Solemn
Premiers signataires : https://academia.hypotheses.org/27287#Soutiens
Pétition de soutien : https://www.mesopinions.com/petition/politique/enseignement-superieur-recherche-appel-solennel-protection/111627
Communiqué de presse : https://academia.hypotheses.org/27418
Press release: https://academia.hypotheses.org/27424
Contact pour les soutiens institutionnels/ for institutional support: academia_redaction@groupes.renater.fr
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