Pour un maintien de la semaine de 4,5 jours à l'école Simone Veil de Montauban de Luchon

Nous apprenons avec surprise, par le biais du cahier de liaison de nos enfants qu’il a été décidé un changement du rythme scolaire pour l’école Simone Veil, à Montauban de Luchon, avec un passage à 4 jours hebdomadaires, dès la rentrée prochaine.

Nous, parents d’élèves de l’école, n’avions pas été informés au préalable de le tenue de ce débat. Sachant que cette décision doit être votée au Conseil d’école extraordinaire du 16 décembre prochain, nous voulons faire savoir que nous ne sommes pas d’accord avec ce choix pour différentes raisons :

- Des journées trop chargées et une coupure délétère

Le premier élément à prendre en compte concernant le passage à 4 jours par semaine est bien sûr la plus grande amplitude horaire d’une journée d’école. Toutes les études sur le sujet, notamment en chronobiologie, attestent que les matinées sont bien plus propices à la concentration que les après-midi et que le temps scolaire devrait être étalé sur la semaine.

Pour Claire Leconte, par exemple, chercheuse en chronobiologie, et professeure émérite en psychologie, « il y a une méconnaissance totale de l’importance du temps du matin. En supprimant une matinée dans la semaine, on pénalise l’ensemble des élèves et, plus particulièrement, ceux qui sont déjà en difficulté. Les journées sont trop longues, trop chargées, alors que les apprentissages ont besoin d’être étalés pour être bien intégrés ». Dans ces conditions, difficile d’imaginer que les apprentissages soient efficaces en fin de journée, notamment entre 16h et 17h, quand la fatigue se fait sentir.

De plus, il apparaît très clairement que la coupure en milieu de semaine est néfaste pour les enfants. Certains seront tentés de veiller plus tard le mardi soir, créant un décalage des heures de sommeil, particulièrement délétère, notamment pour les plus petits. Difficile ensuite de retravailler le jeudi matin. Claire Leconte relève aussi que « la semaine de quatre jours entraîne souvent une irrégularité des heures de coucher, ce qui dérègle le rythme veille-sommeil essentiel à cet âge ».

- Un jour de repos dans la semaine, vraiment ?

Si l’argument principal repose sur une journée supplémentaire de repos pour les enfants, il s’agit là d’un leurre. En effet, une grande majorité des parents d’élèves travaillent le mercredi, ce qui obligera les enfants à fréquenter le centre de loisirs. Or, dans notre canton, beaucoup sont artisans, commerçants, soignants, gendarmes… avec des horaires très matinaux et/où tardifs ce qui créera des journées extrêmement lourdes et des semaines bien plus fatigantes pour les élèves.

De plus, il faut tenir compte de la spécificité de notre territoire qui n’a plus de locaux dédiés à l’ALSH, et qui occupe depuis plusieurs années les bâtiments de l’école maternelle de Luchon. Quelle belle journée de repos et de rupture pour nos enfants !

- La semaine de 4 jours accentuent les disparités sociales

On peut voir, il est vrai, l’aspect positif d’une semaine de 4 jours pour des enfants qui auront la chance d’aller à la bibliothèque, de faire des activités avec leurs grands-parents ou de bénéficier de nouvelles activités périscolaires. Pourtant, il faut aussi prendre en considération la situation d’enfants qui n’auront pas cette possibilité.

En effet, et cela s’est déjà vu dans d’autres secteurs, sans école le mercredi, certains enfants resteront à la maison, parfois seuls, souvent devant des écrans la journée entière. À ce titre, un retour à la semaine de 4 jours deviendra un instrument supplémentaire de disparités sociales, qui à l’heure actuelle, n’ont vraiment pas besoin d’être creusées davantage.

- Un projet éducatif de territoire concerté et efficace mis au rebut

Enfin, avec la réforme de 2013, portant la semaine scolaire à 4,5 jours, notre territoire a du construire un projet éducatif, qui s’avère être aujourd’hui bien pensé et porté par des équipes extrêmement motivées. Ces acteurs ont su s’adapter aux attentes des parents mais surtout celles des enfants, renouvelant sans cesse leurs propositions, pour le bonheur de tous. Avec bienveillance et beaucoup d’organisation, ils ont su développer des activités complémentaires à celles des enseignants, en utilisant les infrastructures présentes sur notre territoire (piscine, vélo…), assurant un rôle indéniable d’éducation, et de transmissions de valeurs humaines de respect et de partage.

Tout cela sert souvent de support pour les parents et les enfants, à des rencontres conviviales, qui participent à une ambiance chaleureuse devenue désormais nécessaire. Nous ne pouvons pas croire que ce travail de concertation et tous ces projets soient balayés d’un revers de la main, sans tenir compte de l’efficacité de nos animateurs, qui seront en partie cantonnés dans un rôle de « garderie », alors que leurs compétences sont toute autre.

- Tout à réorganiser

Il convient également de mesurer que tous les temps d’accueil, de cantine, de transports scolaires devront être réaménagés, avec la difficulté de permettre aux enfants de s’adapter à de nouvelles contraintes, d’avoir suffisamment de temps pour manger, se reposer, jouer, sans pression, ni stress. Nous savons déjà que la salle de restauration est saturée et qu’il faudra mettre en place deux services. Alors qu’il y a de fortes chances que la pause méridienne soit raccourcie en raison des nouveaux horaires, peut-on imaginer que les enfants pourront prendre leur repas sereinement ?

Nous espérons Mesdames, Messieurs, que vous comprendrez à la lecture de ces arguments, que nous ne sommes pas « d’irréductibles Gaulois » réfractaires au changement. Nous vous invitons à mettre en parallèle aux nôtres, les arguments favorables à la semaine de 4 jours. Vous verrez qu’il s’agit bien souvent de satisfaire le confort de certains adultes.

Or, notre seul moteur doit être l’intérêt supérieur des enfants afin d’assurer un enseignement de qualité, dans les meilleures conditions possibles, en tenant compte du principe d’Egalité qui doit être une priorité de notre École. Nous ne pouvons pas comprendre qu’une volonté politique « d’uniformiser » les pratiques suffise à ignorer ces principes. Aussi, nous espérons qu’ensemble, vous aurez le courage de maintenir l’organisation actuelle et que vous pourrez donner à notre école, les moyens de continuer de fonctionner, dans le respect des valeurs qui devraient tous nous animer.