Madame Buzyn,
Chaque année, nous sommes des milliers de femmes atteintes d'un cancer du sein.
Un cancer du sein, c'est :
- une destruction physique (parfaitement prise en charge)
- une destruction psychologique (que l'on minimise)- une atteinte à notre intégrité corporelle (que l'on minimise). C'est un chamboulement, une perte de repères avec soi-même et une grande souffrance.
Chaque année, des femmes se battent, se mobilisent pour se soutenir.
Madame Buzyn, Trouvez-vous normal que 25% des femmes ne souhaitent pas se faire reconstruire le sein pour des raisons financières. Elles choisissent alors généralement de porter des prothèses externes amovibles en silicone. Il y a là aussi des restes à charge importants, d’un montant annuel moyen de 256 euros. Pour celles qui choisissent la chirurgie réparatrice avec la pose d’implant mammaire, la facture est généralement bien plus élevée. En moyenne 1 391 euros (dépassement d'honoraires du chirurgien....)
Trouvez-vous normal que, sortie de l'hôpital, je m'entends dire "ah, la brassière obligatoire ne vous est pas remboursée, car c'est un
acte classé dans une nomenclature des années 50 : "esthétique". Nous sommes des milliers à ne pas avoir souhaité ce cancer.
Nous sommes des milliers à ne pas avoir souhaité cette brassière.
Nous sommes des milliers de femmes à payer des frais non remboursés liés à notre pathologie.
Nous sommes des VICTIMES D’UN CANCER !
Madame Buzyn,
Savez-vous que cette question de prise en charge était déjà posée en 2002 :
Question écrite n° 00859 de M. Didier Boulaud (Nièvre - SOC) publiée dans le JO Sénat du 18/07/2002 - page 1626
"M. Didier Boulaud appelle l'attention de M. le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées sur les conditions de remboursement des traitements du cancer du sein. Lorsqu'une femme est victime d'un cancer du sein, son traitement doit être remboursé intégralement par la sécurité sociale. Toutefois, des éléments indispensables et complémentaires aux soins apportés pour lutter contre la maladie ne sont pas pris en compte dans le système de remboursement : prothèse mammaire, prothèse capillaire, une partie de l'intervention chirurgicale (même si le praticien est conventionné), soutien-gorge spécifique. Or, il est reconnu par le corps médical qu'un soutien et un bien-être psychiques sont essentiels pour optimiser la guérison de ce type de pathologie. Il lui demande donc quelles décisions il compte prendre pour améliorer la prise en charge de ces éléments souvent complémentaires au traitement dans la guérison du cancer du sein et soutenir ainsi les malades dont les moyens financiers sont insuffisants pour en bénéficier.
Madame Buzyn,
En qualité de femme et de ministre, merci de devenir celle qui va nous soutenir et aider des milliers de femmes à se retrouver psychologiquement et à se réconcilier avec leur image corporelle.