Le « Ségur de la Santé » a pu donner l’image d’une revalorisation généralisée de l’ensemble des professions de santé. Si les paramédicaux ont effectivement bénéficié d’une revalorisation bien méritée, le gouvernement a laissé quelques trous (délibérés ?) dans la raquette.
En effet, les médecins du secteur Privé Non Lucratif (PNL), soit environ 14 300 praticiens (sur environ 225 000 médecins en France), ont été « oubliés ». A priori délibérément vu le silence obstiné du Ministre de la Santé aux appels de leurs représentants syndicaux depuis 6 mois.
Qu’est-ce que le secteur « privé non lucratif » ? C’est un des trois modes d’exercice de la médecine en France (avec le secteur public hospitalier et le secteur libéral). Il « pèse » environ 19% des lits d’hospitalisation complète, 5% des lits de réanimation, 15% des emplois hospitalier, 25% des EHPAD, répartis dans 682 hôpitaux. À Lyon, le secteur PNL comprend notamment le Centre Léon Bérard, l’Hôpital St-Joseph-St-Luc, l’Hôpital St-Jean de Dieu. En France, il comprend des établissements de réputation internationale tels l’Institut Gustave Roussy, l’Institut Curie, l’hôpital St-Joseph, l’hôpital Montsouris, l’hôpital Foch, …
Ce sont tous des établissements de droit privé mais avec une mission de service public (garantie d’accès aux soins, permanence et continuité des soins pour tous). Parmi les éléments distinctifs du secteur PNL, on relève l’exercice salarié de la médecine, sans dépassement d’honoraire ni activité libérale (alors que c’est autorisé aux médecins du secteur hospitalier public).
En revalorisant de façon substantielle (+15 à 20%) les praticiens hospitaliers publics, en la refusant aux médecins PNL assurant pourtant le service public, le ministère introduit une distorsion salariale majeure dans l’équilibre entre les secteurs public et privé non lucratif. À court terme, les établissements PNL vont rencontrer des difficultés considérables à renouveler et fidéliser leurs effectifs médicaux puisqu’ils seront devenus le mode d’exercice médical le moins attractif. Des départs vers les secteurs public ou libéral sont probables.
Que fait un hôpital qui ne peut plus recruter ni fidéliser de talents médicaux ? Il décline progressivement, il perd en qualité de soin, il se vide de ses compétences. En persistant à revaloriser sélectivement les médecins du seul secteur public, le gouvernement ne peut pas ignorer (nos organisations syndicales le lui ont écrit) qu’il condamne à court terme de nombreux établissements, dont des fleurons de la médecine française. Et parmi eux les Centres de Lutte Contre le Cancer, dont l’excellence est régulièrement consacrée par la presse française voire internationale.
L’ensemble des organisations syndicales du Centre Léon Bérard (et certaines au niveau national) commencent à comprendre le piège que le ministère met en place pour assécher le secteur PNL. Quand on manque d'infirmières, d'aides-soignants, de manipulateurs, …, on ferme des lits ou des vacations. Mais quand on manque de médecins, on ferme des services voire l'hôpital ! Même les personnels paramédicaux ont compris que la pérennité de leur établissement passait par une juste revalorisation de leurs médecins.
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