Lettre Ouverte à l'attention de Monsieur Philippe Bodard , Maire de la Commune de Murs Erigne (Maine et Loire)

Monsieur le Maire,

C’est avec un sentiment de surprise mêlé de consternation que, Nous, Collectif des maliens d'Angers et des amis du Mali, Collectif des Maliens pour la Paix, Collectif pour l’unicité, la laïcité et la démocratie au Mali ,et des dizaines de citoyens Maliens de la diaspora en France, avons appris l’invitation, à votre initiative, du criminel de guerre Mossa Ag Assarid pour animer une conférence, au moment où les troupes françaises sont engagées aux côtés de notre armée, pour mettre fin à l’horrible agression contre notre pays perpétrée par des hommes sans foi ni loi dont fait et tire parti Mossa Ag Assarid à des fins scissionnistes à velléité indépendantiste.

Même si la liberté d’expression est l'une des premières libertés politiques et plus généralement l’une des premières libertés fondamentales, les restrictions telles que la calomnie, la diffamation, l’incitation à la haine, à la violence et au racisme lui sont judicieusement et strictement opposables. Votre intention se veut peut-être noble, mais en envisageant de donner la parole à des gens qui se sont rendus, par le biais de leur mouvement ce MNLA, coupables de crimes inqualifiables, avez-vous eu un tant soit peu à l’esprit, ces mères éplorées et ces épouses inconsolables qui ont vu une centaine de leurs enfants ou époux froidement égorgés au couteau, à l'arme blanche dite à la méthode Al-Qaïda, ce jour du 24 janvier 2012 à Aguelhok?

En donnant l’occasion à Mossa Ag Assarid de cracher une fois encore son venin sur ce pays meurtri, êtes-vous persuadé que vos innocents administrés qui feront peut-être le déplacement, auraient accepté d’être à la place des centaines de parents victimes des viols au Nord du Mali, pendant que les lugubres acolytes de Mossa Ag Assarid occupaient par la force des armes le Nord du Mali et que lui-même s’en réjouissait impudiquement depuis son domicile angevin ?

En offrant tribune libre au Porte-parole du MNLA, vous lui permettez de propager sa propagande faite d'intoxication, d'entreprises de déstabilisation et de pourrissement dans ce pays. Avez-vous la moindre idée des cris déchirants de ces jeunes filles, épouses, mères de toutes les ethnies entraînées de force dans la nuit noire pour se voir infligées (infliger) le plus grand des outrages ? Avez-vous pensé à l’avenir de toutes celles à peine sorties de l’enfance qui se sont vues voler leur virginité de cette horrible façon ? Vous, élu du pays des Droits de l’Homme, du drapeau de la Liberté, Egalité, Fraternité, avez-vous pensé à cela ?

Il est impérieux que vous sachiez qu’un de vos conférenciers, est l’un des commanditaires de ces crimes odieux. En effet, le MNLA n’a pas hésité un seul instant à s’allier avec des criminels dijahadistes et terroristes pour perpétrer des exactions et des sévices attestés, semant ainsi la mort sur leur passage, pour des intérêts mercantiles, opportunistes et mafieux.

Nous ne vous en voulons pas de l’avoir invité. Tout comme ne sauraient vous en vouloir les orphelins martyrs d’Aguelhok qui ont vu leurs parents tués à coup de pierres sous leurs yeux pour avoir été unis selon les rites traditionnels et non selon la loi islamique de leurs bourreaux. Tout comme ne sauraient vous en vouloir ces milliers d’hommes et de femmes de Gao, Tombouctou, Kidal et toutes ces zones assiégées, privés de la plus petite liberté. Tout comme ne vous en voudront sûrement pas vos administrés que vous vous apprêtez à embarquer dans une hypothétique danse de sorciers. Non, nous ne saurions vous en vouloir, parce que vous ne saviez pas ! Et vous ne pouviez pas savoir car nul n’est à l’abri de la tromperie, de la roublardise et de la duplicité de cet homme et (de) ses complices ! Car Mossa Ag Assarid est un loup qui se présente à vous sous la peau d’un agneau. Mais heureusement pour le Mali, les bandits du MNLA ne sont pas nombreux et comme la grenouille de la Fable de La Fontaine, qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, ils auront une fin pitoyable.

Désormais vous savez. Vous ne pouvez ignorer que les mains de Mossa Ag Assarid sont souillées de sang : du sang des Maliens et Maliennes de toutes origines, souillées du sang de votre compatriote Damien Boiteux mort pour la France au Mali, mort pour que les tous Maliens, dans leur ensemble, retrouvent la paix et la liberté ! Désormais que vous savez, êtes-vous toujours résolu à vous rendre complice d’une telle forfaiture ? Pensez-vous le porte-parole du MNLA toujours digne de s’exprimer devant vous et vos administrés ? Permettez-nous d’en douter, à moins que vous ne nourrissiez des ambitions cachées et ayez d’autres motivations que celles affichées pour l’organisation de cette conférence.

Cette conférence, si vous y tenez toujours, peut bien avoir lieu aux dates, heures et salles indiquées sans que personne ne trouve rien à redire. Mossa Ag Assarid et la vingtaine de personnes qu’il représente, sont de « gentils » terroristes responsables, assumant leurs forfaits sans se cacher derrière le refrain « ce n’est pas nous, c’est eux ». Sincères, ils ne diront jamais que tout est la faute du Mali - de l’avenir duquel vous souhaitez qu’ils parlent. Vous pourrez donc les interroger librement sur les crimes et exactions dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal qui ont glacé d’effroi les âmes bien pensantes de par le monde, depuis leurs premières attaques armées et leur idylle avec les fous de Dieu d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique.

Il est évident que lors de cette conférence, votre protégé n’admettra pas avoir proclamé l’indépendance d’un État imaginaire sur une partie du territoire malien. Que pourrait-il dire du Mali alors même qu’il ne se reconnaît pas comme citoyen de ce pays ? Vous avez pourtant de vrais citoyens Maliens dans votre commune. Nous osons croire que vous n’ajouteriez pas l’injure à la blessure. Le Mali ne mérite pas un tel mépris car il a vécu sous le joug terroriste et a ressenti cette violence dans sa chair, dans son âme, dans le viol de sa conscience et de ses femmes. Comme toutes les sociétés de culture, c’est un pays de tolérance, d’humilité, d'hospitalité et de paix comme l’a rappelé notre Président de la République. Mais connaissez-vous seulement le Mali autrement que par la voix de ses ennemis, ses détracteurs et acolytes?

Permettez-nous donc de vous saluer respectueusement en partageant ce dicton touareg : « Mieux vaut voir qu'entendre parler. »